Alors qu’on croyait que le pouvoir avait fermé à jamais les portes du dialogue avec l’opposition, le Conseil des ministres a annoncé, le 20 septembre, la mise en place prochaine du Conseil national de la démocratie, «cadre institutionnellement approprié et prévu pour le débat politique et pour la démocratie».
Conseil des ministres du 20 septembre 2012 - © Présidence de la République
Le Conseil des ministres a annoncé, le 20 septembre 2012, que le président de la République a décidé «de convoquer l’ensemble des partis politiques en vue de la reprise des activités du Conseil national de la démocratie.» Pour le chef de l’État gabonais, «le Conseil national de la démocratie est le cadre institutionnellement approprié et prévu pour le débat politique et pour la démocratie» indique le texte, non sans annoncer que le gouvernement «salue l’ouverture et le dialogue dont fait montre judicieusement le président de la République, chef de l’État». Il est donc question d’inviter l’ensemble des partis politiques dans un «cadre institutionnellement approprié et prévu pour le débat politique et pour la démocratie».
Réponse à un regret de l’opposition
L’annonce sonne comme une réponse d’Ali Bongo à l’Union des forces du changement (UFC) qui, le 15 septembre dernier, au cours d’une déclaration donnée à la Chambre de commerce de Libreville, a déclaré : «Si le Conseil national de la démocratie avait fonctionné normalement, l’UFC ne serait pas rendue à exiger la Conférence nationale souveraine. Toutes ces dérives enregistrées, à savoir un découpage électoral non équitable, un mandat présidentiel renouvelable sans limite, des élections législatives et présidentielles à un seul tour favorisant justement le repli identitaire, auraient été corrigées à force de conviction et d’un dialogue permanent en son sein.» On est tenté de déduire que la préconisation du président de la République prend l’opposition au mot. De même il faut comprendre que le pouvoir a trouvé là, le cadre pour la concertation sollicitée ces derniers temps par l’opposition et la société civile.
On peut naturellement s’attendre à ce que le parti dissout, l’Union nationale (UN) de Zacharie Myboto, soit exclu de ce Conseil national de la démocratie (CND). Ali Bongo ayant souligné, le 12 septembre devant le congrès du Parlement qu’il ne dialoguera «pas avec des personnes qui ne respectent ni les institutions de leur propre pays, ni ceux qui les incarnent, encore moins les lois de la République.» Sans doute exigera-t-on, ainsi que l’ont suggéré le maire d’Oyem, Rose Allogo-Mengara, et le sénateur René Radembino Coniquet, que ce parti politique et surtout son secrétaire exécutif, André Mba Obame, reconnaissent le pouvoir en place. Ou alors devra-t-on opter pour le donnant-donnant conseillé par le sénateur octogénaire : «si on veut un dialogue, il faut préalablement que le gouvernement laisse l’UN fonctionner comme un parti officiellement reconnu et que l’UN reconnaisse le pouvoir en place.»
Rétroviseur sur le CND
On se demande cependant quelles seront les modalités pratiques de la mise en place de ce CND. En effet, si le mot démocratie revient six fois dans la constitution de décembre 2010, il n’y est nulle part question de CND. Recommandation de la Conférence nationale de 1990 avec mission de veiller à un juste équilibre du jeu démocratique, cette institution n’avait été remise au goût du jour qu’à cause du contexte postélectoral de 1993, marqué par un risque d’explosion sociale. Toutefois, le CND ne sera finalement mise en place qu’en 1997 après avoir été créé le 15 avril 1996 par la loi 13/96. De même, il n’a jamais fonctionné et n’a existé que du fait de la nomination de son président et de ses membres. Trois personnes se sont succédé à sa tête : Jules Aristide Bourdes Ogouliguendé, Pierre Claver Maganga Moussavou et le défunt Pierre Claver Zeng Ebome. Du fait qu’il ne répondait à aucune disposition constitutionnelle, beaucoup  souhaitaient sa disparition pure et simple. Ce qui est arrivé avec la mort de Pierre Claver Zeng Ebome, dernier président de cet organe purement consultatif.
La loi 13/96 n’ayant jamais été abrogée, on peut s’attendre à la nomination prochaine de nouveaux membres et d’un président du CND. Celui-ci sera-t-il, comme de tradition, issu de l’opposition ? Comment l’opposition va-t-elle accueillir ce qui est, somme toute, une réponse à l’un des regrets contenus dans sa déclaration du 15 septembre dernier ? Quels résultats faut-il escompter de ce «revival» du CND par rapport à la décrispation du climat sociopolitique ?
Suspicions et premières réactions
Les premiers commentaires recueillis taxent l’annonce du Conseil des ministres de poudre de perlimpinpin devant permettre à Ali Bongo de faire bonne figure au prochain sommet de la Francophonie, annoncé à Kinshasa (RDC) du 12 au 14 octobre 2012. On y attend, de François Hollande, un discours vigoureux avec des positions fermes sur la politique africaine et sur tous les régimes africains qui ne répondent pas à l’idéal des droits de l’Homme, de démocratie et de transparence économique.
Au lendemain de l’annonce du Conseil des ministres sur la mise en place du CND, la société civile réunie au sein du mouvement «Ça suffit comme ça !» a publié un communiqué de presse à travers lequel elle affirme que «Cette trouvaille d’Ali Bongo Ondimba n’est rien d’autre qu’une manière de refuser d’écouter la volonté du peuple gabonais qui exige la tenue d’une Conférence Nationale Souveraine.» A l’examen de la loi portant création du CND, le mouvement associatif rappelle que cette institution «aux vues de ses attributions, joue un rôle de médiateur [et] ne saurait en conséquence remplacer la volonté du peuple, propriétaire de la souveraineté
Pour les membres de «Ça suffit comme ça !», l’annonce d’une résurrection du CND «est tout simplement un aveu public d’Ali Bongo Ondimba qui reconnaît finalement qu’il y a bel et bien une crise multiforme au Gabon et que celle ci pourrait atteindre des proportions et des conséquences incalculables si et seulement si l’idée salvatrice de la conférence nationale souveraine n’est pas acceptée par tous pour la stabilité de notre pays et la modernisation de ses institutions.» Aussi, les membres de la coalition associative encouragent-ils l’opposition à démontrer «son souci du respect des normes démocratiques en appelant à un dialogue inclusif, contrairement au pouvoir qui assume devant le peuple gabonais et le concert des nations son aversion pour la démocratie en refusant le dialogue.» Et de conclure : «Le mouvement «Ça suffit comme ça !» souhaite que l’Union des Forces du Changement renforce l’esprit des assisses de Mouila en faisant respecter ses recommandations dont l’objectif est d’aboutir à une alternance démocratique et pacifique sans délai.»

