Démocratie et tolérance : «Chassons tous les PDGistes !», le plaidoyer de Biko’o Moussavou

L’interdiction faite à Alain-Claude Bilie-By-Nze de tenir des meetings politiques dans le Woleu-Ntem a ravivé le débat sur la tolérance et le pluralisme politique au Gabon. Béotien politique à la limite, Marcel Biko’o Moussavou, soutien inconditionnel du général Oligui Nguema, mais attaché aux principes démocratiques, a dénoncé cette décision dans un message percutant sur Facebook. À travers une réflexion un brin satirique, il met en garde contre les dérives d’une exclusion politique ciblée et appelle à un respect des règles démocratiques, afin d’éviter de reproduire les erreurs du passé.

Marcel Biko’o Moussavou : «Si nous en voulons aux anciens dirigeants du système déchu, nous devons en vouloir à tous, et même à nous-mêmes, et non à un seul.» © GabonReview
L’interdiction faite à Alain-Claude Bilie-By-Nze (ACBBN) de tenir des meetings politiques dans le Woleu-Ntem continue de soulever des interrogations sur l’état de la démocratie gabonaise. Marcel Biko’o Moussavou, activiste politique local et soutien du général Brice Clotaire Oligui Nguema, a étonné par sa prise de parole, sur Facebook, pour critiquer cette interdiction.
Pas connu comme un penseur ou un cerveau de la galaxie politique gabonaise, Biko’o Moussavou s’est récemment illustré par une grève de la faim, entreprise avec deux autres personnes, afin de contraindre le général Oligui Nguema à se porter candidat à l’élection présidentielle. Aficionado du général, il n’en demeure pas moins attaché à des principes de tolérance et ne nourrit aucune hostilité envers les opposants du pouvoir en place. Sa prise de position est résolument exemplaire pour tout démocrate qui se respecte.
L’ex-gréviste de la faim pro Oligui Nguema questionne : « Pourquoi interdire ACBBN de parler aisément dans le Gabon ?» et pousse la réflexion plus loin en suggérant l’extension de cette attitude à d’autres anciens soutiens affirmés d’Ali Bongo et à d’anciens membres du Parti démocratique gabonais (PDG) : «Alors chassons Bitome ? Chassons Emile Doumba du FGIS et son fils ministre des Finances ? Arrêtons d’écouter la musique de L’Oiseau Rare et compagnie (ils ont chanté pour Ali Bongo) ?» En énumérant d’autres personnalités ayant joué un rôle dans l’ancien régime, il met en évidence l’incohérence d’une exclusion ciblée.
Une démocratie ne se construit pas sur l’exclusion
Plus simplement, Biko’o Moussavou souligne que si l’on commence à interdire certains acteurs politiques sous prétexte de leur passé, il faudrait également écarter tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont participé au système. Il ironise : « Chassons tous les ministres issus du système déchu du gouvernement ? Chassons tous les Gabonais qui prenaient les 5000, 10 000 et tee-shirts du PDG ? »
L’activiste insiste sur l’idée que personne ne peut être exempt de responsabilité et que l’exclusion ne résoudra rien. Il met en garde contre une répétition des erreurs du passé : « Chacun de nous, autant que nous sommes, a participé et encouragé les déboires de l’ancien système. TOUS COUPABLES ! » Appelant à une gouvernance plus inclusive ; il prévient des risques d’une escalade ; « Nous savons comment ça commence, nous ne savons pas comment ça peut se terminer. »
Biko’o Moussavou invite le général Oligui Nguema à intervenir : « Le Général Président doit se prononcer et mettre fin à ce désordre, cela n’arrange personne. »
En démocratie, le pluralisme et la libre expression doivent être garantis. Exclure certains acteurs politiques aujourd’hui pourrait préparer d’autres formes d’exclusion demain. L’appel de Biko’o Moussavou résonne comme un rappel essentiel : le respect des règles démocratiques est indispensable pour éviter de reproduire les travers du passé.

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