Initialement reportée pour « consultations internes », l’Assemblée générale du Rassemblement des bâtisseurs (RdB) vient à nouveau d’être renvoyée, cette fois au nom des rituels traditionnels. Un argument culturel qui tombe à point nommé, dans une séquence politique marquée par les doutes, les crispations internes et le silence majestueux du président-fondateur.

Initialement reportée pour « consultations internes », l’Assemblée générale du Rassemblement des bâtisseurs (RdB) vient à nouveau d’être renvoyée, cette fois au nom des rituels traditionnels. © D.R.

 

Il y a des priorités dans la vie d’un peuple : les ancêtres d’abord, la politique ensuite. C’est en tout cas le message que semble vouloir faire passer le nouveau communiqué officiel annonçant – encore – le report de l’Assemblée générale constitutive du RdB, cette fois au nom de la sauvegarde du « patrimoine et des traditions culturelles vivants de notre pays ». Rien de moins.

Prévue pour le samedi 19 avril dernier, déjà repoussée pour cause de consultation des coordinations provinciales, la grand-messe de la transformation du Rassemblement des bâtisseurs en parti politique, fixée pour ce samedi 28 juin 2025, vient malheureusement d’être reprogrammée au 5 juillet prochain, au Palais des Sports de Libreville. Officiellement, le changement de calendrier permettrait de « laisser place aux célébrations et rituels traditionnels organisés dans l’Estuaire » à la même date. Un report sacré, donc.

Le folklore pour masquer le flottement ?

Ce deuxième report, maquillé en hommage aux traditions, ressemble plutôt à une stratégie de diversion face à une réalité politique moins festive. Depuis l’annonce de la mutation du RdB en parti, les critiques fusent, les coordinations provinciales grincent des dents, et l’idée même d’un parti-miroir du président de la République peine à convaincre, y compris dans ses propres rangs.

En politique, le timing est tout. Et l’insistance avec laquelle les organisateurs repoussent l’échéance nourrit l’idée d’une pause tactique, destinée à calmer les remous internes, ajuster les équilibres et, peut-être, reculer sans perdre la face. D’autant que la transformation du RdB soulève une question de fond : s’agit-il d’un véritable projet politique ou d’un simple véhicule institutionnel recyclé en parti d’apparat ?

Pour l’heure, on appelle à « se tenir prêts », tout en repoussant le moment de vérité. À force de jouer la montre, le RdB pourrait bien finir par rater son propre rendez-vous avec l’histoire – sauf à considérer que celle-ci se plie désormais au rythme des danses traditionnelles et des tam-tams diplomatiques.

Rendez-vous (peut-être) en juillet. Sauf si une pluie sacrée venait, cette fois, bénir un nouveau report.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Oligui, je t’invite une dernière fois à renoncer à l’idée de devenir président d’un parti politique, du moins pendant les cinq premières années de ton mandat. Une telle décision risquerait de précipiter la fin de la liberté d’action et du large soutien dont tu bénéficies actuellement.

    Jusqu’ici, les grands partis et même la société civile t’ont laissé un véritable boulevard, allant jusqu’à t’absoudre de certaines actions controversées de ton régime. Tu t’apprêtes à mettre un terme à ce temps de grâce.

    Tu as été porté au pouvoir par une coalition large et diverse, à qui tu avais expressément demandé de dépasser les étiquettes partisanes. Ce collectif attend de toi que tu restes fidèle à la vision inclusive qui t’a conduit à la tête du pays.

    En devenant chef de parti, tu perdras ce rôle de rassembleur. Les autres partis seront contraints de s’opposer à toi politiquement. Pour les législatives à venir, laisse plutôt les partis et associations qui ont adhéré à la dynamique du RdB durant la présidentielle tenter de s’unir. Encourage-les à présenter, là où c’est possible, des candidatures communes au nom d’un mouvement présidentiel large, destiné à soutenir ta vision.

    Écoute la voix de la sagesse : tu ne peux pas, en début de mandat, te placer en défenseur des intérêts d’un parti, alors que tu as été élu sur la base d’un projet de redressement national, au nom de tous les Gabonais, sans distinction d’origine politique.

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