À l’occasion de la Journée mondiale de l’hypertension artérielle, les professionnels de santé gabonais tirent une nouvelle fois la sonnette d’alarme. Dans un contexte national marqué par la montée des maladies chroniques, l’hypertension artérielle (HTA) frappe de plus en plus de Gabonais, souvent à leur insu. Mal connue et sous-diagnostiquée, cette pathologie silencieuse est pourtant à l’origine de graves complications telles que les AVC, les insuffisances rénales ou encore la cécité. Face à cette menace invisible, la prévention et le dépistage doivent devenir des priorités de santé publique.

L’hypertension artérielle n’est pas une fatalité. Elle peut être contrôlée, stabilisée, et même évitée. Encore faut-il lui accorder l’attention qu’elle mérite. © D.R.

 

Au Gabon, l’hypertension artérielle progresse dans l’ombre. Si aucune enquête nationale récente ne permet d’en estimer précisément la prévalence, les indicateurs issus des structures hospitalières laissent entrevoir une réalité alarmante. « On estime qu’un adulte sur trois est hypertendu au Gabon, mais beaucoup l’ignorent encore », alerte le Dr Arthur Kanganga Ekomy, néphrologue et secrétaire général de la Société gabonaise de néphrologie.

Selon lui, les conséquences sont déjà visibles dans les centres de dialyse du pays. « Plus de 580 personnes sont actuellement sous hémodialyse au Gabon. La grande majorité y est arrivée à cause d’une hypertension artérielle mal dépistée ou mal contrôlée. » Cette statistique, qui pourrait paraître technique, révèle en réalité une défaillance majeure dans la chaîne de prévention.

L’hypertension n’épargne aucune tranche d’âge. Elle s’installe souvent insidieusement dès la trentaine, sans symptôme apparent. Ce n’est qu’à l’occasion d’un accident vasculaire cérébral, d’une insuffisance rénale ou d’une complication cardiaque qu’elle est parfois découverte. « C’est tout le problème de l’HTA : une maladie muette, qui détruit les organes vitaux à bas bruit », résume le spécialiste.

Des habitudes de vie à repenser collectivement

Les causes de cette progression silencieuse sont bien identifiées : sédentarité, alimentation trop salée et grasse, stress chronique, surpoids, et facteur héréditaire. Le mode de vie urbain, de plus en plus sédentaire et industrialisé, favorise l’installation de l’hypertension, notamment chez les actifs et les jeunes adultes.

Pour le Dr Kanganga, l’urgence est d’agir à plusieurs niveaux : « Il faut faire de la prévention une culture. Cela passe par des campagnes d’information continues, mais aussi par des actes simples : mesurer sa tension régulièrement, adopter une alimentation plus saine, faire un peu d’activité physique chaque jour. »

Il recommande à toute personne adulte de mesurer sa tension au moins une fois par mois, ou au minimum une fois par an pour les sujets plus jeunes sans facteur de risque. Boire 1,5 à 2 litres d’eau par jour, réduire le sel, cuisiner plus naturellement, bouger régulièrement sont autant de gestes accessibles qui peuvent sauver des vies.

Prévenir plutôt que subir

L’enjeu est clair : éviter que des milliers de Gabonais ne découvrent leur maladie que trop tard. « Nous devons rompre avec la logique de soins tardifs. Aujourd’hui, trop de patients arrivent aux urgences avec des complications qui auraient pu être évitées par un simple contrôle de la tension artérielle », déplore le Dr Kanganga.

L’hypertension artérielle n’est pas une fatalité. Elle peut être contrôlée, stabilisée, et même évitée. Encore faut-il lui accorder l’attention qu’elle mérite. Au Gabon, face à cette menace invisible mais évitable, il devient urgent de bâtir une véritable culture de prévention, ancrée dans le quotidien de chaque citoyen. Car dans le cas de l’hypertension, ce que l’on ne voit pas peut bel et bien tuer.

 
GR
 

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