Distribution de produits pétroliers : Gab’Oil, une entreprise «maudite» vouée à disparaître ?

Gab’Oil, bras opérationnel de l’État pour la distribution des produits pétroliers et gaziers, traverse une crise profonde qui menace jusqu’à son existence. Chaque jour, de nouvelles rumeurs de dysfonctionnements financiers alimentent les inquiétudes des partenaires de cette entreprise et de ses consommateurs. Depuis le départ jugé prématuré de Louis Gaston Aubame en septembre 2024, la situation s’est considérablement dégradée, laissant l’entreprise dans une spirale d’incertitude et de fragilisation, au point que certains, y compris au sein de la boîte, croient désormais que la société, trop souvent sujette à des scandales, est «maudite».

La station-service de Gab’Oil à Avorbam (Akanda). © D.R.
Un pilier stratégique en danger du fait d’une gouvernance vacillante
C’est le retour des problèmes à Gab’Oil. Moins d’un an après la nomination de l’équipe dirigeante actuelle, des plaintes se font de plus en plus entendre au sein de l’entreprise qui semble à nouveau subir une sorte de vide managérial. Pour beaucoup, l’éviction, en septembre 2024, de Louis Gaston Aubame avait été brutale et prématurée. Faut-il leur donner raison ? Des employés déplorent un retour aux pratiques opaques et inefficaces qui avaient déjà fait couler la société. Ils soutiennent notamment que l’ancien patron avait amorcé une transformation salutaire de l’entreprise : révision des contrats, lutte contre la fraude, modernisation des outils de gestion… Son départ semble avoir stoppé net cet élan de redressement, ouvrant la porte à une gestion confuse où les intérêts privés prennent le pas sur l’intérêt général.
Un climat délétère et opaque
Aujourd’hui, les témoignages se multiplient sur des mouvements financiers suspects et des décisions prises en toute opacité. Des facturations douteuses, des commandes redondantes, des comptes sous contrôle direct de prestataires extérieurs… autant de signaux alarmants qui nourrissent un climat de défiance. Les syndicats dénoncent une gestion clanique, improvisée, et s’inquiètent de voir l’entreprise sombrer dans un cycle de paralysie et de détournement des ressources publiques. Ce qui ne manquerait pas d’avoir des conséquences désastreuses.
Des indiscrétions assurent d’ailleurs que les effets pervers de ce style de gestion sont déjà visibles : pénuries locales, transporteurs impayés, tensions sociales… Certains observateurs redoutent un retour aux années noires où Gab’Oil n’était qu’une coquille vide budgétivore. Face à cette débâcle, le silence des autorités surprend et inquiète. Faut-il attendre un nouveau scandale majeur pour réagir ?
Un départ regretté, un avenir incertain
Louis Gaston Aubame, juriste pétrolier de formation, qui avait hérité d’une structure exsangue, marquée par des années d’opacité, de dette et de paralysie administrative, incarnait une dynamique de réforme indispensable pour la survie de Gab’Oil. Son approche rigoureuse, transparente et centrée sur l’intérêt général aurait pu permettre un véritable redressement. Son éviction, que plusieurs de ses soutiens ont jugé prématurée, met en péril cette entreprise stratégique et compromet la souveraineté énergétique du Gabon, pourtant une des grandes ambitions du nouveau pouvoir. Aussi, beaucoup pensent-ils que l’État doit agir immédiatement.
Gab’Oil est trop précieuse pour être abandonnée à la dérive. La stabilité énergétique, la crédibilité de l’action publique et la bonne gestion des deniers publics sont en jeu. Il est impératif que les autorités diligentent un audit indépendant après septembre 2024, qu’elles identifient les responsabilités et qu’elles corrigent les dérives. Elles doivent également restaurer chez Gab’Oil une gouvernance forte, compétente et éthique.
L’urgence est là. Il appartient désormais à l’État de réagir, avant qu’il ne soit trop tard.

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