Plombée depuis plusieurs mois par une crise de devises, la Communauté économique de l’Afrique centrale (Cemac), grâce à l’activisme de sa banque centrale, s’emploie à reconstituer ses réserves. Cette embellie sera-t-elle pérenne ? Journaliste à RFI, Dominique Baillard a posé un regard limpide sur cette situation. Morceaux choisis.

La BEAC reconstitue progressivement ses devises. © fotomelia.com

 

Alors que la Communauté économique de l’Afrique centrale (Cemac) a été frappée ces derniers mois par une crise de devises, la situation semble progressivement revenir à la normale. C’est du moins la conclusion de Dominique Baillard dans sa chronique Aujourd’hui l’économie sur RFI, du 9 juillet dernier.

«L’argent des bailleurs commence à couler, la pénurie tant redouter n’aura pas lieu», a-t-elle affirmé. De son côté, la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) met la pression sur les banques pour qu’elles rapatrient vraiment leurs devises sur son compte d’opérations, plutôt que de les conserver à l’étranger. «Et cela marche plutôt bien : la Beac commence à reconstituer ses réserves, elles représentent aujourd’hui presque l’équivalent de trois mois d’importations», a-t-elle indiqué.

Plusieurs semaines auparavant, les rumeurs de rareté de devises dans la sous-région ont alimenté la chronique. Ce qu’a démenti la Beac le 10 juillet. Toutefois, certains exemples palpables semblent contredire l’institution officielle de la Cemac. En Guinée équatoriale, où le manque de devises est particulièrement sensible, beaucoup de bureaux de sociétés étrangères ont déjà fermé selon Thibaut Bidet, le chef du pôle macro-économique et financier du service économique de l’ambassade de France au Cameroun.

Cette crise de devises est en grande partie imputable à la chute des cours du pétrole. «A partir de 2014, l’effondrement de leurs revenus pétroliers entraine la fonte des réserves de changes. Pour éviter la pénurie de devises, plusieurs pays reçoivent le soutien du FMI, ils préfèrent l’ajustement budgétaire à l’ajustement monétaire, c’est-à-dire la dévaluation du franc CFA. Un traitement de cheval qu’aucun gouvernement n’a envie d’assumer», a expliqué Dominique Baillard.

Par ailleurs, la chroniqueuse révèle que les banques de la sous-région ont aussi joué un rôle majeur dans cette crise en prenant certaines libertés. Ces établissements préfèrent conserver les devises à l’étranger pour faciliter leurs opérations, pour éventuellement faire du Trading de devises, qui rapporte bien plus. «Et puis, la Beac a longtemps fermé les yeux sur cette pratique, jusqu’au jour où elle a voulu tordre le bras aux mauvais joueurs, en refusant de fournir des devises aux banques fautives. Ce sursaut de rigidité a mené tout droit à cette crise de devises», a indiqué la journaliste.

Si Dominique Baillard a estimé que la solution au problème est en «bonne voie», il reste néanmoins l’écueil lié aux sociétés pétrolières. «Elles non plus ne rapatrient pas leurs bénéfices en zone Cemac, et elles n’ont pas l’intention de le faire par manque de confiance dans le système bancaire local, par crainte de voir l’Etat bloquer leurs fonds pour exercer des pressions», a-t-elle souligné. Un écueil sur lequel la Beac et les gouvernants de la Cemac devraient se pencher car, à moyen terme, «la rareté des devises restera une plaie pour l’économie de la région», a conclu Dominique Baillard.

 
GR
 

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