Ils nient la réalité sociologique, multiplient les rodomontades pour masquer le bilan peu reluisant du mandat échu et les conséquences à long terme de la dernière présidentielle.  Motivés par la défense d’intérêts personnels et la crainte de devoir rendre des comptes, ils ont une argumentation qui relève d’une forme d’aveuglement, voire de provocation.

 Au-delà des apparences, la situation générale est inquiétante à plus d’un titre. © Shutterstock


Au-delà des apparences, la situation générale est inquiétante à plus d’un titre. © Shutterstock


 

La situation socio-politique et économique du pays est-elle vraiment sous contrôle ? Avec aplomb et une mauvaise foi consommée, les propagandistes du gouvernement y répondent par l’affirmative. Sur tous les toits et tous les tons, ils y vont de leur optimisme débridé et de leurs certitudes éculées. Mais, leur stratégie se décrypte aisément : se montrer flegmatiques, vendre l’espoir en espérant voir le temps faire son œuvre. Comme toujours en pareille circonstance, ils tombent dans le déni de réalité. Comme d’habitude, ils éludent le fond des débats.  Comme souvent, ils fuient leurs responsabilités, espérant s’en tirer à l’usure.

Inquiétante situation générale

Et pourtant, c’est une évidence : depuis la dernière présidentielle, le pays est coupé en deux. Tout le monde le voit et le reconnaît. Tout le monde ressent l’existence d’une crise multiforme. A des degrés divers, chacun en fait les frais. Mais, certains sectateurs continuent de nier l’évidence, aveuglés par la perspective de conserver ou conquérir des privilèges. Dans leur argumentation, tout n’est évidemment pas faux. Après une période d’incertitude totale, l’école a repris cahin-caha. Même si ses animateurs se contentent juste de faire acte de présence, l’administration centrale donne l’impression de fonctionner. Il en va de même pour les entreprises, néanmoins ébranlées par le non-paiement de la dette intérieure et engagées dans des plans de licenciement économique à la chaîne.

Néanmoins, au-delà des apparences, la situation générale est inquiétante à plus d’un titre. Les libertés individuelles sont bafouées comme jamais. L’unité de la nation est mise à mal par la singularisation politicienne de la province du Haut-Ogooué. Les forces de défense et de sécurité sont décrites comme des ennemis du peuple. La justice suscite méfiance et mépris… Comme si le 31 août 2016 n’était pas passé par là, certains s’efforcent d’emboucher de nouveau la trompette du triomphe de l’émergence à la gabonaise, au risque de tomber dans la provocation ! A la manière de Néron durant le grand incendie de Rome, ils chantent et dansent, promettant même du pain et un toit aux démunis. Ils fanfaronnent, bombent le torse et, soufflent sur les braises de l’intolérance. Si cette attitude leur permet de faire diversion et se victimiser, elle ne masque guère le fond du débat : le bilan peu reluisant du mandat échu et les conséquences à long terme de la dernière présidentielle sur notre Etat, notre République et notre nation.

Restaurer la souveraineté populaire

La majorité au pouvoir doit prendre la mesure de la situation. Elle doit réfléchir aux incidences des «anomalies évidentes» dénoncées par l’Union européenne durant la dernière présidentielle. Elle doit mettre en perspective les constations et conclusions du pré-rapport des experts de l’Union africaine. Il n’est nullement question d’arrêter le temps au 27 août 2016. Il s’agit de redonner à nos institutions la crédibilité nécessaire à leur action. Et pour cause : si elles ont déjà vidé le contentieux électoral, le débat sur leur respectabilité, aux plans national et international, reste entier. Pis, leur capacité à contribuer au renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit, de manière à assurer le mieux-être des populations, est sujette à caution.