 
GR
 

0 Commentaires

  1. supernova dit :

    Je crois que cèst un bon debut et que les partis de l’opposition doivent aussi mettre de l’eau dans leur vin en acceptant cette main tendu…

  2. Otouloua dit :

    Comme à son habitude, Ali l’arrogant en chef botte en touche. En fin de compte, il risque de perdre définitivement la partie.

  3. Le Citoyen libre dit :

    A POG le interdit la marche de l’opposition prevue ce samedi

  4. Boukoubi Maixent dit :

    Cette idée ne vise qu’une chose : marginaliser l’Union Nationale au sein de l’opposition, créer la discorde au sein de l’UFC. Mais, en fligrance tout ceci se ramène à un vieux débat entre hommes politiques, loin du peuple et des autres composantes de la société gabonaise ( société civile, secteur privé, confessions réligieuses….) avec, à la clef, un éventule partage de postes et un fumeux « gouvernement d’ouverture » censé légitimer, plus de trois (3) ans après, l’imposture Abonghé-boranstuo- Ndongo-bongoïste de septembre 2009. Tout ceci est quand même contradictoire car, chacun, y compris Nababy, se souvient avoir entendu Ali Bongo et ses sous-fiffres clamer qu’ils ne veulent pas d’une discussion qui se solderait par un partage de postes. Ce stratégème ne trompera personne. Nous voulons de la Conférence nationale souveraine et pas d’un tour de passe-passe pour partager les postes…. Que Ali Bongo le comprenne une fois pour toutes…

  5. Petit-Connard Ogandaga dit :

    Pourquoi avoir introduit cette idée, dans le discours de l’UFC, comme solution qui aurait empêché la réclamation de la Conférence nationale souveraine? C’est à ce niveau qu’on parle de manque de vigilance, parce que l’opposition est infiltrée comme toujours. Et je soupçonne Manganga Moussavou, le traitre de toujours. c’est derniers jours une dame a écrit à l’Union pour le défendre et rappeler qu’il est à l’origine de la création du CND. C’est lui qui a lu le discours. N’a-t-il pas introduit cette idée à dessein? Il a déjà été président du CND et a donc choisi sa part du gateau. il ne faudra pas s’étonner qu’il soit nommé président de ce CND. Mais, Gabonreview, que dit la loi portant création de ce machin?

