A l’issue de deux semaines de suspens et de contentieux électoral, le président du Conseil constitutionnel du Cameroun, Clément Atangana, a proclamé le 22 octobre, Paul Biya, président réélu avec 71, 28% pour sept nouvelles années, après le scrutin du 7 octobre 2018.  

A l’issue de ce processus électoral, les Camerounais devraient encore compter les sept prochaines années avec Paul Biya, réélu avec 71,28% de suffrages. © D.R.

 

A 85 ans bien sonnés, Paul Biya devra une nouvelle fois présider aux destinées du Cameroun, pays d’Afrique centrale, peuplé de 25 millions d’habitants. Le verdict de l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, rendu le 22 octobre par le Conseil constitutionnel, a en effet conforté le président sortant dans le fauteuil qu’il occupe depuis 1982.

Candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le président Paul Biya est réélu pour un septième mandat avec 71,28 % des voix. Il devance largement son challenger, Maurice Kambo, du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), arrivé en seconde position avec 14,23% devant Cabral Libii du Parti Univers, crédité de seulement 6,28%.

Si les partisans du président sortant affichent un certain triomphalisme, l’univers politique camerounais a révélé de nouvelles personnalités et de nouvelles forces politiques. La première d’entre elles, Maurice Kamto, le président du MRC dont le parti n’a été créé qu’en 2012, a fait une bonne percée. Sa formation a ravi la place de leader de l’opposition au Social démocratic front (SDF) de Ni John Fru Ndi dont le candidat à cette présidentielle, Joshua Osih, n’a récolté que 3,35%. Il se classe derrière Cabral Libii qui, lui, a également fait une entrée tonitruante sur la scène politique camerounaise.

A l’issue de ces résultats, le RDPC, au pouvoir, parle d’une «victoire éclatante du président Paul Biya», assurant que «la force de l’expérience» a joué en sa faveur pour que le peuple lui «renouvelle sa confiance». Mais, du côté du MRC, Maurice Kamto rejette catégoriquement ces résultats. Pour lui, ce ne sont que des «résultats fabriqués» et son élection a été «volée». Il s’est donc proclamé «Président élu à l’issue de cette élection historique». Le porte-étendard du MRC a présenté, dans une vidéo, des résultats qu’il dit être les vrais résultats du scrutin. Il conteste la victoire de Paul Biya, précisant que malgré les cas de fraude, il est sorti vainqueur de cette échéance avec un peu plus de 39% contre 38% pour le président sortant.

En attendant l’issue de ce bras de fer qu’il engage avec le pouvoir de Yaoundé, l’on retient néanmoins qu’il y a quelques enseignements à tirer de cette élection camerounaise. Il y a évidemment cette recomposition du paysage politique, mais aussi la mobilisation que l’on a pu enregistrer pendant la campagne. La présidentielle de 2018 aura suscité un intérêt particulier auprès d’une large partie de la population camerounaise.

De l’inscription sur les listes électorales à la campagne, en passant par le contentieux électoral diffusé en intégralité sur les principales chaînes de télévision camerounaises, la population a suivi le processus électoral avec «beaucoup d’espoir». «On a cru, à un moment, que le Cameroun allait devenir un grand pays de démocratie. On y a vraiment cru. Mais le contentieux électoral nous a vite déchanté. Trop d’incongruités dans ce que le citoyen lambda a entendu lors de ces audiences», a déploré Jean-Rigobert Bassong, résident camerounais à Libreville, au Gabon.

Comme lui, de nombreux Camerounais de Libreville estiment que le «vote a été triché en faveur du président Paul Biya». Ceci d’autant plus que les recours des candidats de l’opposition ont tous été jugés «irrecevables». Par ailleurs, la crise anglophone au Nord-Ouest et Sud-Ouest reste une tâche sombre dans cette élection. Les personnes jointes au téléphone affirment que «ceux qui ont voté principalement dans ces localités sont les responsables d’administrations escortés et protégés par les forces de défense». D’où la victoire du candidat Biya dans ces régions qui lui sont pourtant hostiles.

Pour l’heure, peu de pays étrangers ont publiquement reconnu et félicité l’élection de Paul Biya. Les États-Unis ont «félicité le peuple camerounais pour les élections largement pacifiques du 7 octobre». Cependant, ils ont invoqué un «certain nombre d’irrégularités (qui) ont été commises avant, pendant et après les élections du 7 octobre». «Ces irrégularités n’ont peut-être pas affecté le résultat mais ont donné l’impression que les élections n’étaient ni crédibles ni véritablement libres et équitables», a déclaré le Département d’Etat américain.

 
GR
 

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