Dépités par les dysfonctionnements de l’institution judiciaire, deux avocats, Francis Nkea et Moubeyi Bouale, entendent saisir le Conseil supérieur de la magistrature pour demander une modification de la loi relative à la poursuite des juges.

© fr.news.yahoo.com
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En choisissant le jour de la tenue du Conseil supérieur de la magistrature pour fustiger ce qui, pour certains magistrats, s’apparente à de «l’immunité», Me Francis Nkea et son confrère Moubeyi Bouale ont dit vouloir aller en guerre contre un fléau qui gangrène la corporation en permettant à certains magistrats d’entraver à leur guise les procédures judiciaires. «Nous avons l’impression que nos magistrats agissent de manière atypique et originale dans l’exercice de leurs fonctions», a affirmé, tout de go, Francis Nkea, au cours d’une conférence de presse le 31 juillet dernier, ajoutant : «Nous allons nous battre au niveau des instances supérieures pour qu’on revoie le texte sur la poursuite des magistrats, afin qu’ils répondent de leurs actes comme tout autre justiciable». Et d’illustrer son propos : «Figurez-vous que nous avons un magistrat qui est chargé d’une instruction et qui se permet de venir à la télévision raconter ce qui se passe à l’instruction». «Nous n’avons jamais vu ça», s’est-il, par la suite, emporté, insistant : «C’est ce que l’on appelle infraction au secret de l’instruction. Dans les pays normaux, il aurait dû être, soit poursuivi par le ministère public, soit traduit en conseil de discipline devant le Conseil supérieur de la magistrature parce que l’essence même de l’instruction c’est le secret et si elle est divulguée ce ne serait plus une instruction».

Pour les deux avocats, tous les échelons de l’appareil judiciaire sont mis en cause. Formulant de nombreux griefs à l’encontre des magistrats, ils ont évoqué, pêle-mêle, les pouvoirs importants du juge d’instruction, le non-respect de la présomption d’innocence, l’infraction au secret de l’instruction, les contrôles exercés par la chaîne judiciaire, l’exercice entravé des droits de la défense.

Au regard des nombreuses défaillances relevées, et non sans mesurer la difficulté à faire aboutir leur combat, ils ont dit devoir prendre les dispositions en s’adressant au Conseil supérieur de la magistrature pour qu’un intérêt particulier soit porté à la question des «dysfonctionnements de l’institution judiciaire». «Le fait de soumettre leur poursuite à l’accord du Conseil supérieur de la magistrature, de désigner un rapporteur qui est magistrat comme eux alourdit la procédure et ça fait du magistrat un citoyen qui ne peut pas être poursuivi en justice», ont-ils accusé, déplorant : «En réalité on ne vous dira pas que le magistrat bénéficie de l’immunité comme le parlementaire ou le président de la République mais la façon dont la procédure est organisée fait en sorte que les personnes qui veulent les poursuivre se découragent. Nous ne devons pas avoir de super-citoyens qui ne peuvent être poursuivis parce qu’ils font partie de la magistrature», ont-ils déploré.

 

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Gabonais qui aime la vérité dit :

    Si le tout puissant Maître NKEA avocat du PDG reconnait que le Gabon n’est pas un pays « normal » alors là c’est grave. Sachant que le pays est dirigé depuis 40 ans par le PDG.

  2. Le Pensif dit :

    Cette campagne entamé par ces deux avocats est louable et chaque citoyen pour faire avancer l’établissement d’un véritable état de droit doit les encourager les épauler, car dans ce pays il faut bien que les choses changent.

    La Justice est rendue au nom du peuple Gabonais, or le Gabonais ne se reconnait pas dans cette justice, qui rend malheureux ces citoyens qui se retrouvent tous les jours victimes d’une justice vilipendée par les citoyens et l’extérieur.

    Les raisons reposent sur le non respect de la loi, de l’étique, de la déontologie et plus simplement de la morale. Nombreux sont les juges qui ne mesurent pas leur responsabilité dans le non traitement des dossiers judiciaires qui leur est soumis.

    L’affairisme, les collusions, les disparitions des dossiers, bref les dénis de justice et autres est comme du petit lait dans nos tribunaux, rendant malheureux ce peuple qui manque d’équité et de justice.

    La solidarité du corps judiciaire, un concept taillé à la mesure des magistrats ou des auxiliaires de justice irrespectueux de la loi parachève ce dispositif qui aujourd’hui abouti à une immunité de fait.

    Il serait temps que les hautes institutions de notre pays, pensent à mettre fin à l’impunité. Feu Président BONGO a bien perçu et reconnu son échec sur ce point et le Peuple l’a apprécié.

    Le meilleur futur se font en corrigeant les erreurs du passé, à moins que l’on se complaise dans la médiocrité ou que l’on ne travaille pas pour le bonheur de son peuple.

    Encouragez ces avocats, ils travaillent pour le peuple.

  3. le 9 dit :

    il ne s’agit pas là du PDG ou de l’Opposition, maitre NKEA et MOUBEYI BOUALE ont raison. les juges/magistrats sont les principaux points bloquant de notre système judiciaire. ils sont à le plus souvent juge et parti dans les grosse affaires foncières, financière, de corruption et bien d’autres. il faut que tout le monde soit justiciable et une loi dans ce sens mettra certains magistrats dans le canal professionnel sans abus

  4. le citoyen dit :

    Depuis 2010 , le procureur ne peut (veut)pas faire exécuter la décision de justice définitive rendu en ma faveur…. Victime d’une spoliation d’entreprise,la personne installé à notre place jouit d’une totale impunité… Bien sur protégé par un « très haut » fonctionnaire…Si ces brillants avocats se décident à agir en faveur de l’état de droit, ils peuvent me contacter.. j’ai de la matière pour eux!

  5. Tyzer dit :

    Que peut-on faire avec la Justice aux ordres du président béninois du Gabon, acrombessi?

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