Au regard de l’actualité récente marquée par des débats et des positions enflammés, des propositions aussi diverses que variées dans les pays de la zone Franc, l’association Imagine Gabon a organisé le 1er juin à Libreville, une conférence-débat sur l’avenir de cette monnaie au sein de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac).

Les panélistes de la conférence débat d’Imagine Gabon, consacrée à l’avenir du Franc CFA dans la zone Cemac, échangeant avec les participants venus nombreux à Libreville, le 1er juin 2019. © Gabonreview

 

«Quel avenir pour le Franc CFA dans les pays de la Cemac ?» C’est sous ce thème que les pourfendeurs et les partisans de cette monnaie, mais surtout les experts en la manière, se sont retrouvés, le 1er juin à Libreville, pour échanger sur l’avenir de cette devise qui alimente de plus en plus les débats dans les deux sous-régions africaines où circule le franc CFA.

En Afrique centrale, notamment dans la zone Cemac où le spectre d’une nouvelle dévaluation demeure, tout comme en Afrique de l’Ouest, dans l’espace qui regroupe les États de l’Union économique et monétaire ouest-africains (UEMOA), la société civile et certains économistes du continent se sont saisis depuis quelques années de ce débat. Si les uns estiment que le franc CFA est un frein à la croissance économique des pays de la zone Franc, à cause de sa surévaluation et sa grande rigidité tout en étant un héritage colonial, d’autres par contre relèvent que son arrimage à l’Euro assure une stabilité monétaire et celle des prix. Il serait également une garantie pour la sécurisation des échanges commerciaux et des investissements directs étrangers (IDE) et stimule l’intégration régionale.

Pour éclairer l’opinion sur ce débat souvent clivant, l’association Imagine Gabon a réuni un panel d’experts de haut vol : le Pr Daniel Cohen, agrégé des Sciences économiques, directeur du département d’Economie de l’École normale supérieure et vice-président de l’École d’économie de Paris ; le Pr Jean Jacques Ekomie, vice-recteur de l’Université Omar-Bongo, lui aussi agrégé des facultés des Sciences économiques et membre du Comité de politique monétaire de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) ; Fidèle Magouangou, docteur nouveau régime en Économie mathématique et économétrie et Inspecteur général des Services au ministère de l’Économie et Cédric Mbeng Mezui, fonctionnaire international, analyste financier et membre fondateur du Think-Tank Finance Afrika.

Moments de la conférence. © Gabonreview

À la question de savoir si ce débat a lieu d’être, l’économiste français estime qu’«il y a une montée du protectionnisme, il y a une rivalité très intense entre les États-Unis et la Chine, l’Europe cherche sa place. Mais chacun sait que le grand continent du 21e sera l’Afrique. Ce sera l’Afrique par sa croissance démographique, sa jeunesse».

Pour lui, 40% de la jeunesse du monde sera africaine d’ici les 30 prochaines années. «Tout ça, c’est d’immenses défis. Il faut comprendre lesquels. Il faut comprendre si l’attachement à la zone euro peut les aider. Est-ce que les pays africains qui ont d’immenses besoins d’investissement pourront trouver un adossement à l’Europe dans ce cas, ça vaut peut-être la peine de continuer. Mais si les financements viennent d’ailleurs, alors la question de leur attachement à la zone euro se posera», a-t-il dit.

Si le Pr Jean Jacques Ekomié souhaite que ce débat soit abordé avec la plus grande sérénité, le Dr Fidèle Magouangou propose la création d’une monnaie nationale. Ceci d’autant plus, estime-t-il, que les conditions d’une zone monétaire optimale ne sont pas remplies. Quant à Cédric Mbeng Mezui, ce débat sur le franc CFA doit être sous-tendu par une intégration communautaire parce que la Cemac sera tôt ou tard entourée de grands ensembles. Dans ce contexte, il propose par exemple d’envisager l’usage de la cryptomonnaie, de renoncer à la convertibilité. Ce qui évitera le recours au compte d’opération.

Le Pr Daniel Cohen s’est réjoui de ces échanges qui ont permis d’explorer quelques pistes sur le destin du franc CFA. «On a eu des discussions très ouvertes. Aucun débat n’a été escamoté : le débat avec les autres pays de la Cemac, le rapport avec la France, avec la zone euro, la question du développement à long terme d’une économie comme celle du Gabon. Et indépendamment du contenu lui-même, ce qui est tout à fait réjouissant c’est de voir qu’on peut parler de ces questions en toute liberté et avec beaucoup d’ouverture d’esprit, en soupesant le pour et le contre».

