Bassin du Congo : les autochtones réclament la reconnaissance légale de leurs territoires

Depuis ce vendredi 1er août 2025, Libreville accueille pour deux jours l’atelier régional sur la reconnaissance légale et l’harmonisation des données spatiales des aires conservées communautaires dans le Bassin du Congo. Un rendez-vous crucial pour les peuples autochtones et les communautés locales qui, depuis des années, réclament la reconnaissance officielle de leurs terres ancestrales.

Photo de famille, le 1er août 2025. © GabonReview
Écosystème vital pour la planète, le Bassin du Congo se distingue non seulement par son exceptionnelle biodiversité et son immense massif forestier, considéré comme le deuxième poumon vert mondial et le premier en matière de séquestration du carbone, mais aussi par la richesse culturelle des communautés qui y vivent. Pour Alex Ebeng Mbele, président de l’ONG Nsombou Abalghe Nzal (NADA), cette rencontre revêt une importance capitale. «Il s’agit de territoires communautaires et autochtones qui existent certes, mais qui ne sont pas reconnus», a-t-il rappelé, soulignant l’urgence de leur sécurisation juridique.
Reconnaissance juridique et données spatiales : un double enjeu

Les officiels le 1er août. © GabonReview
Les travaux engagés durant cet atelier poursuivent deux objectifs essentiels : d’une part, le partage d’expériences entre les pays de la sous-région sur les avancées en matière de reconnaissance légale des espaces communautaires ; d’autre part, la collecte et la valorisation des données spatiales relatives à ces territoires, dans le cadre de l’objectif mondial 30×30 sur la biodiversité. «Dans les travaux qu’on aura, il y aura les échanges d’expériences parce qu’il y a plusieurs pays. Il y a le Congo, la RDC, la Centrafrique, le Cameroun et bien d’autres partenaires qui sont venus d’ailleurs», a expliqué Alex Ebeng Mbele.
Soutenu par l’Initiative pour les droits et les ressources (RRI) et financé par les Fonds Bezos, cet événement vise également à faire le point sur les données disponibles et leur potentiel d’aide à la décision. Une étape jugée cruciale par les organisateurs. «S’il n’y a pas de données, il sera difficile pour le gouvernement de reconnaître ces endroits-là», a-t-il averti. Au programme de cet atelier figure aussi la présentation de la cartographie des aires communautaires déjà identifiées. Une démarche destinée à localiser les zones concernées, les résultats de recherches précédentes, les communautés qui y vivent, ainsi que les éléments de biodiversité et de patrimoine culturel, notamment les sites sacrés.
Vers un appui massif à la sécurisation des droits fonciers

© GabonReview
Un processus qui répond aux exigences de transparence et de précision des bailleurs de fonds internationaux. «On parle de quoi ? Dans quel endroit ? Il s’agit de combien d’hectares ? Il s’agit de combien de kilomètres carrés ? Parce que si je dois financer aujourd’hui, je dois savoir quel est mon point de départ, quel est mon point d’arrivée», a souligné Maxime Nzita, représentant des Fonds Bezos.
L’Initiative pour les droits et les ressources (RRI), coalition mondiale de plus de 200 organisations actives en Afrique, en Asie et en Amérique latine, plaide depuis des années pour les droits fonciers et l’accès aux ressources naturelles des peuples autochtones et des communautés d’ascendance africaine. Patrick Kipalu, représentant de RRI, a à juste titre précisé que, consciente du rôle fondamental des peuples autochtones, des communautés locales et des communautés afrodescendantes dans la conservation de la nature, «la RRI a lancé en 2022 l’initiative CLARIFI, qui vise à mobiliser 10 milliards de dollars américains d’ici 2030 afin de soutenir la reconnaissance du droit foncier de ces populations et la reconnaissance de leurs pratiques de conservation et de gestion durable de leur territoire».

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