Si beaucoup estiment, à l’instar de Léandre Nzué, que la société de collecte des ordures ménagères a failli à sa mission, les récents propos du maire de Libreville laissent penser que l’État gabonais est en passe de rompre son contrat avec Averda. À quelques mois de la fin de concession, bien que renouvelable automatiquement, les populations penchent plutôt pour la résiliation pure et simple.

Les propos de Léandre Nzué n’annoncent-ils pas la fin de la concession d’Averda au Gabon ? © challenge.ma

 

De même que Clean Africa, dont les véhicules en circulation sont aussi rares que ses prestations sur le terrain à Libreville et dans les communes environnantes, Averda «n’a pas rempli son cahier de charges» vis-à-vis de l’Etat gabonais. C’est, en tout cas, la conclusion à laquelle est parvenu Léandre Nzué récemment dans une interview à la webtélé M241TV. L’édile n’a d’ailleurs pas fait mystère de son opinion, allant jusqu’à souhaiter que le contrat d’Averda au Gabon soit résilié sur-le-champ.

Diffusée sur les réseaux sociaux, son interview a trouvé l’assentiment de nombreux internautes. Pour cause : les plaintes des populations à l’endroit de cette société de collecte des ordures ménagères n’ont pas cessé ces dernières années. «Le maire a parlé au nom de tous les Gabonais. Aveda ne fait pas son travail», peste un commentateur.

Léandre Nzué, la voix du peuple… et du bord de mer ?

Si certains considèrent que le maire de Libreville est «la voix autorisée» pour parler au nom des populations vivant dans la capitale, c’est parce qu’ils estiment que seul l’édile est à même de convaincre le gouvernement de rompre son alliance avec Averda. Seulement, dans les faits, l’Hôtel de Ville n’exerce qu’un droit de regard et de contrôle sur le travail fait par la société ayant signé son contrat, non pas avec l’autorité municipale, mais avec l’Etat par l’entremise du ministère de l’Intérieur, en charge des collectivités locales.

Il n’empêche, à défaut d’une menace ouverte des autorités gouvernementales à l’attention de la société, les propos de Léandre Nzué sonneraient comme un avertissement adressé à Averda. Le maire parlerait-il finalement au nom du gouvernement, voire du palais présidentiel, bien plus qu’au nom des populations ? Les autorités gabonaises passeraient-elles par le nouvel édile de la capitale pour préparer la société de collecte d’ordures à quitter le Gabon, en dépit du fait qu’elle devrait logiquement être reconduite après le terme de son contrat ?

En effet, selon les termes de la convention signée avec l’État gabonais en décembre 2014, la concession d’Averda est prévue pour durer 5 ans, celle-ci est donc censée prendre fin cette année 2019, mais doit être renouvelée automatiquement pour une nouvelle période de 2 ans. Les autorités gabonaises envisageraient-elles de faire l’impasse sur cette clause liée au renouvellement ? Si rien n’est encore clair dans leurs intentions, beaucoup estiment néanmoins qu’il convient de «trouver mieux», quitte à faire un remake de l’affaire Gabon-Veolia.

Une dette trompeuse ?

En mars 2018, Averda avait contraint le gouvernement à dévoiler le montant de la dette de l’État gabonais à son endroit. À l’époque, celle-ci s’élevait à plus de 16 milliards de francs. 13 mois après, des indiscrétions l’estiment à près de 25 milliards de francs. «Une dette colossale» que l’édile de Libreville n’a d’ailleurs pas niée tout en affirmant que la société était désormais payée régulièrement à hauteur de 400 à 500 millions de francs par mois.

Léandre Nzué dit-il vrai, dit-il faux ? Le maire semble avoir une bonne connaissance du dossier en tant que premier citoyen de la cité. Certains exhortent tout de même au gouvernement de commanditer un audit de cette dette qu’ils jugent contradictoire avec la qualité des services fournis par la société. Si l’on en croit le maire de Libreville, Averda ne remplirait pas le volet curage des caniveaux et le nettoyage des bassins versants, des services qui entreraient pourtant dans ses obligations.

Interrogé sur les propos du patron de l’Hôtel de Ville, la direction générale d’Averda à Libreville n’a pas souhaité réagir, préférant s’appesantir sur les difficultés d’accès à la décharge de Mindoubé à laquelle elle dit avoir du mal à accéder. Si d’aucuns estiment que le problème du lieu de dépotage aurait dû être davantage mis en avant par la société, l’on constate que c’est la question de la dette qui a toujours intéressé au premier chef la société dirigée par Joseph Minko Olenga. Ne faudrait-il pas que le gouvernement regarde de plus près cette dette en la confrontant à la qualité des services rendus depuis près de cinq avant de renouveler le contrat ?

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Awanhet Hugues dit :

    Avec tous les terrains qu’il y a dans l’estuaire du gabon, le maire de Libreville juge mieux d’installer en plein quartier une casse avec toute les problèmes liés à l’environnement que de telles structures posent en milieu urbain. Il juge mieux de faire partir des sièges d’entreprise pour une décharge. C’est un manque de considération en direction des populations du quartier. La plainte contre les entreprises finira par celles des populations de mindoubé si cette casse y est installée. Car nous savons d’avance les problèmes qui sont liés à de tels déchets.

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