S’il a récemment lancé un appel à l’aide, se disant agressé par un avocat et victime de la confiscation de ses biens immobiliers, Martin Edzodzomo Ella n’aurait livré qu’une partie de la vérité. Malade et sans logement stable, il se heurte à une décision de justice rendue en mars 2024, qui l’enjoint à fournir les preuves de sa propriété sur la concession litigieuse et à faire intervenir les héritiers de la défunte. C’est du moins ce que révèlent les documents transmis par l’avocat qu’il accuse. À y regarder de plus près, les pièces judiciaires dévoilent une affaire bien plus complexe, où héritage, tensions familiales et revendications mal étayées s’entremêlent.

Martin Edzodzomo Ella sur les antennes de Gabon première. © GabonReview/Capture d’écran

 

Sur les ondes de Gabon première, la voix est faible, entrecoupée par l’émotion. Martin Edzodzomo Ella, candidat à la présidentielle de 1998, lance un cri du cœur :  «Je suis gravement malade. J’ai été agressé violemment chez moi par un monsieur se disant avocat…» L’homme de 78 ans, jadis figure politique autoproclamée défenseur des pauvres, affirme avoir été pris pour cible, spolié de ses biens et expulsé d’une maison qu’il assure être la sienne. Saisi par son état, GabonReview se fait l’écho de ce cri. Pourtant, derrière cette plainte publique se cache une affaire beaucoup plus complexe, mêlant litige foncier, querelle d’héritage et rupture familiale.

Pour comprendre l’histoire, nous remontons avec l’avocat incriminé, Me Farafina Boussougou-Bou-Mbine, avocat au barreau du Gabon et… ex-beau-frère de Martin Edzodzomo Ella, également le représentant légal de la fratrie, aux années 1970. Martin Edzodzomo Ella rencontre Hortense Simbou Mbadinga. De cette union naît Nathalie Ezozomo, leur première fille. Peu après, le couple se sépare. Entre-temps, Hortense Simbou accouche de deux autres filles. En 1975, elle acquiert deux maisons jumelées à Mindoubé auprès de l’Office national de l’habitat (ONH), future Société nationale immobilière (SNI). La romance reprend à la fin des années 70.

Une histoire d’amour devenue contentieux judiciaire

Une quatrième fille, mais seconde avec Martin Edzodzomo Ella, Danièle Obono, voit le jour. Le couple finit par se marier le 13 décembre 1980. Mais le mariage tourne court. Dans une décision rendue dans le cadre de la conciliation en 1987, Hortense Simbou Mbadinga obtient la garde des enfants parce que mineures, et Martin Edzodzomo Ella est sommé de payer chaque mois, la somme de 100 000 francs CFA soit 50 000 francs CFA par enfant. S’y est-il réellement conformé ? La question reste en suspens. Le couple divorce officiellement le 25 mai 1988. Avec la séparation, les enfants sont avec les parents de leur mère qui décède en 1994 des suites d’un cancer, les maisons léguées à ses quatre enfants sont entre temps mises en location.

Les enfants n’entendent, selon les dires de l’avocat, à nouveau parler de Martin Edzodzomo Ella qu’en 2017. Il reste en retrait, mais refait surface non pas pour renouer les liens, mais pour réclamer l’usage de l’une des maisons, alors louée à un tiers. Selon lui, cette maison était le domicile conjugal. Et comme le régime de communauté n’a jamais été liquidé, il estime pouvoir la revendiquer. Il fait sortir le locataire, s’y installe, et invoque des raisons de santé et de précarité. Ce, alléguant que la procédure d’attribution de cette concession à Hortense Simbou Mbadinga n’avait pas abouti et que profitant de ses relations personnelles avec la SNI dont il était le banquier, il avait fini par obtenir ces logements.

Les juges tranchent

Ce, après avoir réglé la dette d’Hortense Simbou Mbadinga. Les héritières, installées en France, tombent des nues d’autant plus qu’elles assurent s’être mis aux côtés des neveux d’Edzodzomo Ella pour participer à le loger décemment. Elles étaient surprises de constater que ce dernier déloge un locataire pour s’y installer. Elles ordonnent l’expulsion d’Edzodzomo Ella qui squattait déjà et qui par ailleurs, ne parle plus avec ses enfants. L’avocat fait alors intervenir un huissier de justice qui le mettra dehors. L’expulsion a lieu. Mais Martin Edzodzomo Ella contre-attaque en justice.

Il affirme avoir réglé à l’époque la dette contractée par Hortense SImbou auprès de la SNI et estime que les maisons auraient dû lui revenir. Le 21 janvier 2019, la Chambre des référés de la Cour d’appel judiciaire de Libreville le déboute et le condamne aux dépens. La SNI confirme de son côté que les logements ont bien été attribués à feue Hortense Simbou Mbadinga. Un décret d’attribution définitive en atteste. Dernier acte judiciaire en date le jugement avant dire droit du 25 mars 2024. Saisi à nouveau, le tribunal civil de Libreville rejette sa demande de cessation de troubles et de revendication de propriété.

La cour l’invite à produire des documents prouvant ses droits sur la concession et ordonne l’intervention forcée des héritiers de la défunte à sa propre diligence. Un point resté lettre morte jusqu’à ce jour. Entre Martin Edzodzomo Ella et ses filles, le dialogue est rompu depuis longtemps. Autant d’éléments qui fragilisent sa position.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Pour dire que le candidat des Makaya a été un mauvais papa, un papa irresponsable. Pour que des enfants en arrivent là, il faut qu’une relation père-filles n’ait jamais existée dans dans le dialogue et l’intimité.

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