Gabon, la Green and Blue Valley d’Afrique en devenir

Dans un monde où la quête de durabilité devient de plus en plus cruciale, le Gabon émerge comme un modèle audacieux de réconciliation entre économie et écologie. Adrien Nkoghe-Mba* dévoile ici une vision ambitieuse : celle d’une «Green and Blue Valley», une vallée où croissance et préservation du vivant coexistent harmonieusement. À travers le prisme de cinq principes fondateurs, le Gabon se réinvente, non seulement en préservant ses ressources naturelles mais aussi en les valorisant dans une économie verte et bleue. Plus qu’une simple utopie, ce projet incarné dans le Code de l’environnement, se positionne comme un comme un véritable laboratoire d’innovation durable pour l’Afrique, où l’avenir se façonne au présent.

© GabonReview
Le monde a sa Silicon Valley pour la technologie. Il lui faut désormais une Green and Blue Valley pour la préservation du vivant. Et cette vallée pourrait bien être le Gabon. Niché entre océan et forêt équatoriale, ce pays construit patiemment un modèle inédit de développement fondé sur l’équilibre entre croissance économique et intégrité écologique.
Ce n’est pas un rêve vague. C’est un projet structuré, ancré dans un texte fondamental : le Code de l’environnement en République gabonaise. Cinq principes y dessinent la colonne vertébrale d’un pays qui veut réconcilier croissance et nature.
Tout commence avec la préservation et l’utilisation durable des ressources naturelles. Forêts, mangroves, eaux douces ou marines : le Gabon ne les voit plus comme des stocks à exploiter, mais comme des actifs vivants à valoriser sur le long terme — carbone, biodiversité, éco-services. C’est la base d’une économie verte et bleue qui repose sur la régénération, pas sur l’extraction.
Encore faut-il protéger ce capital. D’où l’importance de la lutte contre les pollutions et nuisances. Ici, l’ambition est claire : refuser les erreurs du passé industriel en intégrant des standards environnementaux élevés dès maintenant. La mer, les lagons, l’air et les sols deviennent autant d’indicateurs de performance que le PIB.
Mais une économie verte n’a de sens que si elle transforme la vie quotidienne. L’amélioration et la protection du cadre de vie ancrent cette vision dans le concret : villes plus respirables, villages autonomes, infrastructures sobres. La transition se mesure à la qualité de vie autant qu’aux rapports d’experts.
À cette écologie du quotidien s’ajoute la promotion de nouvelles valeurs et activités génératrices de revenus liés à la protection de l’environnement. C’est ici que l’ambition devient modèle. Le Gabon veut prouver qu’on peut créer de la richesse en protégeant la nature : écotourisme, produits forestiers durables, économie circulaire. Le laboratoire se peuple d’initiatives locales, viables, exportables.
Enfin, l’harmonisation du développement et la sauvegarde du milieu naturel sert de principe directeur. Il oblige à penser autrement l’investissement, la gouvernance, la planification. Ici, on ne demande plus à la nature de s’adapter à l’économie — on demande à l’économie de s’adapter au vivant.
En articulant ces cinq principes, le Gabon ne se contente pas d’un discours. Il bâtit un modèle. Il devient un terrain d’expérimentation pour un continent en quête de souveraineté écologique. Et c’est bien cela, au fond, une Green and Blue Valley : un lieu où l’avenir s’invente au présent.
*Directeur général de l’Institut Léon Mba et président de l’association Les Amis de Wawa pour la préservation des forêts du bassin du Congo.

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