Nommé il y a moins d’un trimestre, le nouveau directeur du CHU d’Angondjé s’est augmenté la prime de fonction, avant de faire de même pour le reste du personnel. La distribution ayant de graves distorsions, tout le monde est en courroux, avec un préavis de grève à la clé. L’argent, toujours l’argent.

Le CHU d’Angondjé. © D.R.

Le CHU d’Angondjé. © D.R.

 

Nommé il y a un peu moins de trois mois à la direction du Centre hospitalier universitaire (CHU) d’Angondjé, le Dr Pierre Bessayi Foumangoye a entrepris, l’une de ses toutes premières mesures, d’augmenter sa propre prime de fonction, la faisant passer de 1 million à 1,7 million de francs CFA. Pour ne pas faire de mécontent, le Gabon étant «une maison de verre», il a également décidé d’élargir l’augmentation des primes à tout son personnel.

Ainsi, à titre d’exemple, la prime de fonction du Directeur administratif et financier (DAF) est passée de 700 000 à 900 000 francs ; celle du Directeur des affaires médicales (DAM) de 500 000 à 700 000 francs ; celle des médecins spécialistes, auparavant à 150 000 francs, a été montée à 200 000 francs tandis que les médecins généralistes ont vu leurs primes passer de 100 000 à 150 000 francs, de même pour les infirmiers majors. Ce qui devait faire la joie de tout le monde a commencé à tourner au vinaigre lorsque les infirmiers, dont la prime n’a été augmentée que de 5000 francs, passant de 50 000 à 55 000 francs, ont décidé, la semaine dernière, de restituer la dite augmentation, dûment reprise à tous les membres de la catégorie, placée dans une enveloppe et ramenée à Pierre Bessayi Foumangoye, le «bienfaiteur» nouveau directeur du CHU. «Nous estimons que c’est de la moquerie», a pesté une infirmière rencontrée à la périphérie de la structure sanitaire.

Si le nouveau patron du CHU d’Angondjé a promis revoir les choses dans le sens de l’amélioration pour les plaignants, les médecins ne l’entendent pas de cette oreille. Ils déplorent une dilapidation des moyens financiers de la structure médicale, estimant que cet argent peut servir, lorsque surviennent des problèmes de budget, à approvisionner l’hôpital en consommables (médicaments, réactifs pour le laboratoire, films pour la radiographie, fournitures de bureau, etc.). «Le pays est actuellement en crise. Avec cette façon de faire, l’hôpital pourrait tomber en faillite. Plus grave, estime un médecin généraliste du CHU, l’augmentation de ces primes va s’ébruiter et pousser le personnel de santé des autres hôpitaux à revendiquer eux aussi l’augmentation de leurs primes. Ce qui pourrait ouvrir la voie à des grèves qui vont pénaliser les patients et nous-mêmes aussi. Tout cela doit être connu du ministre qui ne dit rien !» Le médecin ne croit pas si bien dire. Si l’on n’est pas sûr que ce soit le cas, il est de notoriété publique qu’en dépit des instructions du chef de l’Etat, certains membres du gouvernement – notamment ceux ayant des structures rentables sous leur tutelle – n’hésitent pas à solliciter, comme le faisaient leurs prédécesseurs, des fonds mensuels pour «le fonctionnement de leur cabinet». Bessayi Foumangoye bénéficierait-il du parapluie ministériel pour se permettre de telles libertés avec les finances du CHU où il n’a été que récemment nommé ?

L’atmosphère est devenu délétère au CHU d’Angondjé où tout le monde est fâché de ce que le DG se soit octroyé une augmentation de 700 000 francs quand les autres catégories n’ont bénéficié que de 200 000, 50 000 et 5 000 francs de plus. Un préavis de grève a été déposé par les infirmiers, le 1er juin 2015, qui court sur 8 jours. Le Dr Pierre Bessayi Foumangoye n’a donc qu’une semaine devant lui pour ramener la sérénité dans le centre hospitalier où il venait d’être promu.