Les dirigeants de la majorité ne peuvent plus continuer à contraindre les populations à jouer à Colin-maillard avec les institutions. C’est puéril et contre-productif. Ils doivent regarder la vérité en face, assumer leurs responsabilités et envisager les voies et moyens de restaurer la souveraineté populaire. Au lieu de s’obstiner à nier la réalité sociologique, ou de multiplier les rodomontades, ils gagneraient à réfléchir à la reconstruction de notre vivre ensemble. Même s’ils sont davantage mus par la défense d’intérêts personnels et la crainte de devoir rendre des comptes, ils doivent bien se résoudre à songer à notre communauté de destin. L’exercice des responsabilités publiques exige de la lucidité et du courage. La période actuelle et les défis du futur commandent de s’y tenir et non s’adonner à la méthode Coué. Il faut entendre la clameur populaire et s’efforcer d’y répondre. Manifestement, ce n’est pas le plus facile à faire…

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Samuel dit :

    Véritable déni de la réalité. Le desormais tres celebre perroquet national, Billie by nze viendra un jour faire comme l’autre, célèbre Sakombi Inongo de l’ex Zaïre. PITOYABLE TOUT SIMPLEMENT

  2. Samuel dit :

    3 mois après les violences post électorales, quel est le bilan « officiel  » établi par le fameux gouvernement d’ouverture ? On attend toujours ce bilan de la bouche du perroquet d’état national

  3. Axelle MBALLA dit :

    Et voici une « plume » tout simplement et on en savoure!

  4. lepositif dit :

    Article pompeux même si bien écrit.Roxanne Bouengui divoulait peut être renouer avec ses lecteurs suite a son un article qui ne leur avait plu.Il n’y a pas trente six mille solutions a la crise gabonaise en dehors du DIALOGUE. Tous les maux dénoncés ont été créés et entretenus par ces mêmes acteurs politiques (majorité et opposition- un peu plus même dans celle-ci), ils doivent donc s’assoir et remettre a plat ce qu’ils ont laisse (système et institutions) qui les ont tous servis hier et dessert certains aujourd’hui.La réalité est la, si on a comme intérêt principal le Gabon et non le militantisme ou l’esprit partisan.

    • Lekori dit :

      @lepositif. Vous savez ce qu’est un éditorial ? Qui vous a dit que votre niveau de réflexion ou de perception des choses est celui des journalistes ? Qui vous a menti que les journalistes disent tout ce qu’ils pensent ? Qui vous a surtout dit que cet article prend le contre-pied d’un autre ? Visiblement vous avez la berlue…. Et vous attendrez longtemps pour transformer des journalistes en Bilié by Nzé version opposition

  5. Anges ENGONE dit :

    Bonjour à Tous,
    je souhaite humblement rappeler aux compatriotes que le Perroquet est un symbole National et dans nos rites, il joue un rôle très important. Par respect pour NOUS, merci d’arrêter de l’utiliser de façon péjorative.
    Très bon début de semaine à TOUS et que le TRES HAUT BENISSE LE GABON
    Fraternellement

  6. Akoumbou Andy dit :

    Très beau papier gabonreview.

  7. ismael dit :

    « singularisation politicienne de la province du Haut-Ogooué » remet en cause l’unité nationale? que l’on m’explique ce que cela veut dire. Cette province n’aurait elle donc aucun droit de voter differemment que les autres provinces du Gabon? est-elle la seule qui a votée pour Ali Bongo? Doit on « ostraciser » le Haut Ogooué parce que la majorité des habitants de cette province ne s’oppose pas systématiquement au pouvoir en place ou encore ne cassent pas comme cela se passe à Pog et LBV?
    Je pense qu’il nous faut éviter d’indexer le Haut Ogooue comme étant une province à part, et que dire de ces altogoveens qui sont opposés au pouvoir en place, meme si dans un passé recent comme d’autres gabonais issus des autres provinces ils étaient les porte flambeaux dudit pouvoir.
    A bien regarder, l’opposition radicale d’aujourd’hui n’est elle pas composé majoritairement par les anciens potentat du PDG? des personnes qui par leurs pratiques et méthodes de gestion ont entrainé le pays au niveau où il est? j’oubliai qu’il suffit de dire « je m’oppose et je demande pardon au peuple gabonais pour mes turpitudes passées » pour devenir blanc comme neige et  »vrai gabonais », sauf que jusqu’ici personne ne s’est confessé pour que l’on sache quel est l’empleur de ses péchés.
    Je pense que vous nourrissez la haine et la stigmatisation envers le Haut Ogooué et les ressortissants de cette province par vos écrits et notre pays n’en a pas besoin.

