Rencontré à la faveur de son premier vernissage baptisé «ineffable», qui a lieu du 6 au 23 décembre à l’Institut français du Gabon, le graphiste Corail King décrit à Gabonreview son univers artistique sans norme, peint de blanc et de noir dans lequel il appelle à la protection de l’environnement et la sauvegarde des cultures.

Le jeune graphiste Corail King, le 6 décembre 2017. © Gabonreview

 

Gabonreview : Qui est Corail King?

Corail King : Corail King est un jeune graphiste de 24 ans qui vit à Libreville au Gabon. C’est un artiste qui n’évolue que dans du noir et blanc, ayant déjà orienté son style de combat artistique qui est la protection de l’environnement : la culture, la faune et la flore. À cet effet, Corail King a développé un style de dessin qu’on appelle Analphabète style qui n’obéit à aucune norme et règle. C’est par ce style que je tente de défendre ce qui se dit sans être vu.

Les invités au vernissage «ineffable» du graphiste Corail King, le 6 décembre 2017. © Gabonreview

À quoi renvoie l’Analphabète style?

L’Analphabète style est reconnu à travers l’homo-tissage des mots d’abord, le mélange de cultures à travers la direction artistique des œuvres que je réalise ensuite. Parmi dix mille œuvres, vous saurez reconnaître l’Analphabète style.

Vos œuvres sont représentées par des animaux, des masques, mais également des ordures.

Mes œuvres sont d’abord orientées et c’est comme ça que je conçois ces œuvres dans ma tête. Et parce que mon combat n’est axé que dans la protection de l’environnement. Mes coups de crayon se veulent être un plaidoyer pour la promotion des cultures et traditions gabonaises, ainsi que pour la protection des espèces animales en voie de disparition. Je ne déroge pas à cette vision dans laquelle je me suis inscrit.

Ordure, peut-être oui, peut-être non car, ne dit-on pas que la beauté est dans l’œil de celui qui regarde? Celui qui regarde la forme voit l’ordure, mais celui qui va dans le fond, voit autre chose. Je crois qu’on ne parlera plus du fond que de la forme. J’essaye de rester authentique et original.

Les invités au vernissage «ineffable» du graphiste Corail King, le 6 décembre 2017. © Gabonreview

Quelle est la thématique consacrée à ce vernissage?

Ce vernissage s’appelle Ineffable, parce que nous sommes de la tradition orale. Ils vont te dire, je ne défie pas, j’édifie: «au commencement était la parole» moi, je ne pense pas. Moi, je peux vous dire qu’au «commencement était le silence» parce qu’il y a d’abord un silence avant d’avoir la parole.

Pour moi, il y a d’abord le monde ineffable, ce monde où il n’y a pas de mots avant d’avoir des mots. C’est dans ce monde sans mot, où rien ne peut être exprimé par le langage en raison de la transcendance de la réalité qui dépasse l’homme, que moi, je vais puiser mon inspiration, pour ramener les mots pour des gens qui ont envie d’avoir des mots. C’est un langage plus ancien que les mots. Corail King est un porte-parole des sans voix.

Pour la réalisation d’une œuvre, il faut à Corail King combien d’heures ou de jours?

Corail King est un artiste qui ne travaille pas en fonction de temps. Je travaille en fonction de l’imagination, de l’influence que mon esprit peut avoir sur moi-même. Celui qui vous parle du temps est un homme d’affaires, or moi, je suis un artiste, pas un homme d’affaires. Je suis plus occupé à passer un message.

. © Gabonreview

Quel est ce message?

Il s’agit pour moi de dire aux gens que nous sommes presque au bord du vide. Nos traditions disparaissent et personne ne lève le petit doigt. Nos forêts disparaissent et personne n’en parle.

Petit rappel, il y a la ville de Bilbao qui se situe en Espagne qui a été bombardée autrefois. Mais, la seule chose qui a pu réconcilier les gens fut l’implantation du musée de Guggenheim qui a réussi à concilier les mentalités et les points de vue des populations. Moi, ma vision est que mon art parvienne à faire prendre conscience à mes pères, mères, frères et sœurs africains, sur la nécessité de protéger la nature et de sauvegarder les traditions.

 
GR
 

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