Affaire Bongo : «On ne fait pas de la justice, on fait du cinéma», dénonce Maître Sur

Dans un entretien exclusif accordé par visioconférence à Sibikan Media le 11 juillet dernier, Maître Pierre-Olivier Sur, avocat de la famille Bongo et ancien bâtonnier du barreau de Paris, a vertement dénoncé ce qu’il qualifie d’instrumentalisation de la justice gabonaise par les nouvelles autorités de Libreville. Il accuse le régime en place d’avoir transformé les procédures judiciaires en opérations de communication, au mépris des droits fondamentaux et de l’État de droit.

Maître Pierre-Olivier Sur, avocat de la famille Bongo et ancien bâtonnier du barreau de Paris, au centre, le 11 juillet 2025. © GabonReview
Dans une déclaration aux allures de cours de droit magistral, Maître Sur affirme que la justice gabonaise a cessé d’être indépendante depuis le coup d’État d’août 2023. « On ne fait pas de la justice, on fait du cinéma », tranche-t-il, en référence à ce qu’il qualifie de « mise en scène » orchestrée par les autorités militaires. Il pointe notamment une opération organisée dans la cour du palais présidentiel, au cours de laquelle billets de banque, lingots d’or et valises d’argent ont été exhibés comme preuves de corruption : « C’était une scène de théâtre. Je ne sais même pas si c’était du vrai argent », s’indigne-t-il.
Pour l’avocat, ces procédures relèvent davantage de la démonstration politique que d’un réel processus judiciaire. Il parle d’une justice spectacle, soumise aux injonctions du pouvoir militaire. « Depuis août 2023, la justice gabonaise est aux ordres du pouvoir militaire. Elle sert davantage à mettre en scène la répression des anciens dirigeants qu’à garantir un procès équitable », accuse-t-il. Et d’insister : « Quand on scénarise quelque chose pour donner le prétexte d’une infraction, on ne fait pas de la justice, on fait du cinéma. »
Une magistrature sous tutelle et humiliée
Mais le plus alarmant, selon Maître Sur, réside dans la preuve manifeste de l’instrumentalisation du pouvoir judiciaire. Il évoque une vidéo d’interrogatoire entre un juge d’instruction et son client Noureddin Bongo, filmée à son insu. Dans cet enregistrement, dit-il, la magistrate admet explicitement agir sous la pression des militaires. « Elle reconnaît qu’elle est aux ordres des militaires », rapporte-t-il. Et de poursuivre, citant une phrase qu’il juge accablante : « Je me mets à genoux devant vous pour que vous ne m’en demandiez pas. »
Pour l’ancien bâtonnier français, ces propos révèlent une justice fragilisée, soumise et dégradée, dans laquelle la peur a supplanté l’indépendance. « Voilà où en est la justice aujourd’hui au Gabon. Elle est à genoux », assène-t-il.
Conditions de détention inhumaines et erreurs de droit
L’avocat dénonce également les conditions de détention de ses clients, Sylvia Bongo et son fils Noureddin, qu’il qualifie « d’inhumaines » et « dégradantes ». Selon lui, ils ont été enfermés dans un sous-sol du palais présidentiel, sans respect de leurs droits fondamentaux, sans accès digne à l’eau ni aux soins. Il affirme que Noureddin aurait subi des tortures physiques et psychologiques en présence de sa mère. « Il a subi des violences sexuelles, des chocs électriques, et tout cela sous les yeux de sa mère. C’est abominable », déclare-t-il.
Maître Sur s’en prend également au procureur général, accusé d’une méconnaissance flagrante du droit. « La liberté n’est jamais provisoire. Ce qui est provisoire, c’est la détention. » Pour l’avocat, cette confusion sémantique trahit un usage abusif et mal maîtrisé des principes judiciaires les plus élémentaires.
Pour Maître Sur, le fond du problème est politique. Il estime que les nouvelles autorités cherchent moins à bâtir leur légitimité sur des résultats concrets qu’à la construire sur le rejet des anciens dirigeants. « C’est une terrible théorie du bouc émissaire. On essaie de faire reposer la légitimité des nouveaux sur la haine des anciens », déplore-t-il. Et de conclure, sans détour : « Aujourd’hui, il y a une personne au-dessus des lois : c’est celui qui dirige actuellement le Gabon. »

