Avec seulement 33,13% d’admis au premier tour, le Baccalauréat 2025 au Gabon affiche des résultats en recul, en particulier dans l’enseignement général. Tandis que les filières techniques signent une performance remarquable, plus de 13000 candidats joueront leur va-tout lors du second groupe. Un signal d’alerte pour un système éducatif en quête de souffle. Analyse sommaire.

Un tiers d’admis, deux tiers d’alertes : Camélia Ntoutoume Leclercq face à l’échec structurel du baccalauréat 2025. © Facebook.com/cameliaNtoutoumeLeclercq

 

Les résultats du premier tour du Baccalauréat 2025, proclamés le samedi 12 juillet par la ministre Camélia Ntoutoume Leclercq, dessinent un paysage nuancé, entre baisse du rendement global et performance inattendue des filières techniques. Avec un taux de réussite national de 33,13 %, soit 9 837 admis sur 29 684 candidats présents, cette session confirme l’essoufflement d’un système éducatif déjà fragilisé par plusieurs années de baisse continue. À titre de comparaison, le taux d’admission au premier tour atteignait 36,07 % en 2024, et culminait à plus de 80 % en 2023, année exceptionnelle marquée par un large rattrapage post-pandémie.

Enseignement général en difficulté, enseignement technique en redéploiement

Le recul est particulièrement frappant dans l’enseignement général, qui regroupe l’écrasante majorité des effectifs (88 %). Sur 26 005 candidats présents, seuls 30,24 % ont été admis d’emblée, contre 34,86 % en 2024. Le reste se partage entre 46,74 % d’admissibles, attendus au second tour, et 23,02 % d’ajournés. Ce résultat, bien en-deçà des attentes, illustre les limites d’un modèle pédagogique encore trop centré sur la mémorisation au détriment des compétences. En creux, il révèle également l’inefficacité persistante de certaines réformes annoncées.

À rebours, l’enseignement technique et professionnel crée la surprise. Avec 1 973 admis sur 3 679 présents, soit 53,63 % de réussite, il affiche une dynamique nettement plus favorable. Les taux d’ajournement y sont également les plus faibles (10,63 %). Pour la ministre, ces résultats «plaident en faveur d’une revalorisation profonde des filières techniques, longtemps reléguées au second plan dans l’imaginaire des familles». En d’autres termes, le baccalauréat technique, souvent perçu comme une voie de relégation, se profile désormais comme un vivier d’efficacité et de réponses concrètes aux besoins de l’économie.

Vers une relance par le second tour ?

Les 13 469 candidats admissibles – soit près d’un sur deux – bénéficient d’une seconde chance. Leurs épreuves orales sont prévues du 15 au 18 juillet, avec délibérations finales le 19. La majorité vient de l’enseignement général (12 154), les autres du secteur technique (1 315). Ce second tour pourrait faire remonter sensiblement les chiffres, comme chaque année, mais sans inverser la tendance de fond.

Cette session 2025 s’est déroulée dans un contexte exceptionnel, marqué par un calendrier électoral compressé et un encadrement renforcé. Le ministère a imposé des mesures strictes (interdiction d’appareils électroniques, sécurisation des centres, dispositifs pour les élèves en situation de handicap), saluées par les syndicats enseignants.

Pour autant, le malaise demeure. La baisse des résultats ne se résume pas à une conjoncture défavorable. Elle traduit l’essoufflement d’un modèle qui peine à se réinventer, malgré la mobilisation des équipes pédagogiques. Les résultats définitifs, attendus le 19 juillet, diront si la résilience des élèves suffira à redresser la courbe. Mais déjà, le Baccalauréat 2025 pose une question brûlante : faut-il continuer à s’obstiner dans un schéma académique qui ne garantit plus ni équité, ni excellence ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Longtemps reléguées au second plan dans l’imaginaire des familles ? Madame la Ministre, êtes-vous sérieuse ? Sur quoi basez-vous une telle affirmation ?
    Ce n’est pas aux familles qu’il faut reprocher le manque d’intérêt pour les sciences et techniques, mais bien au gouvernement qui n’a jamais su leur accorder la place qu’elles méritent dans un pays qui se veut respecté et tourné vers le développement.

    Ce n’est pas à cause des familles que des pays comme Israël, l’Allemagne, la Chine, la Corée du Sud, la Malaisie, l’Iran, la Russie, les Émirats ou encore la Tunisie forment plus de 30 % de diplômés dans les domaines STEM ; c’est le fruit de choix stratégiques clairs et d’une vision affirmée en matière de développement national.

    Pendant des décennies, le régime Bongo s’est contenté de s’asseoir sur les revenus pétroliers, transformant le Gabon en un État providence où l’on faisait croire aux étudiants qu’il suffisait d’obtenir un quelconque diplôme pour toucher un salaire, sans jamais réfléchir à l’utilité réelle pour la production nationale.

    Quel est aujourd’hui le nombre d’établissements techniques comparé à celui des établissements d’enseignement général ? Quel budget est attribué à l’Université de Masuku, la seule école publique d’ingénierie du pays, pour réellement soutenir la recherche et l’innovation technologique ?

    Vous parlez d’entrepreneuriat, mais cet « entrepreneuriat » restera vide de sens tant que Masuku ne deviendra pas un véritable outil d’accompagnement, doté de laboratoires, d’infrastructures et de budgets suffisants pour permettre aux jeunes de concrétiser leurs idées et de mener des projets de R&D ambitieux.

    Faut-il rappeler que Facebook, Google et d’autres grandes entreprises ont vu le jour dans des locaux universitaires ? Chez nous, c’est tout simplement impossible, car vous préférez entretenir des gouvernements, des parlements et des institutions politiques budgétivores, uniquement pour engraisser le président, sa famille et leurs courtisans, au lieu d’investir dans l’avenir du pays.

    Avez-vous déjà comparé la part du budget national consacrée à la R&D à celle d’autres pays ? Pensez-vous sérieusement que nous atteindrons un jour leur niveau si nous continuons à sous-investir, simplement parce qu’il faut d’abord « alimenter la mangeoire » ?

    Vous pourrez continuer à parler d’entrepreneuriat et de développement autant que vous le souhaitez ; rien ne changera sans une véritable volonté d’investir massivement et de consentir les sacrifices nécessaires, plutôt que de prioriser votre survie politique.

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