Dépénalisation bafouée : l’OPAM sonne l’alerte après la convocation d’un journaliste de GMT

La convocation, ce mercredi 4 juin, du directeur de Gabon Média Time par la gendarmerie, après une erreur d’illustration vite corrigée, ravive les tensions entre pouvoir et presse au Gabon. L’Organisation patronale des médias (OPAM) dénonce une violation manifeste de la dépénalisation du délit de presse, pourtant garantie par la loi. Elle appelle le gouvernement à mettre un terme aux dérives sécuritaires qui menacent les acquis démocratiques de la Cinquième République.

Au Gabon, la loi dépénalise la presse… mais certains préfèrent encore la menacer. [Image à titre purement illustratif] © GabonReview (Montage)
Une convocation de trop ? Ce mercredi 4 juin 2025, le directeur de publication du quotidien en ligne Gabon Média Time (GMT) a été entendu par la brigade de gendarmerie de l’aéroport de Libreville, suite à la publication – «par inadvertance», précise un communiqué – d’une photo jugée inappropriée dans un article du site. L’image fautive a pourtant été retirée dès que l’erreur fut constatée. Mais la convocation, elle, a été maintenue.
Un fait divers éditorial qui aurait pu passer inaperçu, s’il ne s’inscrivait pas dans une inquiétante tendance. L’Organisation patronale des médias du Gabon (OPAM) monte ainsi au créneau pour dénoncer ce qu’elle considère comme «la persistance de pratiques contraires au cadre juridique» en matière de presse.
«Les journalistes sont expressément soustraits à toute procédure pénale pour les actes posés dans l’exercice de leur métier», rappelle fermement l’OPAM, en invoquant l’Ordonnance n°00012/PR/2018 du 23 février 2018, qui consacre la dépénalisation du délit de presse en République gabonaise.
Dans un ton à la fois mesuré et solennel, le président de l’OPAM, Jean-Yves Ntoutoume, interpelle directement le gouvernement, et plus précisément les ministres de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense, pour que cessent les convocations abusives des journalistes dans les commissariats et brigades : «L’instrumentalisation du pénal contre la presse doit cesser», assène-t-il.
S’appuyant sur des faits récents et des acquis juridiques, l’organisation rappelle que la dépénalisation du délit de presse n’est ni «une faveur» ni «une tolérance», mais bien «une disposition légale en vigueur», fruit d’un processus démocratique et institutionnel encadré notamment par la Haute autorité de la Communication (HAC).
Une disposition qui a d’ailleurs contribué à améliorer l’image du pays à l’international : «Le Gabon occupe en 2025 le 41e rang mondial au classement de Reporters Sans Frontières, contre la 56e place en 2024.»
L’OPAM exhorte donc les autorités à préserver les avancées démocratiques en matière de liberté de la presse, un pilier essentiel à l’ère de la Cinquième République.

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