Les Gabonais, au pays comme à l’étranger, participent depuis ce samedi 27 septembre, aux élections législatives et locales. Un rendez-vous politique tant attendu après la présidentielle du 12 avril dernier. Cependant, sur le terrain, l’ambiance a semblé moins animée, avec une participation plus faible. Dans le même temps, de part et d’autre sur le territoire national, des voix se sont levées pour dénoncer des fraudes, des tentatives d’achat de conscience, ainsi que de nombreux dysfonctionnements.

Une électrice accomplissant, dans le calme, son devoir civique dans le centre de l’école publique de Nzeng-Ayong II. © GabonReview

 

Quelques clichés de la journée électorale dans le 6e arrondissement de Libreville. © GabonReview

Le Gabon s’achemine doucement, mais sûrement vers la fin de la page Transition. Après le référendum du 16 novembre 2024 et la présidentielle du 12 avril 2025, les électeurs étaient appelés aux urnes ce samedi 27 septembre en vue du renouvellement du parlement et des Conseils départementaux et locaux. Si, dans certains centres à Libreville, tout se passait bien, ce n’était pas le cas partout. Pour cette journée électorale très attendue, des dysfonctionnements ont été relevés, des cas de fraudes et des achats de conscience dénoncés, tandis que, dans certains cas, comme au 1er siège de la commune de Ntoum, on a abouti à l’annulation pure et simple des élections.

«On perd du temps à chercher les cartes»

Malgré une météo, un peu pluvieuse, en cette matinée électorale dédiée aux choix des prochains députés et des conseillers municipaux et locaux, des électeurs sont sortis dès les premières heures pour pouvoir accomplir leur devoir civique dès l’ouverture des bureaux, pour certaines, à 7 heures du matin.

Dans la majorité des centres visités, le matériel électoral est arrivé à temps. Les bureaux de vote ont été ouverts très tôt. Pourtant, des difficultés sont vite apparues lors de la recherche et la récupération des cartes d’électeurs. Ce qui a provoqué des ralentissements et parfois des tensions, notamment au lycée de Nzeng-Ayong, où un électeur a déclaré : « on perd du temps à chercher les cartes. Ils auraient dû retirer leurs cartes au moment opportun. Là, on est en train de bloquer le vote». 

Visiblement, ce problème a contribué à freiner la fluidité du processus pour plusieurs votants, d’autant plus qu’il fallait voter pour les législatives et les locales. Quoi qu’il en soit, malgré ces efforts logistiques, des cas de fraudes manifestes ont été dénoncés sur les réseaux sociaux et par certains témoins dans plusieurs localités, dont Mitzic, Ntoum (procurations établies en dehors de la Commission électorale), Essassa, Bikélé, Moabi, ainsi que dans quelques centres des grandes villes de Libreville et Port-Gentil. 

Manipulation des urnes, des bulletins renversés, absence de bulletins, des accesseurs qui influencent

Les fraudes signalées comprennent, selon les témoignages, notamment la manipulation des urnes, des bulletins renversés, des accesseurs qui influencent ouvertement le choix des électeurs, exerçant des pressions pour faire voter en faveur de certaines listes. Un exemple flagrant a été relevé à l’école publique d’Ozangue, où l’absence des bulletins de plusieurs candidats — à cause d’une erreur de paquetage limitant la quantité à 10 bulletins au lieu de 18 — a créé de fortes contestations parmi les électeurs.

© GabonReview

Dans ce contexte, des voix se sont élevées pour dénoncer les irrégularités de ce scrutin. Pharel Boukika Mouketou, candidat aux législatives et tête de liste aux élections locales, a ainsi dénoncé, avec force, ces pratiques. «Ce scrutin, que le président de la République appelait de ses vœux comme étant transparent, libre et démocratique, s’est transformé en un véritable fiasco électoral où fraude à peine masquée et manigances de tous genres régentent la scène», écrit-il sur Facebook après avoir voté. 

«Violation répétée de la loi électorale, absence de bulletins dans de nombreux bureaux, intimidations des représentants, autant d’éléments probants laissant présumer une fraude organisée», a-t-il dénoncé. De même, Georges Bruno Ngoussi, candidat indépendant à Dienga, a exprimé son indignation après avoir constaté que ses bulletins de vote ne figuraient pas dans son centre. «Comme tout citoyen, je me suis rendu à l’école publique de Dienga, centre de vote du département. À ma grande surprise, je découvre que mes bulletins de vote sont inexistants», a-t-il déclaré.

Des failles susceptibles de compromettre la transparence et la crédibilité de ces élections

Ces allégations mettent en lumière des failles dans la gestion du scrutin, susceptibles de compromettre la transparence et la crédibilité de ces élections, au moment où la nation aspire à renforcer la confiance dans ses institutions démocratiques.  Mieux, l’ancien Premier ministre et président d’Ensemble pour le Gabon, Alain-Claude Bilie-By-Nze, ainsi que la Coalition pour la nouvelle République (CNR), présidée par le professeur Vincent Moulengui Boukosso, avaient alerté sur les «irrégularités» quant à l’organisation de ces scrutins. Ils demandaient un report pour pouvoir mieux préparer ces échéances.  

Qu’à cela ne tienne, en attendant les communiqués officiels de l’administration en charge des l’organisation des élections et même des observateurs, les opérations électorales se déroulent dans le calme dans la grande majorité des centres de vote.

 
GR
 

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