La journée mondiale des toilettes a été célébrée le 19 novembre. Au Gabon, cet événement est passé inaperçu. Pourtant, l’accès aux toilettes est un problème persistant. Plusieurs Gabonais font partie des 4,5 milliards de personnes dans le monde ayant un accès difficile aux toilettes.

Un exemple de toilettes qu’on retrouve encore dans la capitale gabonaise. © D.R.

 

«Aujourd’hui, 4,5 milliards de personnes vivent sans toilettes. Cette crise mondiale de l’assainissement est en train de transformer notre environnement en un égout à ciel ouvert» ! Cette «puante» réalité rappelée par l’Organisation des Nations unies (ONU), à la veille de la commémoration de cette journée met en relief le calvaire vécu au quotidien par les 2/3 de la population mondiale.

Des milliards de personnes sont donc privées de sanitaires et défèquent en plein air. Certains disposent de toilettes, mais celles-ci ne permettent pas «une gestion hygiénique des excréments». Beaucoup de Gabonais sont concernés par ces deux cas.

Ça pue, les « jetées-jetées » !

À l’intérieur du pays et particulièrement dans la capitale gabonaise, plusieurs habitations ont été construites sans lieux d’aisances. Il suffit de se rendre dans les quartiers populaires pour découvrir cette triste réalité. De Kinguélé à Venez-Voir, en passant par les Akébé et bien plus, il n’est pas rare de tomber sur les » jetées-jetées », ces maisons sans toilettes. Ceux qui y habitent utilisent des sachets dans lesquels ils défèquent et qu’ils jettent dans la nature.

Ces sachets atterrissent parfois « sur les toits des maisons ou dans la cour des gens, mais on n’a pas le choix», rapporte un habitant du quartier Venez-Voir, qui lui-même loue l’une de ces Jetées-jetées.

Généralement, ils attendent la tombée de la nuit pour jeter leurs sachets ou «se mettre à l’aise dans l’herbe», après s’être douloureusement retenus parfois toute la journée. «Nos voisins coupent difficilement l’herbe chez eux. Et ça pue la merde. Avec le temps, on a compris que ça leur sert de toilettes, car ils n’en ont pas», témoigne Lynda, une habitante du PK7.

Une belle pioche pour Brice Laccruche Alihanga

Au-delà des Jetées-jetées, le problème est prégnant dans l’espace public. Si l’absence de toilettes publiques est toujours à l’ordre du jour au Gabon, dans les écoles et administrations publiques, l’accès aux toilettes pose problème. À défaut d’être inexistants, ils sont en très mauvais état, faute d’entretien. Ce qui pose particulièrement problème aux filles, notamment lorsqu’elles ont leurs règles.

Un dossier que pourrait suivre Brice Laccruche Alihanga, dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), notamment celui relatif à «l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement». À 10 ans de l’échéance, les toilettes sont ciblées pour l’atteinte de cet objectif. Pour l’ONU, le monde doit avoir «accès à des services d’assainissement et d’hygiène adéquats».  Il s’agit de «mettre fin à la défécation en plein air, en accordant une attention particulière aux besoins des femmes et des filles et des personnes en situation vulnérable».

Selon l’ONU, «si cet objectif n’est pas atteint, l’ensemble du Programme de développement durable à l’horizon 2030 est compromis». Le Gabon pourrait davantage se pencher sur la question pour soustraire de ce calvaire une bonne partie de la population. Ce d’autant plus qu’il dispose désormais d’un ministère chargé du Suivi de la stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable (ODD).

 
GR
 

1 Commentaire

  1. bill ngana dit :

    Belle tacle de GR à BLA ! En effet, qui l’eût cru, que dans le cadre de ses activités professionnelles, on attendrait qu’il s’occupât des lieux d’aisance… même si c’est dans le but de faire avancer le Gabon vers la réalisation des objectifs du siècle ? Mais-delà de ce regret, il faut dire que les Gabonais, surtout le plus grand nombre, ont peu évolué vers une mentalité conforme aux usages des citadins modernes. En effet, au village, lieu de stagnation des usages traditionnels, les lieux d’aisance sont confinés quelque part dans la nature, lin des cases ; ils bénéficient rarement d’une attention qui ferait d’eux des endroits de grand luxe : toujours sommaires, avec des latrines et des odeurs nauséabondes, des insectes bruyants et agressifs, etc. En ville, précisément dans les lieux publics du Gabon contemporain, point de toilettes. Et lorsqu’elles existent, elles sont cadenassées. Le plus dramatique, c’est dans les écoles, où les enfants vivent un vrai calvaire au vu et au su des responsables de l’Education nationale. Là-bas, il y a bien des infrastructures pour accueillir un nombre satisfaisants d’enfants dans le besoin, mais point d’eau ni de service de nettoyage. Idem dans la majorité des services administratifs, dont les hôpitaux constituent un exemple du grand recul du Gabon. Déjà malades, les usagers doivent retourner dans la rue ou dans la nature, pour se soulager entre deux véhicules en stationnement ou derrière un quelconque bâtiment avec les risques que cela comporte. Pourquoi tout cela ? Tout simplement parce que les politiques publiques ont décidé d’agir ainsi, laissant voir, dans toute sa latitude, le violent égoïsme de certains de nos dirigeants. Espérons que le fait d’instaurer cette journée permettra de corriger cette erreur dans les administrations, quitte à embaucher des permanents pour assurer la gestion des lieux d’aisance.

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