Les pays en voie de développement viennent d’obtenir des compromis en matière de financement pour lutter contre la disparition toujours plus rapide des espèces animales et végétales. Une nouvelle qui laisse toutefois certains observateurs perplexes du fait de l’absence de chiffres censés représenter la base de départ au doublement annoncé dans le document final adopté au cours de la grande messe sur la biodiversité dans la capitale de l’État indien de l’Andhra Pradesh, Hyderabad.

Les chimpanzés constituent l’espèce la plus proche de l’espèce humaine. Nous avons un ancêtre commun qui vivait il y a quelques millions d’années - © Cyril Ruoso/Bios

La 11e Conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB), achevée le 20 octobre 2012 à Hyderabad, en Inde, et dont l’objectif était de concrétiser les engagements ambitieux pris il y a deux ans à Nagoya, se présente comme une victoire des pays en voie de développement sur les pays riches qui ont accepté de doubler, d’ici 2015, leurs contributions publiques comme privées pour d’aider ces derniers à financer leurs programmes de préservation de la biodiversité.

C’est à l’issue des rudes discussions engagées entre les différentes parties, représentées par plus de 180 États membres de la convention de l’Organisation des Nations unies prenant part à ce rendez-vous, que cette décision, appréciée par certains et critiquée par d’autres, a été adoptée et applaudie comme redonnant un souffle nouveau au protocole de Nagoya. Cette épineuse question, qui intervient dans un contexte économique désastreux, n’avait pas été résolue à Nagoya.

Selon le site internet lemonde.fr, «pour en arriver là, pays développés et pays en développement, dont l’affrontement a dominé les débats sur le financement, auront dû assouplir chacun leurs positions initiales. En échange des contributions consenties par les États du Nord, les pays en développement se sont engagés à adopter des mécanismes de vérification et de traçabilité des fonds qu’ils recevront. (..) Le Brésil, dont l’activisme en coulisse a été noté, a fait cause commune avec les pays africains lors des tractations. L’Inde a également pesé de tout son poids pour arracher des engagements financiers aux pays développés, même si sa qualité de pays hôte la posait surtout en acteur de compromis. Les discussions ont été par ailleurs compliquées par les divisions au sein de l’Union européenne, d’autre part, le Japon et le Canada ont résisté longtemps, cherchant à s’assurer du maximum de garanties sur le bon usage des futures aides», poursuit le site internet.

«Cet objectif de doubler les sommes affectées à la biodiversité n’engage pas à grand-chose. Car on ne sait pas de quelles sommes on parle», a relevé Romain Pirard, chercheur à l’Institut du développement durable et des relations internationales, présent à Hyderabad.

Selon WWF-International, une somme annuelle de 200 milliards de dollars (153 milliards d’euros) serait nécessaire pour atteindre les objectifs de Nagoya. Or, selon une estimation approximative, faute d’étude de synthèse disponible, seuls 10 milliards de dollars (7,6 milliards d’euros) seraient affectés chaque année à la protection de la biodiversité. C’est cette somme qui est vouée à être multipliée par deux d’ici à 2015.

«La surexploitation des ressources, la déforestation, la pollution, le changement climatique : le taux d’extinction des espèces est, aujourd’hui, jusqu’à 1 000 fois plus élevé que ce qui était connu jusqu’ici, une espèce d’amphibien sur trois, plus d’un oiseau sur huit, plus d’un mammifère sur cinq, plus d’une espèce de conifère sur quatre mais aussi nombre de poissons et cétacés sont menacés d’extinction», soulignent les scientifiques de la section biodiversité du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue).

La communauté internationale s’était notamment engagée à porter à l’horizon 2020 les aires protégées à 17 % de la surface terrestre (13,5% aujourd’hui) et 10% de la superficie des océans (contre moins de 2% actuellement), ainsi qu’à élaborer des plans nationaux incorporant des objectifs de préservation de la biodiversité. En outre, les parties avaient adopté le protocole de Nagoya qui prévoit un partage des bénéfices tirés de l’utilisation des ressources génétiques afin de lutter contre la bio-piraterie.

La conférence de Nagoya, au Japon en 2010, avait permis l’adoption d’engagements ambitieux, incarnés par 20 objectifs, mais si 92 pays ont, à ce jour, signé le protocole, seuls 7 pays (Gabon, Inde, Jordanie, Laos, Mexique, Rwanda et Seychelles) l’ont ratifié pour le moment alors qu’il faudrait 50 ratifications pour qu’il entre enfin en vigueur.

 
GR
 

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