Le Syndicat national des retraités du Gabon dit prendre acte de la mise en place d’une « carte sociale CNSS » pour les retraités, annoncée par Nicole Asselé. Il souhaite que le gouvernement soit associé à la formalisation des contours de cette décision, pour garantir la fiabilité du nouveau mécanisme de trimestrialisation de la pension.

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Réclamant à cor et à cri le maintien du paiement mensuel de leurs pensions, les retraités du Gabon ont reçu de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) une réponse censée calmer leur colère. Le 10 juillet, le directeur général de la CNSS, Nicole Assélé, a annoncé la mise en place d’un programme social visant à amoindrir l’impact du retour à la trimestrialisation des pensions, via la carte sociale CNSS pour les retraités. Cette «carte bancaire prépayée gratuite» permettra aux retraités de retirer mensuellement la pension et de bénéficier de certains  avantages sociaux, notamment les réductions sur les produits de consommation de première nécessité auprès des partenaires commerciaux de la CNSS.

Les retraités ont pris acte de cette décision censée entrée en vigueur le 5 aout 2019. Ils attendent sa matérialisation pour se prononcer. Car, «pour l’instant, ce n’est qu’une simple déclaration», a déclaré le porte-parole du Syndicat national des retraités du Gabon, Jean Joseph Koumba Koumba. Pour lui, l’annonce qui a été faite lors d’une conférence de presse doit être notifiée aux retraités, l’administration étant écrite, rappelle-t-il. Pour éviter les erreurs du passé, à l’instar du passage à la mensualisation, les retraités souhaitent que dans la formalisation de cet acte, le gouvernement soit associé en tant que témoin. «Si elle [Nicole Assélé) s’adresse aux retraités, elle doit s’adresser à nous par écrit officiellement et ensuite, nous devons nous retrouver devant un témoin. Notre seul témoin n’est autre que le gouvernement», a-t-il indiqué.

Par ailleurs, les retraités s’interrogent sur le mécanisme mis en place par la CNSS pour garantir le paiement de la pension. La CNSS assure que la carte bancaire prépayée est «gratuite» et permettra aux retraités de «retirer mensuellement leurs pensions auprès des partenaires financiers» et ceux-ci «seront réglés trimestriellement par la CNSS». Ce qui suggère que la CNSS devrait s’endetter auprès des banques pour garantir la fiabilité de ce mécanisme. Toutefois, en ce qui concerne «les cartes bancaires, il n’y a pas d’opération sans frais», affirme Jean Joseph Koumba Koumba, ancien banquier. Qui supportera ces frais ?

Au-delà de cet aspect, les retraités évoquent également le phénomène de «désert bancaire» qui handicape plusieurs localités du pays. Selon Jean Joseph Koumba Koumba «dans les coins reculés de la République, il n’y a pas de banques». «Je prends le cas de chez moi à Tchibanga. Il n’y avait qu’une seule banque : la BGD. Elle est fermée. Donc tout le monde va à Mouila», a-t-il souligné. Or, avec cette bancarisation, «le retraité de Ndindi, de Mabanda ou dans le fin fond de Doussala, doit se rendre  à Mouila. Ce qui suppose des frais de transport. S’il perçoit 50 000 francs CFA de pension, il lui restera combien ?»

 Le porte-parole du Syndicat national des retraités du Gabon souhaite que les contours de la bancarisation des retraités soient clarifiés par la CNSS. Il demande au gouvernement de «prendre ses responsabilités» dans ce dossier où il a brillé par «un mutisme affligeant».

 
GR
 

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