Lors d’une réception aussi feutrée que symbolique, tenue le 28 mai 2025 à Libreville, l’ambassadeur de l’Ordre Souverain de Malte, SE le Comte Jean-Hugues de Lamaze, a retracé l’histoire millénaire de son institution tout en révélant l’ampleur, souvent ignorée, de ses actions humanitaires au Gabon. À travers un discours d’une rare élévation, l’Ordre a révélé 60 ans de présence discrète mais décisive, et annoncé de nouveaux engagements en faveur des plus vulnérables.

L’équipe diplomatique de l’Ordre Souverain de Malte auprès de la République Gabonaise, avec l’Ambassadeur Jean-Hugues de Lamaze (au centre) : Bruno Lardit (à gauche) et Nicolas Chevrinais (à droite). © D.R.

 

Sous les lustres feutrés d’une résidence diplomatique de Libreville, ils étaient là, une soixantaine d’invités : ministres, ambassadeurs, religieux, entrepreneurs – réunis autour d’un homme, d’un Ordre, et d’un engagement. Le 28 mai dernier en effet, SE le Comte Jean-Hugues de Lamaze, Ambassadeur de l’Ordre Souverain de Malte auprès de la République Gabonaise, célébrait bien plus qu’une visite au Gabon :  il ravivait la mémoire, consolidait l’avenir, et redonnait chair à une mission humanitaire vieille de près de mille ans.

Une institution hors du temps, ancrée dans l’action

«Ne me dis ni ta race, ni ta religion. Si tu es malade, entre, et je te soignerai». Cette phrase, gravée jadis sur le fronton du premier hôpital de l’Ordre à Jérusalem, résonne encore aujourd’hui dans les quartiers sous-intégrés de Libreville ou de Mekambo. Car l’Ordre de Malte – officiellement l’Ordre Souverain Militaire et Hospitalier de Saint-Jean de Jérusalem, de Rhodes et de Malte – n’est pas une relique de l’Histoire. Il est cette diplomatie de la bonté, discrète et efficace, que seule une souveraineté sans frontières, une foi sans prosélytisme et un humanisme sans vanité permettent de déployer.

Depuis 1963, le Gabon en est l’un des bénéficiaires constants. D’abord dans la lutte contre la lèpre à Tchibanga et Mayumba. Aujourd’hui, à travers un soutien vital à des centres de santé dans tout le pays : Saint-Joseph de Lalala, Nzeng-Ayong, le PK8 à Libreville, Sainte Jeanne-Émilienne à Port-Gentil, la Fondation Schweitzer de Lambaréné, et jusque dans les forêts de la frontière congolaise où Sœur Madeleine soigne dans l’abnégation.

L’aide de l’Ordre est tangible. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2022 : 31 000 consultations, 4 700 hospitalisations, 61 000 analyses, 2 100 femmes enceintes suivies, 4 000 enfants vaccinés, 91 cas de malnutrition infantile pris en charge. Et ce, dans des structures soutenues matériellement, humainement, techniquement. Jusqu’à offrir un échographe cardiaque au centre de santé de Nzeng-Ayong. Mais l’Ordre ne livre pas seulement des machines : il tisse des chartes d’humanité, garantissant hygiène, équité, accueil sans distinction et intégrité dans la gestion des soins.

Un ordre qui soigne le monde et s’adresse aux cœurs lucides

Le Comte de Lamaze, figure élégante et passionnée, l’a rappelé d’une voix calme et droite : «Notre vocation est d’agir dans un esprit désintéressé, selon des valeurs chrétiennes et universelles.» Reçu, par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, le dimanche 18 mai 2025 en marge de la messe inaugurale du pontificat du pape Léon XIV, il a évoqué l’extension des actions de l’Ordre à Franceville, Makokou, Oyem, là où les carences médicales sont criantes.

Il n’a pas oublié de saluer ses propres chevaliers de l’ombre : Bruno Lardit, qui quitte le pays après des années de service irréprochable, et Maître Nicolas Chevrinais, qui reprend le flambeau «avec dévouement et professionnalisme». À son épouse Éliane, l’ambassadeur a glissé un mot public, rare et noble : «Merci à vous d’avoir accepté cet engagement de Nicolas

Enfin, le diplomate a lancé un appel aux forces vives du pays : la création prochaine d’une Fondation des Amis de l’Ordre de Malte au Gabon permettra à chacun – entreprises, particuliers, mécènes – de devenir acteur de cette épopée de la solidarité. «Les projets ne manquent pas. Nous avons besoin de vous pour les faire vivre.»

L’Ordre de Malte n’a ni armée ni fortune, mais il marche dans les pas du monde avec une force douce, souveraine, et intacte. À Libreville, ce soir-là fin mai 2025, c’est un pan méconnu de l’élégance diplomatique et de la fraternité universelle qui s’est levé, au nom de ceux qu’on n’écoute jamais, et qu’on soigne toujours.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Cyr tiburce MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Bassé. Amen.

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