Les pays de la zone franc viennent de commémorer les 40 ans de coopération économique, sociale et financière établie depuis 1972 avec leur ancien colonisateur. Le colloque sur le thème «Regards croisés sur 40 ans de zone franc», présidée par Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances de la France, était l’occasion de dresser un bilan de l’état de cette coopération et de dessiner l’avenir entre les deux parties.

Discours d'Alassane Ouatara, président de la Côte d'Ivoire, lors du colloque "Regards croisés sur 40 ans de zone franc" à Paris-Bercy - © présidence de la Côte d'Ivoire

De nombreuses personnalités issues des milieux politiques et financiers du continent noir, de France et de l’Océan Indien ont pris par le 5 octobre 2012 à Bercy (Paris) à la commémoration du 40e anniversaire des accords de coopération monétaire de la zone franc au cours de laquelle, les pays ayant le franc CFA en partage et la France ont prôné la redéfinition de nouveaux paradigmes de coopération, pour faire de la monnaie un meilleur outil d’intégration.

«Il s’agit pour nous, à travers le thème retenu à savoir «regards croisés sur 40 ans de Zone franc», de passer brièvement en revue les réflexions que nous inspire la coopération monétaire à la fois historique, singulière et fructueuse au sein de notre Zone, à la lumière des évolutions économiques et financières mondiales. Les accords de coopération monétaire entre la France et les États africains membres de la zone franc, que nous commémorons aujourd’hui sont le symbole de la qualité et de la profondeur des liens économiques, culturels et politiques qui unissent l’Afrique à la France», a déclaré le président ivoirien Alassane Dramane Ouattara.

«Malgré une bonne tenue des économies de la zone franc, eu égard aux indicateurs de performance, la majorité des pays est confrontée à une pauvreté galopante et à une insuffisance d’infrastructures socioéconomiques de qualité. Une situation aggravée par l’impact de la hausse des prix internationaux des denrées alimentaires et énergétiques», a souligné Alassane Ouattara.

À cette grande rencontre de Bercy où les différentes parties ont affirmé leur volonté commune de tourner résolument vers l’avenir la relation entre l’Afrique et la France, seule la Côte-d’Ivoire a été représentée par son président. L’absence des treize autres chefs d’État africains est la preuve, selon plusieurs analystes, du peu d’intérêt accordé par les Africains à ce colloque et d’une célébration au rabais des 40 ans du Franc CFA.

Pour Adama Coulibaly, spécialiste en sciences politiques, «l’histoire du franc CFA est très liée à l’occupation coloniale. Pendant cette période, c’était d’abord le franc des Colonies Françaises d’Afrique (CFA). Celui-ci donnera naissance, avec les indépendances, au franc de la Communauté financière africaine, constituant ainsi la monnaie de plusieurs pays d’Afrique […] S’il y a un bénéfice que les pays africains ont tiré de cette coopération monétaire, c’est bien l’acquisition d’une expertise en matière de gestion d’une monnaie communautaire. Toute chose qui doit nous conduire vers la création d’un espace monétaire propre».

«Pour un État, la monnaie représente un symbole de souveraineté. L’autorité monétaire de nos pays, la Banque Centrale, doit élaborer en toute indépendance la politique monétaire afin d’atteindre les objectifs de la politique économique notamment la croissance économique et la création d’emploi. Les Pays africains doivent garantir leur propre monnaie pour bâtir une économie soutenue», recommande Adama Coulibaly.

Selon la Banque de France, la zone Franc en Afrique représente plus de 7 millions de km² (20 % de la superficie du continent africain) et plus de 140 millions d’habitants (13 % de la population du continent). La densité y est très variable allant de 6 habitants/km² au Gabon jusqu’à 340 habitants/km² aux Comores.

En 2011, le produit intérieur brut (PIB) hors France s’est élevé à 119,5 milliards d’euros. Comme dans le reste de l’Afrique subsaharienne, les pays africains de la zone Franc connaissent depuis une dizaine d’années une croissance soutenue, avec un PIB réel augmentant de 3 à 4% par an en zone UEMOA et de 5 à 6% en zone Cemac. Cette croissance est favorisée par la hausse tendancielle des cours des matières premières, l’accroissement des investissements publics et privés et la hausse de la demande intérieure. Les réformes de gouvernance financières et fiscales réalisées dans les pays africains de la zone franc, et les allégements de dette consentis par la communauté internationale, ont permis aux pays africains de la zone franc de réduire leur taux d’endettement public de 67 % du PIB en 2004 à environ 30 % en 2011.

Réunion des ministres des finances en 1972 pour la création de la zone Franc - © Ministères de finances françaisLa zone franc rassemble quinze États africains dont huit États d’Afrique de l’Ouest à savoir le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo formant l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), et six États d’Afrique centrale : le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad, formant la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Les accords de coopération ont été signés le 23 novembre 1972 à Brazzaville en ce qui concerne les États de l`Afrique Centrale et le 4 décembre 1973 à Dakar, pour les pays membres de l`Union monétaire ouest-africaine.

Vue générale du colloque «Regards croisés sur 40 ans de zone franc» présidé par Pierre Moscovici - © Ministère des Finances français

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Fred dit :

    C’est tout ?!?!?!
    Sortir du CFA.. non ?!?!

  2. ni lire ni écrire dit :

    Il est sympa Adama Coulibaly, mais il oublie étrangement qu’une monnaie indépendante requiert des réserves en devises fortes. Etant donné la constante dégradation des termes de l’échange, on n’est pas prêt de les réunir. En réalité, le fait que nos économies soient liées à l’Euro n’est ni une bonne ni une mauvaise chose. C’est même relatiement une bonne chose si on compare ceux qui ont tenté l’aventure en solo comme la Guinée, la Gambie ou la RDC. Quand on voit comment les monnaies des petits pays peuvent être attaquées sur les marchés financiers. Quant on voit la situation en Iran, actuellement, on se demande ce que nous aurions à gagner à ce symbole dangereux de notre prétention à une indépendance que nous n’avons toujours pas admise dans nos têtes 50 ans après. (Cf les appels du pied de l’opposition à Paris et certains commentaires affligeants sur ce forum)
    La Slovaquie a adopté l’Euro alors qu’elle était à peine plus développée que l’Afrique. Ca ne l’a pas empêché d’avoir la plus forte croissance en Europe. Notre franc CFA ne nous empêche pas, pour la plupart d’entre nous, d’afficher une croissance qui fait palir d’envie nos anciens maîtres. Croire qu’affaiblir la monnaie est un instrument de souveraineté est d’une stupidité sans nom d’un point de vue économique, même si ça flatte les bas instincts des politicards qui voient très bien les bénéfices qu’ils pourraient tirer personnellement d’une telle opportunité.
    Je renvoie ceux qui l’ignorent à ce magnifique film français avec Jean Gabin et Bernard Blier intitulé « le Président », pour comprendre à qui peut servir une dévaluation monétaire. Pas au peuple, hélas.

  3. Encore eux dit :

    40 ans de zone franc en Afrique, une vrai arnaque.

    Notre pays doit sortir de cette zone monétaire qui nous prive d’une moitié de nos devises et favorise l’inflation dans notre pays le Gabon.

    40 ans d’enrichissement de la France, ça suffit comme ça!!!

  4. roga roga dit :

    Nos devises dans un système de change fixe comme c’est le cas de zone CFA- euro servent justement à maintenir la parité fixe lorsqu’il s’agit d’acheter le CFA sur le marché de change afin que la parité de dérape pas.Évidemment en cas de faibles tensions sur le CFA, la France les utilise pour ses propres intérêts.

Poster un commentaire