Ali Bongo et sa famille auraient quitté le Gabon dans la discrétion la plus totale

Alors que les autorités n’ont fourni aucune communication officielle, plusieurs sources concordantes affirment que l’ancien président et des membres de sa famille auraient quitté le pays dans le plus grand secret. D’autres sources indiquent une présence toujours au Gabon, dans des conditions d’assignation à résidence. Une déclaration du procureur général est attendue pour lever le flou.

Photo d’archive : Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia, et de leur ils, Noureddin. © X SylviaBongo (Montage GabonReview)
Ali Bongo Ondimba aurait discrètement quitté le territoire gabonais, selon des informations recoupées par GabonReview auprès de plusieurs sources bien introduites au sein des milieux sécuritaires et diplomatiques. Connue pour son engagement social et ses prises de position critiques sur la scène politique gabonaise, l’activiste et lanceuse d’alerte Princesse de Souba en a également parlé sur Facebook : «Ils viennent de quitter le Gabon avec leur fils Nourredine», a posté la lanceuse d’alerte ce 15 mai sur Facebook. Le départ se serait opéré hors des circuits officiels, à bord d’un vol privé non référencé dans les plans de vol civils, dans la nuit du 15 au 16 mai 2025.
Ces informations surviennent dans un contexte où le silence des autorités sur la situation réelle de l’ex-président et de sa famille contraste avec les engagements de transparence affichés depuis la transition politique. Interrogés à plusieurs reprises, les sources officielles du ministère de la Justice et de l’Intérieur, n’ont fourni aucune réponse.
Des transferts discrets avant un éventuel départ
Ainsi que l’a déjà écrit GabonReview se basant sur des sources judiciaires concordantes, Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin ont été transférés début mai de leur lieu d’incarcération vers la résidence familiale de La Sablière, dans ce qui est présenté comme une assignation à résidence motivée par des raisons de santé. Sylvia aurait quitté la prison autour du 6 mai, suivie de Noureddin le 9. Ali Bongo pour sa part, ainsi qu’on le sait, y résidait déjà, dans une forme de surveillance discrète depuis sa destitution en août 2023.
C’est depuis ce lieu que le président angolais João Lourenço a rendu une visite privée à Ali Bongo le 12 mai, en marge de sa visite officielle à Libreville. Si aucun communiqué n’a été publié, plusieurs sources diplomatiques, confirmées par la présidence angolaise ayant brièvement mentionné l’événement à travers une publication illustrée de photos, affirment que la rencontre a porté sur l’état de santé d’Ali Bongo et sur la situation judiciaire de sa famille. Ayant rencontré deux fois Ali Bongo – à l’arrivée et au départ – le président angolais aurait-il joué un rôle prépondérant dans ce dénouement ?
Il reste que depuis son retour en Angola, des zones d’ombre entourent la présence effective du clan Bongo à La Sablière. Les nombreuses sources bien informées évoquent un départ discret de la famille vers l’étranger, probablement à des fins médicales, orchestré dans la plus grande confidentialité.
Confusion, silence et attente d’une déclaration du Procureur général
Pour l’heure, il est impossible de confirmer publiquement ce départ, dans la mesure où certaines sources judiciaires affirment que la famille se trouve toujours à Libreville, mais sans être en mesure de le prouver. Le mutisme des autorités contribue à alimenter les spéculations, y compris dans les cercles diplomatiques, où plusieurs chancelleries, au parfum de la même rumeur récurrente, s’interrogent sur la nature réelle du traitement réservé à la famille Bongo.
«S’ils sont partis, cela ne pouvait se faire sans l’aval des plus hautes autorités», souligne un diplomate africain. «Et dans ce cas, pourquoi le cacher ?»
Selon des informations obtenues en fin de soirée par GabonReview, le Procureur général devrait s’exprimer dans les prochaines heures sur la situation de Sylvia Bongo. L’objectif affiché serait de clarifier les raisons médicales ayant conduit à son transfert hors de prison, et peut-être, d’évoquer indirectement la suite des événements.
Mais en l’absence de preuves tangibles sur leur localisation actuelle, le flou demeure total, et les autorités sont aujourd’hui sommées de répondre à une question élémentaire mais essentielle : Ali Bongo et sa famille sont-ils encore au Gabon ?
Une affaire symptomatique
«Si la justice est sincère, elle doit pouvoir dire où se trouvent des justiciables aussi emblématiques», estime un acteur de la société civile interrogé sur le cas. Et Laure Patricia Manevy, journaliste du média en ligne gabonais Sud-Version, de rappeler : «alors que son immunité avait été levée et qu’il faisait l’objet de poursuites pour trouble à l’ordre public après s’être autoproclamé président en 2011, André Mba Obame, principal opposant à Ali Bongo après la présidentielle de 2009, était interdit de sortie du territoire. Mais, cette mesure avait été levée pour raisons de santé, lui permettant de se faire évacuer. Les poursuites judiciaires étaient suspendues, sans être formellement abandonnées.»
«Le secret alimente la défiance», conclue-t-elle.
Cette séquence ne va pas manquer d’incarner, pour les observateurs de la vie politique gabonaise, les contradictions d’un régime de transition qui peine à concilier stabilité, justice et transparence. L’ancienne famille présidentielle, symbole d’un système que l’actuel pouvoir a promis de dépasser, semble bénéficier de traitements d’exception.
En l’absence de communication claire, les spéculations continueront d’alimenter l’idée d’une justice à deux vitesses, et risquent de ternir la crédibilité d’une transition qui, jusqu’ici, s’efforçait de montrer patte blanche.

1 Commentaire
L’Angola est un état voyou comme son président qui a profité de sa position et de la vulnérabilité de notre pays pour s’imiscer dans ses affaires internes et souiller sa justice. En effet l’image de rigueur et de droiture qu’Oligui a voulu se donner est un mensonge. Il ne peut se comparer à Rawlings dont la main n’avait pas tremblé.