À quoi bon être ministre si on n’est pas capable de résoudre les problèmes relevant de son secteur ? Au regard de l’illisibilité des actions des ministres gabonais et leur manque d’effet sur la vie des populations, Abslow, le chroniqueur de GabonReview, compare la situation avec la France où les ministres, des professionnels compétents, sont dévoués au bien-être de leurs concitoyens. Des problèmes récurrents non résolus depuis des décennies, tels que l’état des infrastructures routières ou les dégâts causés aux plantations par les animaux sauvages, sont à la base de ce questionnement.

© Gabonreview

 

Au regard de l’illisibilité de l’action de notre gouvernement et son manque d’effet sur la vie des gabonais, il y a de quoi se poser cette question. Quel travail font nos ministres au juste ? J’ai toujours pensé que la fonction de ministre était la récompense ou l’aboutissement d’un parcours professionnel exemplaire et jalonnée de performances qui se traduisent par des résultats concrets attestant de compétences avérées et d’une grande conscience professionnelle.

En tout cas, c’est l’image que me renvoie cette fonction dans les pays qui nourrissent l’ambition de se hisser au rang des pays développés ou à défaut d’y demeurer. La France par exemple, puisqu’elle est la nation qui nous inspire le plus dans nos modes de gestion et de gouvernance, est un bel exemple, à travers le miroir de ses ministres, de capitalisation de compétences qui en font un pays toujours enviable en dépit des fortes contestations sociales de ces dernières années.

Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, la France demeure un modèle de développement enviable par la qualité de ses infrastructures, la fiabilité de son système de santé et de sécurité sociale, le rayonnement de sa culture et l’efficacité de sa diplomatie… qui se bonifient sans cesse avec pour seul et unique crédo, le bien-être des français au service exclusif desquels s’inscrit l’action des gouvernants au premier rang desquels les ministres.

A les voir travailler, on perçoit une farouche volonté de réussir, mêlée à une obligation de résultats. Ils consacrent toute leur âme à honorer et relever leur fonction qui consiste ni plus ni moins à améliorer la vie de leurs compatriotes. Leurs actions, leurs décisions, leurs implications qui révèlent leur grande ambition convergent vers ce seul objectif. Et les effets conjugués de cet état d’esprit se manifestent dans la transformation visible et palpable du cadre et de la qualité de vie des français.

Mais à quoi donc travaillent nos ministres pour que nos vies soient, au quotidien, un peu plus difficiles ? Petite anecdote, entre décembre 2022 et avril 2023, je suis allé 3 fois à Oyem et pendant ces 3 voyages, j’ai été coincé sur le pont d’Ebel Abanga par un poids lourd ayant perdu sa cargaison de bois ou de marchandises diverses, du fait de l’état de délabrement avancé dudit pont, faisant de sa traversée une opération à très haut risque. Et ça fait des années que ça dure.

A quoi travaillent les ministres des TP de mon pays s’ils ne sont pas capables de résoudre ce problème datant de plus de 20 ans ? Ce pont hérité de la coloniale est malgré tout debout et continue de rendre de bons et loyaux services. Pourquoi n’y remet-t-on pas une simple couche de bitume pour faire disparaître les dos d’âne et les nids de poule qui l’ont transformé en un rodéo pour voitures ? Si seulement c’était le seul point noir, mais cette situation se répète sur tout le linéaire de la RN2.

Ce n’est pas mieux dans les autres secteurs. Par exemple, la question lancinante de la dévastation des plantations par les pachydermes et autres animaux, est aussi d’actualité depuis plus de 20 ans. Les victimes de ces dégâts s’en plaignent sur toute l’étendue du territoire sans qu’aucune solution viable soit trouvée. On demeure depuis 10 ans dans l’incantation, au nom de la sacro-sainte protection de l’espèce. Que font donc quotidiennement à leur bureau les différents ministres des Eaux et Forêts ? Ils traitent certainement des utopiques crédits carbone ?