8 Commentaires
L’AFRIQUE: NI FRANCOPHONE NI ANGLOPHONE MAIS ‘’AFROPHONE’’
Les biens mal acquis par les dirigeants africains…ou en sommes-nous? Nulle part: la justice française est aussi du pire cinéma. Passons a autre chose. Le vocabulaire erroné du soi-disant ‘’Afrique francophone’’ ou ‘’Afrique anglophone’’n’est que du pire dogme idéologique, car nous ne sommes ni l’un ni l’autre mais nous-mêmes: ni le français ni l’Anglais sont une langue maternelle ou natale du continent, donc l’Afrique n’est ni francophone ni anglophone mais ‘’AFROPHONE’’car chaque pays du continent parle premièrement sa ou ses langues maternelles. Comprendre le français/anglais ferait automatiquement de nous des des francophones/anglophones ? Que NON.
En vrai amoureux passionné de la langue Anglaise, lors de sa récente visite au Royaume-Uni Emmanuel Macron a eut une fois de plus une occasion parfaite de s’exprimer pleinement dans cette langue qu’il adore si tant. Qu’importe, la VG ne jure que par le français. Quand actuellement l’Hexagone s’efforce quotidiennement d’acquerir des compétences en Mandarin et Anglais nos aînés de la vielle génération (VG), dans l’entre-temps,continuent de manière effrénée de s’abrutir dans la Langue de Molière. Pourtant en réalité ni Madagascar ni le monde ne parlent pas français:
– 85% des Gasy parlent malagas comme langue maternelle et natale, seulement 15% de la population nationale parle français couramment
– 3,4 % de la population mondiale parle français (contre environ 20% parlant anglais)
Les chiffres ne trompent pas. Mais le réel danger contre la langue française en est que si l’Afrique et son actuelle nouvelle génération (NG) continuent de s’éloigner du français il en restera approximativement que 0,4% des personnes ayant le français comme langue maternelle/natale ou langue administrative: un réel danger existentiel pour la Langue de Molière. Peut-être le vrai danger contre le français vient de la politique des dirigeants français.Mais la réalité reste inchangée: nous ne sommes pas des francophones. Et continuer de s’époumoner sur une langue si minoritaire équivaut a s’isoler globalement.
Au Gabon, il n’y a pas de justice, une corrompue.Il faut transférer cette affaire à Cour pénale internationale et interpol. Toutes les personnes impliquées doivent être condamnées
Juste une question: La justice dont on crie dessus aujourd’hui existait-elle sous l’ère des Bongo? Et pourtant les mêmes qui se plaignent aujourd’hui ont aussi joué avec elle hier.
Le même cinéma dont ils parlent ils l’ont aussi utilisé hier avec BLA et cie…
Comme disait quelqu’un aux affaires autrefois: Nous sommes un pays démocratique que les Bongo viennent porter plainte ici pourquoi aller crier aux loups en France?
@Lucas. Allez faire votre kounabelisme ailleurs. Ce n’est pas parce que les Bongo ont fait des conneries que la connerie devient une bonne chose ou une règle que tout le monde doit répéter. Quant à votre BLA, c’est un gangster dont le prices doit être recommencé… C’est avec des raisonnements betes comme le vôtre que les gens ont encourage les Bongo et encouragent Oligui à poursuivre sur la même lancée
@Octave. C’est votre raisonnement qui est stupide car vous critiquez sans donner de piste de solutions. Il était question ici d’analyse pas d’encouragement.
Pourquoi crier aux loups quand vous mêmes étiez hier avec les loups? c’est de cette réflexion dont il est question pas de vos inepties.
@Lucas. Qui était avec les loups hier sinon vous qui venez ici présenter votre maître BLA comme une victime alors qu’il est l’un des concepteurs et bénéficiaire de ça ? Vous croyez que c’est en refaisant ce que les Bongo ont fait que le Gabon va changer ? Votre kounabelisme inné vous pousse à tout justifier avec des arguments de bar
Voilà un Président Africain,part aux États-Unis pour demander une casquette qui était sur la table .
https://www.lavenir.ci/international/10791-donald-trump-recoit-5-presidents-africains
Bjr. Morceau au choix :6eme paragraphe : « Maître Sur s’en prend également au procureur général, accusé d’une méconnaissance flagrante du droit. « La liberté n’est jamais provisoire. Ce qui est provisoire, c’est la détention. » Pour l’avocat, cette confusion sémantique trahit un usage abusif et mal maîtrisé des principes judiciaires les plus élémentaires ».
-Mr le procureur vous répondez quoi ?