    • Tout cela tu dois le dire à aboghe ella et à mborantsuo. GR reprend seulement ce que les institutions ont voulu faire croire aux Gabonais et à la communauté internationale, D’ailleurs plusieurs personnes du pouvoir le repètent à longueur de journée, alors meme que le HO est l’image du Gabon:province riche dont les dirigents du pays sont issus depuis plus de 50 ans mais la population est aussi pauvre que celle du reste du Gabon. S’en prendre à GR relève de tout ce qui est décrit dans cet article.

  8. Shaka Loubedi dit :

    Bravo Roxane pour cette analyse.
    Seul les doués de sagesse comprendont la profondeur de votre texte. Il est urgent de trouver une voie de sortie de cette crise. Oui il y’a bien crise et ne rien faire pourra couter plus cher a ceux-la qui refuse de l’accepter.

  9. Obus dit :

    Le positif, pas sérieux ton avis. Sauf mauvaise foi, la solution au problème est simple: celui qui a perdu reconnaît sa défaite. S’il ne le fait pas aujourd’hui, il ne le fera pas demain , même apres le dialogue. En plus , pourquoi veut-il dialoguer s’il veut changer les choses ? Que peut-il changer et qu’il ne puisse faire actuellement si tant qu’il aime le Gabon et non le pouvoir ? Cessez avec vos analyses bidonnés. Nous sommes lus. Cordialement.

  10. Ngoungoulou Walter dit :

    Prenons souvent le temps de lire les publications sans arrières pensées. Celle faite ici sur la situation actuelle de notre pays est objective. Il n’y a pas de honte à féliciter son promoteur.

  11. mouendou dit :

    merci a l’auteur pour cette brillante analyse

  12. On en a mare dit :

    Cet article n’a aucune objectivité, cet individu ne fait pas son travail de journaliste. Vous dites que c’est objectif parce que sa va dans le sens de votre pensée. Ce journaliste ne se base sur aucune preuve matérielles pour faire son analyse. Si on creuse juste un peu, on verra de quel bord politique il est… Bref. C’est le Gabon.

  13. aldo dit :

    Merci à roxane pour cette analyse tout aussi réaliste et objective

  14. Axelle MBALLA dit :

    @lepositif est encore là? Mais bon sang! Il est fort. Avec tous les « missiles scudd  » d’ordre intellectuels qu’on leur envoie dans leur pathétique et mortifère soutien à Ali(qui déjà?) (BONGO?), cet internaute en est encore réduit là? On comprend pourquoi lui, les Ali et consorts ont décidé de mettre le Gabon dans un naufrage chronique.
    Cher @Lepositif, le crime crime d’un citoyen est celui consiste à refuser d’admettre le mal qui lui pend au nez.
    Aujourd’hui, le Gabon est le dernier pays en Afrique à disposer d’un régime sanguinaire. Vivre par le sang, pour le sang et piller à ciel ouvert un pays, est la pire des choses qui puisse arriver à tout Etat. Fais attention à cette petite perfusion financière. Elle pourrait totalement s’assécher d’ici-là. Ne négliges pas les nuages qui s’amoncellent à l’horizon.

  15. lepositif dit :

    Axelle Mballa, c’est votre témérité que j’apprecie, vous les partisans de l’Echoué du 27 Août avec vos 200 morts imaginaires et le pillonage de son immeuble bâti on ne sait avec quelle matière pour résister un a tel pillonage sans s’écrouler, pire sans impact d’obus. Trop fort Jean Ping le grand Échoué du 27 août.Les morts de ce jour fatidique étaient des pilleurs et casseurs des biens des pauvres innocents qui n’ont rien avoir avec les Bongo. La rue a ses règles, dont celle de subir une bavure policiere. Votre pseudi massacre ou carnage s’est passé quand toute la presse internationale était encore sur le gabonais et ils n’en parle parle pas?

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