 

 
GR
 

11 Commentaires

  1. je ne fais que passer dit :

    Le gabon est vraiment devenue un vrai bordel,on se croirait a la cour du roi petau.

  2. John mba dit :

    Les dg, les daf, les directeurs des affaires médicales…d’énormes primes qui dépassent de loin celles des principaux acteurs qui font marcher la structure. Comment on va respecter les médecins et les infirmiers dans nos hôpitaux quand ceux qui ont la charge de diriger ces hôpitaux les traitent com des mendiants ? Qu’ils arrêtent d’accepter ce genre d’injustice. Tu es DG et puis koi?

  3. Interrogation? dit :

    Pouah, la seule préoccupation des nos dirigeants et encadrants…à peine nommé il se taille des augmentations sans se soucier de l’équilibre financier de la structure, ni même faire au préalable ses preuves; à l’heure ou l’on parle de crise en plus…
    Nos mentalités sont à revoir complètement pour espérer développer ce pays…

  4. La Fille de la Veuve dit :

    Nous y sommes.

    Tout ce monde est payé par l’Etat comme fonctionnaire. Tout ce monde touche la PIP. Et tout ce monde a des primes avec l’argent de la CNAMGS et des patients!

    Le pays! Le pays!

  5. Biswe dit :

    « Certains n’ont pas compris que ce pays a changé » dixit « l’autre ».Vous avez là, l’archétype du gestionnaire gabonais. C’est ce ce qu’en politique on nomme un « politicien » en lieu d’un « homme d’Etat » dont l’intérêt général est chevillé au corps. Et puis, d’ou vient-il que parce que l’on est docteur en médecine, on est capable de gérer un hôpital? Chez les autres ou nous avons été pour faire nos études, ce n’est pas toujours le cas, et il existe même des formations de spécialisées dans le domaine. Que les docteurs fassent leurs jobs d’abord et les gestionnaires des hôpitaux le leur et les moutons seront bien gardés!!!

  6. yayay dit :

    le gabon et l homme gabonais tous bouffeur

  7. Barcelone dit :

    Félicitation gabonreview.com, c’est un travail très professionnel et précis.

    Une incompétence voilée derrière des titres et des doctorats.

    Un management d’un autre âge qui participe de la faillite de nos institutions.
    700 000 F CFA est la prime que s’octroie le brillant DG, soit lourdement celle de 150 infirmiers.

    Aucune passion, aucune détermination, aucune folie pour le vrai management et la gestion de nos institutions.

  8. Blaise nicolas dit :

    Je pense que ce dg devrait être démit de est fonctions car il ne fait pas la prône pas la politique du chef de l’état

  9. messowomekewo dit :

    Monsieur le DG s’octroie une prime de fonction de 1700000f,il faut savoir que cette prime est payée à partir des fonds générés par le personnel soignant à qui on donne des miettes. Au Gabon il faut avoir un parent ministre ou même PR pour se retrouver du jour au lendemain avec des primes aussi élevées, alors que que ceux qui travaillent nuit et jour à sauver réellement des vies ne perçoivent que la portion congrue de l’argent qu’ils génèrent.Figurez vous que ce monsieur bien qu’ayant bénéficié du pouvoir. discrétionnaire du chef de l’etat,il est au départ médecin généraliste et le voilà en train de toucher des primes que même des Professeurs d’université ne touchent pas.Quand on vous dit que les diplômes ne servent à rien au Gabon…

  10. glenn dit :

    Voici des hommes ki sont senser être des modèle pour les jeunes agissent de cette maniere il se taille la grosse part du gâteau et donne les mietes aux personnes qui font tout le taf de plus sur quelle droit il est même nommé dg? Il a une formation de docteur et non de gestion que deviennent les agents de LENAM

  11. Gaboma dit :

    Je m’attendais à voir un nom d’altogovéens. Tout leur est permis.

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