Au Gabon où le Parti démocratique gabonais se divise en deux camps. Après le réajustement des résultats provisoires de la présidentielle du 12 avril, le clan Y’Obegue est sorti de son silence pour dénoncer une élection « verrouillée » et sans transparence. Tandis que le clan Angélique Ngoma célèbre la victoire de Brice Clotaire Oligui Nguema, qu’il a soutenu, Onanga Y’Obegue et ses alliés annoncent leur passage dans l’opposition. Une prise de distance qui confirme la fracture au sein de l’ancien parti d’Omar Bongo.

Ali Akbar Onanga Y’Obegue (à gauche), Francis Nkéa Nzigue (à droite) et leurs alliés réaffirment leur rupture avec le régime, estimant que l’élection trahit les promesses de renouveau post-putsch. © GabonReview (Capture d’écran)

 

Face à ce qu’il qualifie de «grossière mascarade électorale», le clan Y’Obegue du Parti démocratique gabonais (PDG) a tenu à s’adresser solennellement à la nation le 19 avril 2025. À travers la voix de son secrétaire général, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, il a vigoureusement remis en question la crédibilité du scrutin, pointant du doigt l’absence d’inclusivité, de neutralité et la mainmise du pouvoir de transition sur le processus électoral. «Le score attribué au candidat Brice Clotaire Oligui Nguéma, passé de 90,35 % à 94,85 %, rappelle des pratiques d’un autre temps», a-t-l déclaré.

Un chiffre qui, selon cette partie du parti, pose de sérieuses questions sur l’orthodoxie de la centralisation des résultats et trahit une volonté manifeste de légitimer un pouvoir issu d’un coup d’État militaire. Ali Akbar Onanga Y’Obegue, Francis Nkéa Nzigue et Cie qui affichent une fois de plus leur rupture ouverte avec le régime de transition, considèrent que cette élection n’a pas rempli les promesses de renouveau annoncées après le coup d’État du 30 août 2023. «Ni la refondation des institutions, ni l’ouverture du jeu politique, ni la garantie d’un scrutin libre n’ont été assurées», déplorent-ils.

Rupture réaffichée

«Le PDG sera donc en toute logique dans l’opposition non seulement par cohérence politique, mais également par respect pour sa base militante et ses principes fondateurs, par fidélité à la vision noble de ses pères fondateurs et dirigeants légitimes successifs,  notamment son président fondateur, le grand camarade El hadj Omar Bongo Ondimba ainsi que son actuel président, le Distingué Camarade Président Ali Bongo Ondimba», a déclaré Ali Akbar Onanga Y’Obegue. «Le PDG ne se trouve pas dans l’opposition par convenance ou par calcul. Le PDG choisit de rester fidèle à lui-même, car seule cette posture peut garantir son avenir dans le paysage politique post-transition», a-t-il ajouté.

Un positionnement qui aurait pu être inédit pour un parti qui, pendant plus de cinq décennies, a exercé une domination sans partage sur la vie politique nationale, mais qui interroge puisque ne faisant pas l’unanimité. «Nous ne pouvons nous associer à un régime qui a dépossédé par la force le président légitimement élu, Ali Bongo Ondimba», a insisté Onanga Y’Obegue appelant à la cohérence et à la fidélité aux principes fondateurs. Son clan promet de revenir avec un projet politique «crédible, ambitieux et ancré dans la réalité sociale et économique du pays».

Le PDG dans l’opposition, vraiment ?

Il juge que le programme annoncé par Oligui Nguema ne répond pas aux aspirations profondes des Gabonais. Notamment, en matière de justice sociale, de gouvernance et de transparence. Se disant soucieux de tourner la page des erreurs passées, ce clan affiche la volonté de bâtir une nouvelle offre politique, en rupture avec ce qui, croit-il savoir, a pu «affaiblir sa crédibilité» et se présente comme porteur d’une nouvelle espérance pour les Gabonais. Il appelle les forces vives de la nation, les démocrates et les citoyens engagés à s’unir. «Ensemble, nous pourrons bâtir un front politique solide, capable de faire échec aux tentatives de confiscation du pouvoir. Ensemble, nous saurons préparer, avec sérieux et responsabilité, l’avenir politique du Gabon», clame Onanga Y’Obegue.

