eGabon-SIS : Quel modèle économique après la phase de déploiement ?

Avec en ligne de mire la fin de la phase de déploiement du Système d’information de santé (SIS), les acteurs concernés s’attellent à garantir sa pérennité. Un atelier de validation du modèle économique du projet eGabon-SIS s’est tenu ce mercredi 21 mai à Libreville. Le modèle proposé, hybride, combine une contribution des établissements de santé et l’appui d’acteurs publics et privés. Objectif : ancrer durablement le SIS dans le système de santé gabonais, au-delà du soutien initial de la Banque mondiale.

Alain Charles Rotimbo (milieu) ouvrant les travaux, le 21 mai 2025. © GabonReview
Le projet eGabon SIS, fer-de-lance de la numérisation du secteur sanitaire gabonais, entre dans une phase décisive. Avec en ligne de mire la fin de l’accompagnement de la Banque mondiale, les acteurs concernés par la question planchent sur un modèle économique capable de garantir la pérennité du Système d’information de santé (SIS), désormais déployé dans certaines structures du pays. Un atelier de restitution et de validation du modèle économique post-déploiement a réuni ce mercredi 21 mai 2025, les responsables du ministère de la Santé, les représentants d’établissements hospitaliers pilotes et les partenaires impliqués.
Une phase pilote déjà en cours

Instantané de la rencontre et photo de famille. © GabonReview
L’objectif : présenter les pistes de financement envisagées pour maintenir et étendre ce système numérique, devenu un outil stratégique de gouvernance sanitaire. «Le modèle économique, c’est la feuille de route qui nous permet de définir les sources de financement pour maintenir le SIS une fois la phase d’exploitation engagée», a expliqué le Dr Gaétan Moukoumbi Lipenghet, spécialiste en économie de santé, membre de l’équipe projet. Soit, réfléchir à une contribution des recettes propres des structures hospitalières. Une proposition est sur la table «un prélèvement de 10 % des recettes des établissements impactés. Mais cette estimation ne pourra être affinée qu’après l’évaluation complète des structures concernées».
Le SIS est actuellement expérimenté dans une dizaine de structures de Libreville dont le CHU Mère-Enfant Jeanne Ebori, CHU d’Owendo, Hôpital d’instruction des armées d’Akanda et celui du PK9, ainsi que plusieurs centres de santé, dont celui de Glass. L’ambition à terme est de couvrir l’ensemble du réseau sanitaire national, y compris les zones rurales. Les premiers retours sont positifs, à en croire les responsables d’établissements. «Depuis janvier, nous commençons à voir les retombées du système au Centre de santé de Glass», a témoigné Dr Obone, médecin-chef dudit centre. Selon elle, la gestion financière et des ressources humaines est déjà optimisée.
Vers un modèle hybride et durable
L’enjeu est de pérenniser cette avancée en assurant la maintenance du matériel, qui nécessite du personnel qualifié et en définissant un modèle de financement adapté. Pour Alain Charles Rotimbo, le secrétaire général du ministère de la Santé, l’enjeu dépasse la simple logistique. «Le Système d’information sanitaire est un pilier fondamental de notre politique nationale de santé. Il nous permet d’avoir des données fiables, actualisées et accessibles, indispensables pour planifier, évaluer et piloter efficacement notre système de santé», a-t-il rappelé.
Face à la fin du soutien de la Banque mondiale, il a donc été pensé «un modèle hybride» de financement reposant sur deux piliers : d’une part, l’autofinancement via une meilleure gestion des ressources internes et une responsabilisation des établissements, d’autre part, la mobilisation de contributions externes, notamment les assurances santé comme la CNAMG, ainsi que des entités publiques et privées. Ce modèle vise à assurer l’autonomie progressive du SIS, tout en garantissant l’équité, l’accessibilité et la qualité des services. L’atelier de validation marque une étape cruciale alors que le Gabon poursuit sa transformation numérique du secteur de la santé.

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