L’interception de 75 millions de francs CFA (seulement) destinés à une dame présentée comme l’ex-épouse du président gabonais aurait poussé à l’ouverture d’une enquête révélée, le 25 février 2014, par The Wall Street Journal, un quotidien américain à grand tirage.

© infostormer.com

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Quotidien national américain traitant de l’actualité économique et financière, The Wall Street Journal a publié, dans la matinée du 25 février 2014, un article faisant état d’une enquête des autorités américaines sur des transferts de fonds du Gabon vers les Etats-Unis. Il est question pour eux de déterminer si certains des fonds pistés sont issus de la grande délinquance financière de ce pays d’Afrique centrale. Le journal s’appuie un document juridique des services concernés et des témoignages de personnes au fait de la question.
«Dans le cadre des efforts visant à lutter contre une probable criminalité financière de l’étranger, les agents de la sécurité intérieure et des procureurs du ministère de la Justice ont effectué des recherches aux États-Unis sur des avoirs liés au président gabonais Ali Bongo et sa famille, ainsi qu’à son directeur de cabinet, Maixent Accrombessi», note The Wall Street Journal, avant d’indiquer que les procureurs pourraient chercher à saisir les biens qu’ils estiment mal acquis.
Le journal précise que cette affaire «met le Gabon sous le feu des projecteurs de la politique américaine en Afrique. Le président Barack Obama cherche à accroître les liens commerciaux et militaires en Afrique avec des pays partenaires stables comme le Gabon dont l’économie a enregistré une croissance d’environ 7 % cette année. Cependant, le département de la Justice a adopté une position plus ferme contre la corruption sur le continent». Et de rappeler que deux enquêtes du Sénat américain portant sur les fonds étrangers et datant de 1999 avaient conclu que Omar, le défunt père d’Ali Bongo, avait profité de son statut pour amasser une fortune personnelle durant le boum pétrolier dans son pays.
Des fonds pour une ex du Président
Revenant à l’actuel dirigeant du Gabon, le journal américain précise que «l’enquête en cours a commencé l’année dernière lorsque des agents du service des douanes de l’aéroport international de Los Angeles ont indiqué avoir trouvé plus de 150.000 $ [environ 75 millions de francs CFA – ndlr] dans les bagages d’un coiffeur et collaborateur de M. Bongo. Les agents ont saisi l’argent de sieur Derek Ashby. Celui-ci n’a pas divulgué le montant total de la somme qu’il transportait, selon les documents déposés en Juillet auprès du tribunal fédéral de Californie».
The Wall Street Journal ajoute qu’en septembre dernier, un lobbyiste du nom de Joseph Szlavik a intéressé les agents fédéraux qui ont perquisitionné son logement en Pennsylvanie, parce que l’homme aurait transporté, du Gabon vers les USA, de l’argent liquide.
Mais, au pays de l’Oncle Sam voyager avec de l’argent n’est pas interdit par la loi, à la condition de déclarer le montant réel et d’indiquer, le cas échéant, pour qui on le transporte. «Les lois [américaines] en matière de blanchiment d’argent interdisent à toute personne de se livrer sciemment à une opération financière au travers des produits issus de la corruption», souligne le journal au 35 prix Pulitzer. Selon des documents judiciaires indiqué par le journal, Joseph Szlavik, le présumé passeur, a un petit alibi : il a déclaré n’avoir pas pris le soin de compter l’argent transporté depuis le Gabon parce qu’il était destiné à une certaine Inge Collins, présentée comme l’ex-épouse du président Ali Bongo. «Il n’était tout simplement pas au courant de la somme totale», a déclaré Michael R. Kilts, l’avocat de Joseph Ashby, cité par le Wall Street Journal qui précise M. Joseph Szlavik s’est refusé à tout commentaire et les deux hommes n’ont pas été inculpés. Toutefois, citant une personne proche du dossier, ce quotidien qui tire à 2,4 millions exemplaires, affirme que depuis l’année 2000, la fameuse Inge Collins a reçu des millions de dollars en espèces, par MM Ashby et Szlavik, «ainsi que des virements de M. Bongo».
