L’artiste peintre, Alice Siafro Minkoe, qui organise du 21 juin au 5 juillet prochains, au Casino Croisette de Libreville, une exposition vente de ses toiles, dans une interview exclusive accordée à Gabonreview, parle de sa rencontre avec cette discipline de l’art, les thématiques abordées, la gestion de son foyer en tant qu’artiste, ses visées dans le métier, le poids du nom Minkoe Mi Nze, et surtout l’objectif poursuivi par cette exposition.

Alice Siafro Minkoe peintre Gabon

D’emblée, Alice Siafro Minkoe est l’épouse de maître Minkoe Mi Nzé, artiste peintre et plasticien gabonais qui, depuis de nombreuses années a su tisser sa toile au firmament des illustres peintres de son pays, notamment grâce à ses œuvres.

Dans sa foulée, une autre Minkoe émerge. Il s’agit en effet de son épouse qui, depuis 2002 s’est entièrement lancée dans la conquête de ce métier. Pour expliquer son entrée dans ce nouveau monde, elle relève qu’elle est esthéticienne de formation. Un métier qui oriente inéluctablement vers le mélange des couleurs. En ce sens, ce sera un passage à l’école de son époux qui sonnera un déclic.

«Un jour j’ai dit à mon mari: je te retrouve à ton atelier. Nous n’étions pas encore mariés, mais nous vivions ensemble. Ce jour, je l’ai retrouvé en compagnie de ses élèves. En regardant comment les élèves dessinaient, j’ai compris qu’ils n’arrivaient pas à mettre le visage. C’est-à-dire à ressortir le visage. Je leur ai expliqué qu’il fallait telle ou telle autre couleur à partir des yeux pour continuer. Du coup, il m’a lancé: tu n’as jamais dessiné. Je lui ai dit que c’était vrai qu’à l’école d’esthétique on apprenait très peu cela. Mais ça m’intéressait. C’est là que j’ai décidé de prendre des cours dans cette école», a-t-elle expliqué avant d’ajouter: «ça m’attirait et je voulais en savoir un peu plus sur le dessin et sur l’art ».

Parlant de ses sources d’inspiration, même si elle reconnait qu’elle peint la société dans ses différentes facettes, il n’en demeure pas moins qu’elle relève qu’elle est inspirée au préalable par le support qui se présente face à elle. C’est le tableau qui la guide dans sa construction en définitive.

«Quand je peints, je pourrais dire que je suis inspirée par le tableau, par le support qui se présente devant moi. Nous vivons et tous les jours, on voit de tout. Mais ce n’est pas ce qui m’inspire. Il suffit que je prenne n’importe quel support qui est en face de moi, je m’y mets et c’est fini. Je serai inspirée par les couleurs qui y ressortent. Ce n’est pas que j’ai vois un dessin et je pars recopier, non».

«Je représente la société sous une autre forme. Je n’ai pas besoin décrire voilà la femme qui va au marché avec un panier ou une bassine sur la tête pour démontrer qu’elle est en train d’aller au marché. Il y a une dame qui va au marché. J’entre simplement dans son histoire et je peins avec des couleurs qui peuvent ressortir ou traduire ce que je ressens personnellement ».

Par rapport au nom qu’elle porte désormais par alliance du mariage, Alice Siafro soutient qu’elle souffre de la stigmatisation dans ce sens que de nombreuses personnes estiment que ses œuvres sont les productions de son mari. En tant qu’ancienne élève, elle souligne en outre qu’on ne peut pas avoir été l’élève, le disciple d’un maître et faire entièrement abstraction de ses techniques, et donc de ses enseignements. D’où le fait qu’il peut avoir des ressemblances dans la texture, dans le cheminement des tableaux et même dans leur expressivité.

Belle Epoque Alice Siafro Minkoe«Le fait d’être la femme d’un peintre célèbre n’est pas facile. J’essaie de faire savoir au monde qu’il est bien vrai que je suis la femme d’un peintre célèbre. Cependant, j’ai tout fait pour comprendre à ma manière. Et je traduis ce que je comprends aussi à ma manière. C’est vrai que je ne peux pas nier ses écritures parce que c’est mon seul professeur. Il m’a enseigné et c’est difficile que je fasse quelque chose sans avoir un peu de ses traits», soutient-elle.

Revenant à l’exposition du 21 juin prochain Ali Siafro Minkoe explique qu’elle veut prouver au monde ce qu’elle est capable de réaliser. Elle souhaite désormais sortir de l’ombre pour aspirer à la confirmation.

«Ce que je fais depuis longtemps, je dois l’exposer pour que les gens découvrent. J’ai déjà exposé plusieurs fois, mais en collectif. Ça ne montre pas assez puisque les gens estimaient que ce n’est pas moi qui travaille, que c’est mon mari. Le 21 juin, je les invite à venir nombreux au Casino Croisette pour découvrir mes œuvres personnelles».

Enfin l’artiste Alice Siafro indique qu’elle est une femme comblée dans son foyer. Ceci d’autant qu’elle concilie parfaitement sa vie professionnelle avec ses charges de mère de famille.

«Ça fait plus de dix ans que je vis avec mon mari. Nous avons de grands enfants. Étant femme au foyer, j’ai appris ce qu’est l’art. Je ne vois pas ce qui peut venir s’interposer entre ma vie au foyer et ma vie artistique».

 
GR
 

2 Commentaires

  1. J'aime Libreville dit :

    Très belle article. Du courage Madame, vous avez tout notre support.
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    John

  2. Alban dit :

    On dirait qu’elle a beaucoup de talent….j’aime beaucoup les deux tableaux qu’on voit ici.

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