Et il en va ainsi de tous les ministères. Des problèmes éternels qui subsistent depuis Mathusalem et dont on ne trouve aucun début de solution. Des ministres, mieux, des gouvernements peuvent-ils continuer à être en place s’ils ne peuvent résoudre des problèmes qui contribuent au bien-être et au bonheur de leur peuple ? Que dire et penser alors de ces gouvernements successifs qui laissent prospérer ces sempiternels problèmes qui minent la vie des populations ?

Il faut qu’on se pose cette question à un moment donné. À quoi s’occupent les ministres des Transports depuis la mort d’air Gabon pour ne pas être capables de créer une nouvelle compagnie aérienne au service des gabonais ? Que font les ministres de l’Enseignement supérieur pour ne pas être capables de restaurer nos universités au bénéfice de nos étudiants ? A quoi s’occupent les ministres des Affaires sociales pour ne pas être capables de réformer la CNSS et la CNAM-GS au bord de la faillite ?

De deux choses l’une, ou nos ministres préfèrent le confort et le luxe des avantages liés à leurs fonctions respectives, ou ils ne disposent réellement d’aucun pouvoir de persuasion et surtout de décision. Parce qu’être incapables depuis tant de temps de résoudre les urgences qui s’imposent à toute une nation et qui étranglent la vie de vos compatriotes, relève au mieux du laxisme et au pire du machiavélisme. Mais alors, à quoi bon être ministre si on n’est pas capable de résoudre les problèmes relevant de ce secteur ?

Malgré le travail dont ils se gargarisent, pourquoi les gabonais ont-ils le sentiment que rien ne bouge autour d’eux et que leur qualité de vie continue obstinément de se dégrader ? Les routes se dégradent, les chemins de fer se dégradent, les écoles se dégradent, les hôpitaux se dégradent, les voiries urbaines se dégradent, l’administration se dégrade… Tout tombe en ruine pendant que l’inflation s’installe paradoxalement. Face à tout cela, je me demande vraiment à quoi travaillent nos ministres ?

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonsoir,

    Pablo Picasso disait que « la simplicité ne se décrète pas, elle se construit ». Votre article se mesure par sa simplicité (clarté). Une question la résume: A quoi servent nos ministres? La question est pertinente. Et l’image qui accompagne le texte est comme une peinture abstraite voire surréaliste. Cette photo montre à elle-même la performance de notre système de gouvernance (depuis des décennies) comparativement à d’autres pays de l’OCDE. Vous avez cité la France. Un artiste français disait: « Nous n’avons pas le pétrole, mais nous avons des idées ». Il résume parfaitement la situation. Récemment, un article de GabonReview présentait une statistique brute: 7 ministres du Woleu-Ntem au gouvernement de la république gabonaise. Privilège ou curiosité? Une question: vont-ils être capables d’influencer la politique gouvernementale pour bitumer cette route? La lutte contre la vie chère est un sujet qui a été débattu sur cette plateforme. Nous en avons conclu qu’il était nécessaire d’investir dans les infrastructures routiers notamment pour favoriser l’offre nationale en plus d’alléger la fiscalité sur la consommation. Il faudrait peut-être un jour que nos ministres passent un grand oral télévisé pour expliquer aux gabonais(es) ce qu’ils font exactement. A une certaine époque, on appelait ça: Les Dossiers de la RTG. Un seul rapport n’est pas suffisant. C’est l’arbre qui cache la forêt.

    Cordialement.

  2. udfr dit :

    A quoi servent-ils ? la réponse est simple : à rien..

    hormis toucher leur salaire. mélange d’incompétence, de manque de courage, d’initiative etc…pourtant les problèmes sont nombreux et identifiés.

  3. Shaq Hilaire dit :

    Très belle présentation de la problématique ! Bravo à toi !
    Maintenant qu’ils ont lu cet article, pourront ils se faire une remise en cause ? Attendons voir !!!

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