Le journal indique que «Inge Collins a épousé M. Bongo en 1994, mais s’en est séparé une décennie plus tard. M. Ashby, un esthéticien de métier, a coiffé Inge Collins pendant le mariage de cette dernière. Il a ensuite été invité à rejoindre le cercle des collaborateurs d’Ali Bongo, a déclaré une personne proche du dossier». Cette dame a également été contactée pour les besoins de l’enquête et elle a réfuté «toute malversation».
Immunité diplomatique
The Wall Street Journal qui semble avoir tenté de vérifier ses informations du côté du Gabon, affirme que ni le président gabonais ni son gouvernement ne sont sous le coup d’une enquête de la part des autorités américaines, selon des assurances reçues par les autorités gabonaises du Département d’État américain «ce même mois». Libreville a toutefois reconnu avoir été informé de ce que ses partenaires sus cités faisaient l’objet d’une enquête. De même Libreville a recadré les choses en soulignant que les pratiques notés par les enquêtes du Sénat américains sous le régime de Bongo père «n’ont pas cours sous la présidence actuelle» encore moins par le gouvernement.
Toujours selon le journal New-yorkais «Le procureur général américain Eric Holder avait annoncé un nouveau programme de confiscation des avoirs en 2010 visant à «lutter contre la corruption à grande échelle des personnalités étrangères». Mais, l’opération a eu un succès mitigé. Politiquement, ces cas coutent et sont difficiles à mettre à exécution, selon les experts juridiques. S’agissant de l’enquête sur le Gabon, les États-Unis s’interrogent sur les avoirs des personnalités avec lesquelles le département d’Etat affirme avoir «d’excellentes relations»». Pour appuyer cette dernière assertion, le journal énumère ensuite les bonnes notes du Gabon dans ses relations avec les Etats-Unis.
Sont ainsi cités, l’aide du Gabon, alors qu’il siégeait au Conseil de sécurité de 2011 à 2012, pour faire passer deux des votes les plus difficiles de Barack Obama (sanctions contre le programme nucléaire iranien et soutien à un départ de Mouammar Kadhafi). De même, «en 2011, M. Bongo a demandé au Trésor américain d’aider à former des commissaires aux comptes Gabonais pour enquêter sur la corruption dans son pays, a dit Eric Benjaminson, ambassadeur des États-Unis à l’époque. Cette même année, M. Bongo s’est entretenu pendant 50 minutes avec M. Obama à la Maison Blanche. Le président américain a exprimé son désir de voir son homologue accroître les efforts de lutte contre la corruption, a déclaré M. Benjaminson, présent à la rencontre. M. Bongo a accepté, mais a dit faire face à des difficultés pour mettre un terme à une longue tradition de corruption dans son pays, a déclaré M. Benjaminson», vraisemblablement interrogé par The Wall Street Journal.
Pour revenir au présumé transporteur de fonds sus cité, la bible des milieux d’affaires américain précise que «Les liens de M. Szlavik avec le Gabon remontent aux années 90, à l’époque où il faisait du lobbying pour le compte du père d’Ali Bongo, selon des indiscrétions faites au département de la Justice». Pas grand-chose de grave, en réalité, pour l’actuel président du Gabon.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. OUSTRIC dit :

    C’est bien simple pour le président Ali BONGO.
    Pour tordre le coup à des informations qu’il juge sans fondement, il n’a qu’à publier de manière claire et vérifiable l’état de son patrimoine, matériel et immatériel.
    Cet acte de transparence s’inscrit tout à fait dans le droit fil de la Démocratie dont se revendique le pays et ses dirigeants.
    A situation limpide, réponse limpide, sans appel (si détaillée et convaincante) !
    Je ne vois pas où est le problème pour un personnage qui se dit serein, « droit dans ses bottes ».
    Cela ne fait pas partie des traditions du pays, mais tout ce qui concourt à la clarté et à la transparence doit être adopté, dans l’intérêt de toutes et de tous.
    pour moi quoi, makaya…………….

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