Le spectre d’une nouvelle dévaluation du Franc CFA, suite aux crises économiques et monétaires, notamment de l’Euro, fait l’objet d’un débat au 2e séminaire de l’Institut africain de développement économique et de planification (Idep), qui se tient ce 10 avril à Dakar, au Sénégal. Universitaire, ancien ministre de la Recherche scientifique et du Développement Technologique, le Pr Ondo Ossa mène le bal.

Le Professeur Albert Ondo Ossa, ancien ministre de la Recherche scientifique et du Développement Technologique.

Le Professeur Albert Ondo Ossa, ancien ministre de la Recherche scientifique et du Développement Technologique.

 

«Le franc CFA court le risque d’une nouvelle dévaluation si l’euro (la monnaie ancre) devait durablement rester à son niveau actuel, d’autant qu’aucune disposition ne permet jusque-là aux pays de la zone franc africaine d’influer sur le cours de leur monnaie en fonction des performances de leurs économies. Le problème de la souveraineté monétaire des pays de la zone franc pourrait donc, dans un proche avenir, se poser concomitamment à celui de la compétitivité de leurs économies», indiquent des sources proches de l’Institut.

Plus précisément, la réflexion tournera autour de l’instabilité financière internationale et le franc CFA. Un thème qui sera animé par le professeur Albert Ondo Ossa, agrégé en sciences économiques et de gestion. «Dans les pays en développement plus spécifiquement, l’instabilité économique et politique, ainsi que la fragilité des systèmes bancaire et financier accroissent le risque d’y investir, en ce sens que les gains potentiels liés aux échanges intertemporels de capitaux ne se réalisent que si les prêteurs sont confiants quant aux possibilités de remboursement», explique l’universitaire gabonais, sinon, «l’emprunteur court le risque d’une crise de la dette souveraine (on parle de défaut), qui intervient lorsqu’il se trouve dans l’incapacité d’honorer son contrat, en termes de paiements des intérêts ou de remboursement du principal», poursuit le professeur.

S’agissant précisément des pays membres de la zone franc africaine, dont la monnaie est le franc CFA, Albert Ondo Ossa, souligne que la hausse de l’euro sur le marché des changes et particulièrement par rapport au dollar suscite des interrogations, en raison de ses effets sur la situation économique de chaque pays membre. «On relève que, depuis 2004, la valeur de la monnaie européenne n’a cessé d’augmenter face au dollar. Or, les pays de la zone franc africaine importent principalement d’Europe et exportent en Europe. La hausse de la monnaie européenne par rapport au dollar (principale monnaie de libellé de leurs exportations) affecte donc nécessairement leurs économies, en raison de la parité fixe entre l’euro et le franc CFA», a-t-il indiqué.

Par ailleurs professeur à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de Libreville,  directeur du Laboratoire d’économie appliquée de l’Université Omar Bongo et ancien ministre de la Recherche scientifique et du Développement Technologique, Albert Ondo Ossa pense que trois types de conséquences en découlent, relativement à leur compétitivité, à leur situation budgétaire et financière et à leur dette. Par rapport à la compétitivité, «la part de marché des pays de la zone franc étant faible aussi bien pour le pétrole que pour les autres produits exportés, l’effet négatif de l’instabilité financière en est nécessairement amplifié. Il en est de même pour leurs importations qui proviennent essentiellement d’Europe et sont libellées en euro», a-t-il expliqué.

Selon des sources proches de cet épineux dossier, la rencontre de Dakar devrait conduire à une réflexion approfondie, en vue de permettre à la zone franc africaine de prendre de bonnes options, en cette période de mutation où la France, eu égard à ses multiples contraintes, est plus préoccupée par sa propre situation. Par ailleurs, plusieurs économistes et responsables d’institutions bancaires, financières et de gouvernement écartent la possibilité d’une dévaluation du franc CFA pour le cas des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa).

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Roy dit :

    L’Afrique a toujours été d’une certaine façon au service de la France grâce à la Francafrique et donc au service de l’Europe. La conséquence est que l’Europe est devenue le premier partenaire économique de l’Afrique. Nos dirigeants qui sont à la bottes des dirigeants européens n’y voient aucun inconvénients vu qu’ils y trouvent leurs comptes personnels.
    Sauf que c’est nous qui risquons de pays cette élégance aveugle par la dévaluation de notre monnaie. Nos dirigeants n’ont jamais vu que l’on dépendaient trop de l’Europe et de sa monnaie, ils ne se sont jamais dit qu’il fallait faire jouer la concurrence en traitant aussi avec le continent Américain et l’Asie. L’Europe n’a pendant longtemps pas eu de concurrence en Afrique, c’est comme un marchand un client qui va toujours chez le même marchand et qui ne va jamais voir ailleurs histoire de faire jouer la concurrence et provoquer une baisse de prix. Du coup, on dépend maintenant de l’Europe et l’Europe s’appui sur nous en cas de problème.
    Si leur monnaie coule, il toucheront moins d’argent des pays d’Afrique et pour éviter cela ils dévaluent la notre. Alors que si on avaient diversifié nos partenaires économiques on ne dépendraient pas autant de l’Euro.
    Hélas nos dirigeant nous ont vendus sans même le savoir…

  2. Gabon dit :

    Un pays indépendant doit avoir sa propre, le temps est venu à l’Afrique francophone de créer sa propre monaie. De quoi nos dirigeant ont il peur? Suivez l’exemple des autres pays (maroc, Algérie ect..)

    • Roy dit :

      Je ne pense pas qu’ils aient peurs de quelque chose, je pense qu’ils gagnent tellement dans le système actuel qu’ils ne veulent pas en changer. La Francafrique est un système qui rapporte beaucoup à La France(et donc à l’Europe) et à nos dirigeants.

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