1825 jours aujourd’hui qu’Alain Saint Pierre, animateur-vedette ayant fait les beaux jours d’Africa N°1, a été arraché à la planète des hommes. Promoteur et érudit des musiques contemporaines africaines, il était l’ami de Koffi Olomidé, Meiway et Papa Wemba, entre autres. Il avait 52 ans.

Alain Saint Pierre. © D.R.

Alain Saint Pierre. © D.R.

 

Parce qu’il était aussi un ami de la rédaction de Gabonreview où il glissait de temps en temps des articles dans la rubrique culture, on aimerait tant chanter pour lui ces quelques paraphrases de «Wish You Were Here», la chanson de Pink Floyd :

© Gabonreview

© Gabonreview

«Comme on aurait souhaité, comme on aurait souhaité que tu sois ici

Nous ne sommes que des âmes perdues

Nageant dans un aquarium

Année après année

Courant sur la même terre usée

Qu’avons-nous trouvé ?

Les mêmes vieilles peurs

On souhaitait que tu sois ici»

Animateur-vedette d’Africa N°1, Alain Saint Pierre, l’homme dont la carte de visite sonore était «Si la musique est une drogue, je suis un dealer !», est en effet décédé le 4 juillet 2011 à Libreville au Centre hospitalier de Libreville des suites d’un fulgurant cancer de la gorge, diagnostiqué dix jours seulement auparavant. Né le 15 mai 1959 à Lambaréné, il était connu pour avoir animé durant de longues années, sur la radio panafricaine Africa N°1, l’émission Kilimandjaro, un hit-parade consacré à la musique africaine. On se souvient également, sur la même radio, des émissions Oxygène (humour), Fréquence Douce (musique), Tim et Tina (feuilleton radiophonique), Bol d’Air (humour) et Africadance (happening musical dans les night-clubs des capitales africaines). Cette hyperactivité et la notoriété internationale qu’il avait acquise lui ont ouvert grandes les portes du show-business africain. Il y a côtoyé de grosses pointures et s’est lié d’amitié avec beaucoup d’entre elles, à l’instar des Congolais Koffi Olomidé et Werrason ou de l’Ivoirien Meiway.

Formé à l’Institut Garone et à la Faculté d’Economie & commerce de Rome (Italie), il rentre au Gabon muni d’un Master d’Economie et Tourisme, après avoir travaillé au C.I.T. (Rome) et à Cooptur Emilia Romagna (Bologne). Alain Mondjo, de son vrai nom, rejoint Africa N°1 en janvier 1990 et y restera jusqu’en février 2003. Il avait trouvé, entretemps, le moyen de se déployer sur d’autres fronts. Notamment auprès d’United World Communication (Libreville) comme responsable de la communication et du réseau d’affichage, et à la 2ème chaine de la Radiodiffusion télévision gabonaise (RTG) où il a été producteur indépendant de quelques émissions de télévision. Durant les cinq dernières années de sa vie, il avait consolidé sa notoriété nationale en créant et en animant, sur TV+ et Go Africa, l’émission de variétés Safari Ambiance.

Alain Saint Pierre qui était, par ailleurs, le promoteur d’une agence de communication, ASP.Com, spécialisée dans l’événementiel, trouvait le moyen de rédiger régulièrement des articles sur la musique dans certains journaux locaux (Misamu, La Nouvelle République, Gaboneco et Gabonreview). Sociétaire, au début, de l’annuaire artistique Le Gombiste, il était également très consulté comme personne ressource, en ce qu’il apparaissait comme un érudit des musiques contemporaines africaines.

Blagueur éternel, il menait une vie disciplinée et sobre. Il ne fumait ni ne buvait alors que son métier le trimbalait très souvent dans les mondanités. C’est à cet effet que le perfide cancer qui l’a emporté à l’aube de la cinquantaine, avait surpris tous ceux qui le connaissaient bien. L’annonce de sa mort avait déconcerté des millions de personnes à travers toute l’Afrique, poussant certains à faire le déplacement de Libreville pour ses obsèques, à l’instar de Robert Brazza, le journaliste et animateur de Canal+ Afrique. Si le poète anglais Percy Shelley clamait « Paix, Paix. Il n’est pas mort. Il n’est pas endormi. Il s’est réveillé du songe qu’est la vie», on pourrait également dire, avec Renaud Séchan : s’il y a un bon Dieu, il a dû l’accueillir à son enseigne, parce que Alain Saint Pierre était un chrétien pratiquant.

«Comme on aurait souhaité, comme on aurait souhaité que tu sois là !»

 

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Ghislain ETOUGHET dit :

    Merci cher François Ndjimbi pour ce bel hommage à Alain Saint-Pierre ! J’ai travaillé avec lui sur Africa n°1, et je sais quel bosseur c’était ! Il était aussi très attentionné pour moi son petit frère.

  2. Carnaud ATOMO MENGUE dit :

    Grand-frère François, merci d’avoir pensé à rendre cet hommage à ASP, mon autre grand-frère. Je voudrais juste souligner la justesse de tes écris, c’est bien tout le portrait d’Alain Saint-Pierre que tu viens de faire.

    Comme on aurait aimé qu’il soit là! Comme on aurait encore aimé entendre cette voix, et voir ce sourire captivant. Comme on aurait voulu le toucher et apprécier sa sobriété qui n’avait d’égale que sa propre notoriété. ASP tu reste oui, mon « grand-frère » que je n’oublie pas.

  3. Obame dit :

    Très bel hommage à ce grand connaisseur de la musique contemporaine africaine qu’était Alain Saint Pierre.
    A titre personnel je me souviens de l’émission ´Tim et Tina ´ j’avais 15 ans, je ne la ratais jamais car a l’époque je pensais qu’il s’agissait de faits réels tant les acteurs et les thématiques étaient réalistes.
    Encore merci Monsieur Djimbi pour ce texte.

  4. Ari dit :

    Grand merci a toi Alain Saint Pierre de nous avoir aide a gravir la montagne « Kilimandjaro », durant plusieurs annees, pour apprecier du haut de son sommet les musiques Africaines. Personnellement cela avait elargi ma connaissance musicale.

    Et je profite de cette occasion pour rendre hommage egalement aux autres anciens animateurs de la radio panafricaine a l’epoque: Jerry, Yves Ziza, Denise Boukandou, Francis Edou, Teddy Ossey, Gregory, Arcade, Futura, Felix Mandon, Gilles Sala, Philipe Divine,…
    A vous Francois Ndjimbi, merci d’y avoir pense. Car cet hommage a Alain Saint Pierre est tres touchant.

  5. boussengui dit :

    c’est touchant, tous ces animateurs nous ont fait rêvé, respect pour ASP

  6. Serge Sengi dit :

    Grâce à Kilimandjaro l’Africa No1 était ma meilleure radio. Tu avais la plus belle voix. Je garderai toute ma vie et je ne cesserai de dire à tout le que tu étais le meilleur de tout et que grâce à toi la musique africaine particulièrement congolaise était au zénith. Il fallait que tu sois là.

  7. Ines Audrey MONDJO dit :

    Tu me manques tellement papa

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