Lui et les siens entendent ainsi jouer un rôle de premier plan dans la structuration d’une opposition déterminée et rassembleuse, qualifiant l’élection du 12 avril d’«occasion manquée» et refusant de céder au découragement. Pour eux, cette présidentielle «marque au contraire le début d’une nouvelle phase de lutte politique, exigeante mais nécessaire». Le ton est donné. Le clan Y’Obegue entre en opposition avec la volonté de rebâtir la légitimité politique du PDG et d’incarner, une alternative pour le pays mais reste à savoir si ce positionnement sera entendu de cette oreille non seulement au sein de l’ex parti au pouvoir mais aussi dans le pays où le statut de l’opposant est désormais encadré par la loi.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Gayo dit :

    Les Bilie Bi Nze, Ali Akbar, Nkea et d’autres, incarnent un degré d’usurpation qui relève presque de la sorcellerie. Comment des individus qui ont été les artisans des heures les plus sombres de notre démocratie, entre violations répétées de la loi électorale, candidature d’Ali Bongo validée sans actes de naissance, tueries dans le QG d’un candidat peuvent-ils aujourd’hui se poser en donneurs de leçons ?

    Ces mêmes personnes ont soutenu avec acharnement les réformes les plus iniques et les plus cyniques, comme le bulletin inique. Ils ont organisé, soutenu et cautionné l’une des élections les plus opaques de l’histoire : pas d’internet, pas de journalistes, pas de transparence.

    Et voilà qu’ils deviennent soudain les champions de la morale, du radicalisme et de l’intransigeance. Il y a là une injustice fondamentale : ceux qui se sont le plus compromis contre la vérité, la morale et le bon sens se permettent aujourd’hui d’adopter des postures de rigueur absolue.

    C’est douloureux de constater à quel point la manipulation et le cynisme peuvent se hisser si haut. Cette posture serait déjà discutable en soi, mais elle devient franchement insultante lorsqu’elle émane de ceux qui ont profité sans scrupule d’un système fondé sur la mal gouvernance, l’injustice, la corruption et le déni du droit. On comprendrait une telle posture de personnes comme Boundzanga ou Yama mais pas vous.

    Pour le moment continuez votre cirque et votre comédie de manipulateurs. Quand Oligui aura perdu tout benefice du doute et qu’il y aura suffisamment de fait qui justifient ce niveau d’acharnement, ce ne sont pas des bandits et des spécialistes en falsification de la vérité qui domineront l’opposition. Emergera de personnalités digne et qui sont dans la vérité. Pas des sains mais des personnes qui au moins respecte l’intelligence des gabonais pour ne pas essayer de tenir moralisateur dont ils ne sont pas digne. Le radicalisme que vous incarnez, ce n’est pas Oligui qui la merite au bout de 20 mois seulement. Celle-là, elle est pour des personnes qui ont échoué à améliorer la vie des gabonais après un mandat.

  2. Prince dit :

    MR Gayo vous sitez Billie bi nze , Ali Akbar nkea …. mais que dites vous de tous le staff des pdgistes qui sont au tour d’oligui qui ont fait campagne pour lui ? Que dites vous des militaires qui hier ont bombardé le QG de ping ? Et qui subitement deviennent des sauveurs ? Cher Monsieur tous les pdgistes sont comptables de la situation de notre pays, ils se cachent derrière oligui et veulent porter le chapeau a une seule personne qui a refusé de continuer dans les mêmes pratiques.

  3. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. La sémantique et ses contradictions:

    1-passé de 90,35 % à 94,85 %, rappelle des pratiques d’un autre temps», a-t-il déclaré;

    * Entre temps: « cette présidentielle «marque au contraire le début d’une nouvelle phase de lutte politique.

    2-Pose de sérieuses questions sur l’orthodoxie de la centralisation des résultats;

    *Entre temps : « Ensemble, nous pourrons bâtir un front politique solide, capable de faire échec aux tentatives de confiscation du pouvoir ».

    ET ENFIN,
    3-Ni la refondation des institutions, ni l’ouverture du jeu politique, ni la garantie d’un scrutin libre n’ont été assurées», déplorent-ils.

    *Entre temps: « Ensemble, nous saurons préparer, avec sérieux et responsabilité, l’avenir politique du Gabon ».

    N.B: Rebâtir la légitimité politique du PDG et d’incarner, une alternative pour le pays mais reste à savoir si ce positionnement sera entendu de cette oreille non seulement au sein de l’ex parti au pouvoir mais aussi dans le pays où le statut de l’opposant est désormais encadré par la loi.

    le doute est autorisé…Amen.

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