Proposé par le Premier ministre israélien pour le prix Nobel de la paix 2026, Donald Trump reçoit un accueil nuancé mais globalement favorable de la part de plusieurs chefs d’État africains. Réunis à la Maison-Blanche autour du président américain, ils saluent son rôle dans la médiation de conflits régionaux, notamment en Afrique centrale, tout en laissant le dernier mot au comité Nobel.

La candidature de Donald Trump au prix Nobel de la paix 2026 divise autant qu’elle intrigue. © D.R.

 

La candidature de Donald Trump au prix Nobel de la paix 2026, annoncée publiquement par Benyamin Netanyahou le 7 juillet dernier, suscite un intérêt mesuré mais réel parmi les chefs d’État africains. Réunis deux jours plus tard à la Maison-Blanche pour un sommet stratégique, plusieurs d’entre eux se sont exprimés sur cette proposition, entre reconnaissance diplomatique et précautions institutionnelles.

C’est lors d’un dîner entre délégations américaine et israélienne que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a remis au président américain une copie de la lettre adressée au comité Nobel en Norvège. « Elle vous propose pour le prix Nobel de la paix, que vous méritez amplement et que vous devriez obtenir », a-t-il déclaré. Selon lui, Donald Trump mérite cette distinction pour son rôle dans la désescalade de plusieurs conflits récents au Moyen-Orient.

Une annonce controversée, au regard de la situation personnelle de Netanyahou, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale, mais aussi parce que la candidature de Trump intervient dans un contexte géopolitique sensible où les équilibres mondiaux sont fragiles.

Des présidents africains globalement favorables

Invités à s’exprimer sur cette candidature, plusieurs chefs d’État africains présents à Washington le 9 juillet ont réagi avec une certaine retenue, sans pour autant dissimuler leur sympathie pour le président américain.

Brice Clotaire Oligui Nguema, président du Gabon, a déclaré : « Le lauréat pour le prix Nobel de la paix, je ne vois pas d’objection. Sans être prétentieux, je pense que le président Trump le mérite pour les efforts déjà qu’il a faits pour la paix à travers le monde. Et je me situe également dans ma zone, notamment celle de la CEEAC, où il a ramené la paix entre la RDC et le Rwanda. C’est un accord qu’on n’a jamais pu obtenir dans la CEEAC. Aujourd’hui, c’est le président Trump, un président d’ailleurs, qui ramène la paix dans la région. Donc je pense qu’il le mérite, c’est mon avis. »

De son côté, Mohamed Ould El-Ghazaouani, président de la Mauritanie, a fait preuve de modestie, tout en affirmant : « Je ne suis pas spécialiste du processus du prix Nobel de la paix. Mais je peux garantir que la Mauritanie ne s’opposera jamais à ce que le président Trump en soit le détenteur. Il travaille déjà beaucoup pour la paix à travers le monde, sans distinction de continent. »

Quant à Bassirou Diomaye Faye, président du Sénégal, il a insisté sur les résultats concrets du président américain : « Ce sera la décision du jury, ce ne sera pas un vote des pays. Mais ce qui est sûr, c’est qu’aujourd’hui, les états de services et les résultats engrangés en si peu de temps plaident en sa faveur. Si c’était un sondage mondial, vous seriez probablement très bien placé. »

Un signal diplomatique à double lecture

Cette prise de position partielle mais favorable de plusieurs dirigeants africains intervient dans un contexte de renforcement de la présence américaine sur le continent, face à la concurrence stratégique de la Chine et de la Russie. L’attribution éventuelle du prix Nobel de la paix à Donald Trump pourrait donc également s’inscrire dans une logique de revalorisation du leadership américain, en Afrique comme ailleurs.

Néanmoins, si les chefs d’État africains saluent ses efforts, ils reconnaissent aussi implicitement la complexité du processus et l’indépendance du comité Nobel. Aucun d’eux n’a souhaité s’ériger en porte-parole de la communauté internationale, ni se prononcer de manière catégorique, laissant au comité la responsabilité de trancher.

Un prix convoité, un processus rigoureux

Chaque année, le prix Nobel de la paix fait l’objet de nombreuses propositions, émanant de personnalités habilitées : chefs d’État, parlementaires, universitaires, membres d’institutions internationales ou anciens lauréats. Pour l’édition 2025, 338 candidatures ont été enregistrées (244 individus et 94 organisations), selon les chiffres officiels du comité Nobel norvégien. Le record reste celui de 2016, avec 376 candidatures.

Les propositions sont examinées à huis clos par un comité de cinq membres désignés par le Parlement norvégien, qui établit une liste restreinte d’une vingtaine de noms. S’ensuivent des mois de consultations et d’évaluations par des experts. Le lauréat est ensuite désigné, souvent à l’unanimité, puis proclamé en octobre, avant une cérémonie officielle de remise du prix le 10 décembre à Oslo.

Bien que les noms des candidats restent normalement confidentiels durant 50 ans, certains parrains choisissent d’annoncer publiquement leur soutien. Outre Benyamin Netanyahou, la candidature de Trump aurait également été soutenue par Asim Munir, chef d’état-major de l’armée de terre pakistanaise, Buddy Carter, représentant républicain américain, ainsi que la professeure de droit Anat Alon-Beck.

La candidature de Donald Trump au prix Nobel de la paix 2026 divise autant qu’elle intrigue. Si elle repose sur des arguments diplomatiques mis en avant par ses partisans, elle s’inscrit aussi dans un climat de forte polarisation internationale.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire