Depuis octobre dernier, une vingtaine de cadres du secteur parapublic et de hauts fonctionnaires de l’administration publique ont été limogés. Selon des sources généralement bien informées, ils ont été démis de leurs fonctions pour «intelligence avec l’ennemi».

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Léon-Paul N’Goulakia a été le premier de cordée ! Lors d’un Conseil des ministres à la fin du mois d’octobre 2015, l’ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS) a été «remercié» du poste de directeur général de la Caisse de stabilisation et de péréquation (Caistab). Il venait de démissionner du Parti démocratique gabonais (PDG), dont il était membre du Bureau politique pour le département de la Lékoni-Lékori (Akiéni), et son entourage promettait alors qu’il ferait une importante déclaration.
D’autres limogeages de hauts cadres de l’administration et du secteur parapublic sont par la suite intervenus, notamment celui de François Banga Eboumi. L’ancien ambassadeur du Gabon au Maroc et, lui aussi, ancien secrétaire général du Conseil national de sécurité (CNS) a été «remercié» de ses fonctions de président du Conseil d’administration de la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP) il y a deux mois. Motif : il avait écrit et publié, dans un journal, une «tribune libre» à travers laquelle il s’étonnait de ce qu’Ali Bongo n’appelle pas à un dialogue national au moment où des tensions politiques étaient perceptibles et pouvaient menacer la stabilité du pays. Banga Eboumi soulignait alors, en tant qu’«omarien», que chaque fois qu’Omar Bongo Ondimba s’était retrouvé dans la même situation, il tendait la main pour dialoguer avec l’opposition et la société civile.
Surtout ne pas être le parent d’un candidat à l’élection présidentielle
En mai dernier, quelques semaines après la déclaration de candidature du tout récent ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba Ndama, à la présidence de la République, Simplice Mouango Bounguendza, alors directeur général du Patrimoine, des Équipements et de la Planification au ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement technique, a été rébvoqué de ses fonctions. Malgré des états de service que l’on disait plutôt bons, il lui était «reproché» de trop fréquenter son frère aîné, Guy Nzouba Ndama. Un haut fonctionnaire irréprochable «viré» parce qu’il est… le frère d’un candidat à la présidence de la République !
Début-juin, à l’issue du Conseil des ministres du 3 juin, Guy Ekouma, haut fonctionnaire au ministère du Travail et de l’Emploi, en a été limogé du poste de directeur général des Ressources humaines. Ce cadre de Bitam dans le Septentrion avait assisté à un meeting de Guy Nzouba Ndama dans sa ville natale lors de la tournée de l’ancien élu du canton Lolo-Wagna dans le Woleu-Ntem ! Puis, est arrivée la mise à l’écart d’Alfred Nguia Banda lors du Conseil des ministres du 7 juin.
«Assis à la maison»
Cet originaire de la Lékabi-Léwolo a eu «tort» de démissionner du parti au pouvoir, et de lancer sa propre formation politique, le Rassemblement républicain et socialiste (RRS). Il fait dorénavant partie de ces hauts cadres que le régime de l’Émergence a envoyé «s’asseoir à la maison». Il y aurait au moins une vingtaine de cadres «assis à la maison» depuis sept mois, estime Laure-Patricia Manevy, journaliste de La Nouvelle République,  abonnée à la rubrique «Mesures individuelles» des communiqués finaux du Conseil des ministres.
Au-delà de ces décisions reposant sur des bases essentiellement politiques, l’opinion note qu’il s’agit de cadres et de hauts fonctionnaires dont la gestion n’a pas été dénoncée ou sanctionnée. Sont-elles prises pour garantir la neutralité de l’administration ? Sont-elles prises pour que les hauts fonctionnaires ne se mêlent pas de politique de manière ostentatoire ? Certainement pas, puisque les directeurs généraux des entreprises publiques ou de l’administration centrale sont régulièrement vus sur le terrain, mais ils ne sont jamais limogés lorsqu’il s’agit de ceux qui appartiennent au PDG. Les Manfoumbi, Otandault, Ikambouayat Ndéka, Moukaga, Lepoukou, Koumba Nzaou (avant d’être élu au Sénat), Folquet et autres n’ont jamais été sanctionnés pour des «faits politiques» parce qu’ils sont membres du Parti démocratique gabonais. Il s’agit donc d’une chasse aux sorcières, même si certains hiérarques du PDG feignent de l’ignorer.
La chasse aux sorcières avait démarré en réalité, faut-il le rappeler, dès le premier Conseil des ministres de l’ère de l’Émergence, le 19 octobre 2009. Près de 400 fonctionnaires et autres agents publics étaient «envoyés sur la touche». Cette «politique ségrégationniste» connut son apogée lors de la formation du gouvernement alternatif d’André Mba Obame en janvier 2011 avec des mesures de répression : mises à l’écart, suppressions ou suspensions de salaires, non-affectation dans les services publics,etc. Mais, cette chasse aux sorcières peut parfois se manifester par des arrestations arbitraires et des emprisonnements injustes, comme vient de le vivre le trésorier de l’Assemblée nationale, Jean-Pierre Douckaga Kassa, soupçonné d’«intelligence avec l’ennemi» ; l’ennemi ici étant Guy Nzouba Ndama. Jean-Pierre Douckaga Kassa vient de passer 45 jours de «détention préventive» pour des motifs visiblement politiques.
La chasse aux sorcières a causé un grand dommage à l’administration publique en la privant de cadres souvent brillants et parfois plus compétents que ceux qui sont en poste aujourd’hui…
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Rhody Junior dit :

    C’est là la démocratie et le changement promis… Merci Ya Ali… Tu verrouilles ton pouvoir pour régner à vie comme ton prédécesseur… Et tu viens dire « Changeons ensemble »… Changez vous même!!!

  2. Kem Wr dit :

    Il est vrai que se prendre un « Kick in the ass » pour avoir tenté présomptueusement de faire l’esprit n’est pas toujours très marrant, mais il faut aussi avoir le courage d’assumer les éventuels effets indésirables de nos prises de position surtout en contexte de rapports de force. Avant d’aller en guerre, il faut toujours s’assurer qu’on à la ressource nécessaire pour faire face aux feux de l’ennemi ; dans le cas contraire ont envoie des émissaires devant soi pour négocier la capitulation et la paix. Ça aussi c’est une leçon de vie qu’on retrouve même dans les évangiles. Certes, l’administration publique et parapublique gabonaise n’est la propriété de personne, mais aucun fonctionnaire n’est n’ont plus indispensable. Si au lieu de faire votre travail dans le calme, vous vous lancez imprudemment sur le terrain de la contestation politique, votre poste, devenu vacant par le fait même, est attribué à un autre gabonais désireux de travailler et d’apporter sa contribution à la construction du pays. De plus, un haut cadre de l’administration qui viole le devoir de réserve le liant aux plus hautes autorités de l’Etat doit-il s’attendre à autre chose qu’un « Kick in the ass » virevoltant? Ce n’est pas une simple chasse aux sorcières, mais une conséquence logique. Qui sème le vent récolte la tempête ! Le problème, c’est plutôt l’inconséquence de plusieurs d’entre nous. On sème le vent tout en nous attendant à récolter un beau temps ensoleillé avec, par-dessus le marché, des fleurs et une belle carte de félicitations signée par le Bord de Mer !

    • angazouamane dit :

      Cher Kem Wr, c’est bien là le Gabon que vous les émergents vous préconisez. Celui de la pensée unique et totalitaire. Ce pays où il est tout à fait normal d’entendre le Chef de l’Etat en personne ordonner à ses ministres et par conséquent aux fonctionnaires de leurs ministères de descendre sur le terrain 03 jours par semaine pour battre campagne pour lui. Mais dès qu’un autre fonctionnaire se permet seulement d’aller écouter le message d’un opposant, il mérite d’etre limogé de son poste et il ne s’en prendra qu’à lui meme selon toi. Un chanteur a dit qu’etre né quelque part est un pur hazard. Personne n’a choisi de naitre à Omboué, Koulamoutou ou encore Oyem et Zamaligue. Mais au Gabon des émergents et tu le soutiens, tous ceux qui ont eu la mauvaise fortune d’etre parent à un opposant ne « font pas leur travail dans le calme » et méritent par conséquent un coup de pied au cul, conséquence logique de leur imprudence qui aura été simplement d’etre né quelque part. Mon frère tu es très dangereux et je le dirai toujours parce qu’à chaque fois que je lis ce tu écris j’ai la chair de poule pour ma nation. Je ne suis personne pour te rappeler que c’est le délit de nationalité que tu préconise ouvertement contre tes compatriotes qui est à l’origine des plus grands désastres que l’humanité ait connu. Comment pourrais-je renier mon parent parce que je veux conserver mon poste ? est-ce que j’ai choisi de venir naitre avec lui ? Aujourd’hui tu soutiens les limogeages, c’est certain que demain, tu vas soutenir notre extermination, la solution finale comme un obscur conseiller l’a fait hier auprès du Furher. Sache toutefois que nous sommes en 2016 et non en 1940. Vous serez mis hors d’état de nuire avant l’accomplissement d’un tel dessein.

    • mone fame dit :

      Mon cher compatriote @Kem Wr.
      Le devoir de réserve n’a pas vocation à préserver un quelconque « lien mafieux » entre le fonctionnaire et les « plus hautes autorités de l’Etat ».
      Tout réflexe ou acte suscité par l’obligation de réserve vise à préserver les intérêts supérieurs du peuple, seul souverain dans une république et démocratie comme le Gabon, où tout citoyen, quel que soit son statut, est justiciable.
      Il est bien vrai, pour le regretter, que l’imposteur ali né-biafrais n’ayant jamais été « élu comme on l’entend », a englué dans l’impasse la haute cour de justice, compétente pour examiner et juger tout délit commis par tout compatriote relevant de l’exécutif.
      Ce dispositif essentiel, la haute cour de justice, devrait consacrer le caractère républicain du Gabon et l’Etat de droit finalement souillé et perdu au profit des ambitions bien personnelles d’ali et son clan.
      Patriotiquement.

    • Le Villageois dit :

      Avez-vous bien lu l’article que vous commentez ? Que pensez-vous des cadres du PDG qui font la politique sans être inquiétés de limogeage ? Ce qui est dénoncé ici c’est le « deux poids deux mesures ». Enfin, même un fonctionnaire a le droit de penser autrement. C’est dangereux de priver le pays de talents tout simplement parce qu’ils ne font pas des courbettes dans le PDG. Vous nous parlez de guerres et d’ennemis…on s’en fout… On parle simplement de l’administration publique. Ces gens pour la plupart ont été formés avec l’argent public, notre argent, le mien et le votre, ce n’est pas pour qu’ils viennent s’asseoir à la maison. Cet investissement devient une perte ! D’autres nations se battent pour attirer et retenir les talents… Au Gabon on se plaît à les broyer indépendamment de leurs performances.

    • LEMOABI dit :

      Question: Peut-on alors selon votre raisonnement reprocher à Ping de faire ’’la chasse aux cafards’’ si la chasse aux hauts cadres du pays qui ont une pensée contraire est ouverte en toute saison de l’ere de l’émergence?
      Franchement, c’est dégueulasse et indigne des pratiques du 21e siecle.
      Que personne ne crie quand ce qui est fait à certains aujourd’hui leur sera fait demain.
      Je propose aussi ma défition du mot ’’cafard’’ dans le contexte politique et social du Gabon.
      Cafard: Toute personne de nationalité gabonaise ou étrangere qui, de par sa fonction politique ou administrative;de par sa position sociale; de par sa relation de copinage avec le pouvoir politique en place au Gabon depuis 2009; a

  3. Gabon mon HERITAGE dit :

    Il faut dire que moi je suis content de tout ces règlements de compte. Ceux qui aujourd’hui sont virés avaient la possibilité hier de tirer la sonnette d’alarme. Ils ne l’ont pas fait. Alors nous on s’en moque. Et puis, ils ont amassé suffisamment de sous les NGUIA BANDA NGOULAKIA BANGA EBOUMI….. Qu’ils aillent au DIABLE

    • Lekori dit :

      Gabon mon HERITAGE. Et ton champion Ping, il a dénoncé quoi, quand ? A-t-il pipé un mort durant la mort de Rendjambé ou l’emprisonnement d’Agondjo ? A-t-il dit un mort durant les émeutes de Port-Gentil en 2009 ? Quand on soutient un tel lâche, un type prêt à vendre sa famille pour un poste, on se garde de donner des leçons aux autres….. Allez au diable avec votre Ping

  4. Fabien Engouang Ovono dit :

    C’est triste. Est-ce cela le changement promis? Au lieu de se replier sur soi- même, le pouvoir gagnerait en discutant.

  5. LeCaiman dit :

    Mais pourquoi ces proches ou même parents de l’actuel président ne nous apportent pas les éléments pouvant prouver qu’il n’est pas ce qu’il prétend être?
    Ou je vais finir par croire que personne ne peut rien prouver et donc qu’au finish il peut continuer à faire et défaire comme c’est le cas pour ces fonctionnaires?

  6. Petit Piment dit :

    Selon des sources généralement bien informées, ils ont été démis de leurs fonctions pour <> ! Les Administration publique et parapublique ne sont la propriété de personne. Place aux jeunes. Pourquoi ces hommes devraient être maintenue éternellement en fonction? Ce sont les seuls hommes aux Gabon, capable de diriger dans ce Pays?
    Je constate juste que tous les cités sont d’anciens PdGistes qui pendant qu’ils mangeaient avait la bouche fermé. Une fois leurs privilèges retirés ils sont devenus de « Bon » fonctionnaires ! Franchement a d’autre, le peuple n’est pas dupe…!

  7. Hiboux dit :

    Signe lamentable de la fin du modèle social gabonais ayant fonctionné assez bien jusqu’à la fin de la première décennie des années 2000.
    Attention un brutal et impardonnable effet boomerang, »émergents »

  8. Misse me Zeme dit :

    J’aime bien le titre « Réouverture de la chasse »…Un titre à la Libé ! Et le contenu aussi est bien argumenté. Egalité des chances ? Justice sociale ? Nous y sommes vraiment ? Certains sont sanctionnés, pas d’autres !

  9. Misse me Zeme dit :

    L’Etat doit demeurer neutre. Si certains sont au PDG et s’affichent clairement, qu’il soit permis à d’autres de s’afficher clairement dans d’autres bords. Parole de pédégiste.

  10. LEMOABI dit :

    Question:
    Peut- on alors, selon votre raisonnement, reprocher à Ping de promettre ’’la chasse aux cafards’’ si la chasse aux hauts cadres du pays qui ont une pensée contraire est ouverte en toute saison dans l’ere de l’émergence?
    Franchement, c’est dégueulasse et indigne des pratiques du 21e siecle.
    Que personne ne crie quand ce qui est fait à certains aujourd’hui leur sera fait demain.
    Je propose aussi ma défition du mot ’’cafard’’ dans le contexte politique et social du Gabon.
    Cafard: Toute personne de nationalité gabonaise ou étrangere qui, de par sa fonction politique ou administrative; de par sa position sociale; de par sa relation de copinage avec le pouvoir politique en place depuis 2009; a participé ou contribué au pillage économique et financier du Gabon ainsi qu’à l’avilissement du Gabonais en chantre de la pensée unique.
    Le mot cafard étant ainsi défini, je suis convaincu que les O.N.G bidons, les églises achetées et les ’’ cafards’’ eux-memes ne seront pas tres à l’aise pour crier au scandale sur les propos de Ping.

  11. Hervé dit :

    C’est d’une absurdité sans nom.
    Merci pour cet articles, GR.

  12. MBAY dit :

    ça sent du roussi chez les BOUKOUBI. Avec le limogeage après rétropédalage du gouvernement de sir LESSY MOUKANDJA ARSENE, les BOUKOUBI expérimentent à nouveau un baroud d’honneur, un véritable chant du signe pour le petit de lémengué avec sa petite parentelle de protégé: yobééé !

  13. olivier dit :

    s il vous plait vous pouvez m aider sur quel est le role des services parapubliques et publiques au gabon??

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