  6. lenkemberlien dit :

    Comme on dit chez nous: Que ceux qui ont the eyes see et ceux les oreilles listen:Dans notre Gabao rient ne doit surprendre les gens, nous avons tous vu et ecouter au gabon, meme si nos hommes politiques ne disent pas la vérité mais pour les initiés, ont sait que ils souhaitent jusque le president Ali Bongo leur donne quelles honneurs car ils sont tous nostalgique de l’epoque du vieux feu Omar.
    nous allons voir dans bientot comment ils font tous se sauter sur les places qui et les avantages que va offrir le président de la repulique aux membres de cette institution.
    Ali comme on dit a kingston/ tu es un stratege

  7. Le citoyen libre dit :

    @ lenkemberlien
    Vous est la honte du Gabon

  8. manondzo dit :

    Es pris qui croyait prendre! L’opposition n’a pas de choix, elle est obligée d’accepter le genre de dialogue proposé par le pouvoir, sinon les communautés nationale et internationale compredront que leur problème est ailleurs.

    • Boukoubi Maixent dit :

      @Manondzo. Mais, le problème n’est pas ailleurs car l’objectif est connu de tout le monde et est tout à fait clair : abréger le mandat usurpé d’Ali Bongo et repartir à une nouvelle présidentielle avec des institutions assainies et débarrassés des monarchistes. Si votre gars a été élu, qu’ilm accepte de repartir sur de nouvelles bases. Ne vient-il pas de renommer la bonamie de son papa à la Cour constitutionnelle ?

  9. Le Citoyen libre dit :

    Conseil national de la démocratie «cadre institutionnellement approprié et prévu pour le débat politique et pour la démocratie».
    Tant que le PDG aura de l’influance dans toutes les structures de l’etat c’est peine pardue, meme si l’on vote un homme eglise, nous avons tous vu comment Mba Abessolo a trahi les gabonais et cela confirme que l’habit de fait pas le moine.

  10. nababy dit :

    on comprend au fur et a mesure que la situation politique evolue au gabon que les revendications des opposants sont ailleurs! sinon le Conseil National de la démocratie née de la conférence nationale de 90 devrait etre accepté comme cadre de concertation! Mais dommage tout ceux qu’il veulent c’est le pouvoir, la tete d’ALI et non les revendications du peuple.

    • Guy Massard dit :

      @Nababy. Le conseil national de la démocratie proposé par la conférence nationale avait été mué en Cour constitutionnelle. Celui auquel vous faites allusion est une conséquence des « Accords de paris » qu’Ali Bongo a dénoncé solennelement devant le parlement réuni en Congrès. Comme toujours, on parle de chose qu’on ne maîtrise pas. Comme toujours on suit Ali Bongo aveuglément… Comment peut-il dénoncer les Accords de Paris et vouloir ressusciter une de ses trouvailles ? Un peu de cohérence…. Tout ceci prouve au moins que ce régime est englué dans ses contradictions et surtout que son leader ne maîtrise nullement ses dossiers, passe son temps à faire des déclarations à l’emporte-pièce…

  11. TANAKA paulin dit :

    Pour ma part,je pense que nous sommes entrain d’assister à une victoire de l’opposition,car il ya quelque temps les sous fifres du PDG et lui meme le prince ODJOUKOU disaient à GabontéléPDG qu’ils n’y aura pas de discussion avec qui que se soit donnant leur refus au dialogue,en tournant encore leur veste donc ils confirme qu’il ya bien crise au Gabon. qu’ils disent CND ou CNS,le plus important c’est le contenu de ces discussions et que toutes les couches soient représentées pour la bonne conduite du dialogue. je tien à encourager les acteurs de l’opposition et leurs invites à ne pas baisser les bras et exhorte tous les autres à suivre le mouvement qui sortira notre pays de l’impasse!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

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