C’est la direction à suivre pour parvenir à des solutions viables. Car, «on voit bien que la zone Franc comme la zone euro est soumise toujours et constamment, et c’est normal, à des questions presque existentielles et que si on ne les traite pas, alors le remède sera pire que le mal», a prévenu le Pr Cohen.

La conférence a enregistré la présence de nombreux cadres de la République, d’anciens ministres, des parlementaires et des étudiants. La modération a été assurée par l’actuel ministre d’État en charge de l’Habitat, Régis Immongault, par ailleurs membre fondateur d’Imagine Gabon.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Lavue dit :

    C’est bien ce genre d’initiative. Mais après tout ce « bla bla » on fait quoi?. C’est quoi la suite? Le passé sert à éclairer l’avenir. Qui peut nous dire aujourd’hui quelles sont les conclusions des fameux NYFA (New York Forum Africa) de messieurs ATTIAS et ALI BONGO, qu’on nous a pompé lors du premier mandat de ce dernier. Ces grand-messes ont débouché sur quoi pour le Gabon? De la dépense publique inutile. Ici on pourrait commencer par se demander qui a financé cette conférence. Pour rendre tout ça « crédible » on fait venir un expert français qui va nous raconter que le continent de demain, dans 30 ans, ce sera l’Afrique à cause de sa démographie et sa jeunesse. Comment peut continuer à être flatté de la sorte, comme des gamins. Alors il suffit d’avoir une démographie galopante et une jeunesse pour être une puissance économique, c’est ça? Ces gens se moquent des Africains, dont ils ont compris la mentalité. Faut les flatter, les cajoler, ce sont de gros enfants. Pour être un peu sérieux, que dit ce Professeur du retard scientifique, industriel et technologique de continent africain. Dans combien d’années pense-t-il que l’Afrique réduira significativement le gap qui la sépare de l’Europe et comment y parvenir? Combien de prix noble de physique , de chimie, de médecine, d’économie comptent l’Afrique depuis l’accession des pays aux indépendances? Combien de grandes entreprise africaines sont présentes sur les marchés européens et américains? Alors cher Professeur Cohen contribuez lucrativement à flatter les Africains comme pour cette conférence, mais sachez que ces vieux discours ne passent plus chez beaucoup de jeunes instruits et décomplexés face à un Européen. On ne peut pas se projeter dans les 30 prochaines années , alors qu’on a le potentiel pour entrer en compétition avec les autres dès à présent. L’assistance hypocrite des Européens on devrait s’en affranchir. Les asiatiques, contrairement aux Africains colonisés, sont libres d’esprit, ils n’attendent pas de directives politiques ou intellectuelles de qui que ce soit. Ils sont confiants en leur capacité et ont depuis compris que la guerre économique passe par la maîtrise de la science et de la technologie. Les Africains eux rêvent des aides, des soutiens sans fin et des partenariats économiques, convaincus qu’ils ne peuvent pas s’affirmer sur le terrain de la science et de la technologie. C’est dommage et triste pour l’élite actuelle, surtout celle francophone. J’aurai aimé que M. COHEN intègre également ces questions dans sa vision de l’Afrique. Qu’il sache que si elle ne fait rien dans les domaines que je viens d’évoquer elle restera à la traîne du monde malgré sa démographie galopante et la jeunesse qui sera la sienne dans 30 ans.

    Merci

  2. Mebiame Claude dit :

    C’est vrai qu’il nous faut sortir de cette monnaie coloniale qu’est le franc CFA (Colonie Française d’Afrique). Mais peut-être pas pour une monnaie nationale. J’opterai plutôt pour une monnaie AFRICAINE. Si tout le Continent pouvait utiliser la même monnaie, ce serait l’idéal. Ce serait en même temps un premier pas vers les USA ou EUA (États Unis d’Afrique). C’est possible, il faut y croire.

  3. ULIS dit :

    Il faut couper ce SALE cordon ombilical qui nous relie encore à ce pays qui a dévasté notre Continent : la France.

    Toute l’Afrique doit désormais s’émanciper.

  4. Bo dit :

    Bonjour l’Afrique je pense qu’il est temps que nos penseurs, chercheurs scientifique et économistes se penchent sur cette question très importante ,d’abord pourquoi accepter que depuis plusieurs années nous dépendons du trésor français pour existé financièrement , a mon avis il serait judicieux de pensé a la création d’une monnaie forte et africaine ou bien passé du franc CFA directement a l’Euro puisque nous somme les pays francophones pour certains a vous de voir s’il y’a d’évaluation et bien que l’on prenne la décision de rompre avec le CFA

  5. onelove dit :

    Mon frangin Lavue tu as tout dis merci

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