Des semaines après le renouvellement des bureaux des conseils municipaux et départementaux, la présidente du Sénat appelle à la mise en œuvre effective de la décentralisation qu’elle présente comme un véritable gage de développement pour les collectivités locales. Lucie Milebou-Mboussou interpelle vivement le gouvernement sur le sujet.

Vue aérienne d’une partie de Moanda. © Comilog

 

Lucie Milebou-Mboussou, la présidente du Sénat, le 1er mars 2019. © Sénat-Gabon

En février dernier, sur toute l’étendue du territoire national, ont été renouvelés les bureaux des conseils municipaux et départementaux. Quelques semaines après, à l’occasion de la cérémonie d’ouverture de la première session ordinaire de l’année, Lucie Milebou-Mboussou s’est inquiétée de ce que la construction de la décentralisation «peine à prendre forme». Elle n’a pas manqué de s’en plaindre auprès du Premier ministre Julien Nkoghe Bekale, lui rappelant que la mise en place d’une véritable décentralisation est une garantie du développement des collectivités locales souhaité par les autorités.

Sinon, «comment rendre attractives et gouvernables nos collectivités, s’il ne leur est pas accordé une réelle autonomie ?» s’est interrogée la présidente du Sénat, précisant néanmoins que cette l’autonomisation des collectivités locales que ses collègues et elle-même appellent de leurs vœux n’est pas incompatible avec le déploiement d’instruments d’accompagnement et de contrôle. Une façon de rassurer les autorités de Libreville, dont la crainte des détournements des fonds alloués par l’État et les ressources récoltées localement est légitime.

Seulement, l’élue de Fougamou (Ngounié) prévient qu’au sujet de la décentralisation qu’elle attend voir se matérialiser, «il ne s’agit pas seulement de transférer des compétences [aux collectivités locales], il s’agit de libérer la gouvernance locale».

En attendant la mise en œuvre effective de la décentralisation, Ali Bongo avait annoncée, le 31 décembre 2017, la création du Fonds d’investissement départemental (FID). D’un montant de 1 milliard de francs CFA pour chaque département, cet argent est censé financer le développement des collectivités locales. 14 mois après, on est toujours à l’étape de l’examen des projets à financer. Le FID devrait être géré par les gouverneurs de province.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. bill ngana dit :

    La décentralisation à la vitesse de l’escargot ? Le cas du Gabon n’est pas unique. Les gouvernements africains en général, demeurent tous frileux lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre les mesures relatives à la décentralisation. Et pourtant, qu’est-ce que tous et chacun conviennent de l’efficacité de ce mode de gestion de la Cité ! En réalité, ce qui ne tourne pas rond et fait aussi tourner en rond, c’est que les gouvernements ont peur de se voir ravir le monopole des centres de décisions dans le pays et, donc, de moteur de l’initiative du développement. Je me rappelle qu’on parlait déjà de décentralisation au Gabon, à l’époque du Vénérable Rawiri, président du Senat. Depuis lors, il s’est écoulé des tonnes d’eau sous les ponts et on en est encore à se demander comment va-t-on faire pour réaliser ceci ou cela. La Vénérable Milébou parle de certains méfaits considérés par elle comme des freins à l’instauration de la décentralisation au Gabon. Elle peut avoir raison, on ne sait jamais. Mais les détournements par exemple, les détournements sont-ils préférables lorsque c’est tel ou tel responsable qui détourne ? Elle évoque également des mécanismes à mettre en place. Ben, d’accord. Mais pour contrôler quoi ? Tous les mécanismes mis en place depuis des décennies dans les régies financières ont empêché quels détournements au Gabon ? Si de tels mécanismes existaient RÉELLEMENT, la route Ntoum-Kango (ou plusieurs autres projets) serait-elle dans l’état que les usagers dénoncent ? Et la Commission nationale contre l’enrichissement illicite aurait-elle sa raison d’être et de hauts fonctionnaires incarcérés pour des motifs de prévarication ? Il faut plutôt se dire que le gâteau est insuffisant pour tout le monde, pour tous ceux qui peuvent le grignoter. Et ce sont ceux qui possèdent le pouvoir de décider qui ne souhaitent pas minorer leur part…, jusqu’à faire renvoyer aux calendes grecques l’avènement de la décentralisation. Je pense que le gouvernement, pour agir prudemment tout en donnant le gage de sa volonté à aller de l’avant, choisirait plutôt pour commencer, quelques départements pilotes et y décréterait le début de la décentralisation. Un par province serait un nombre raisonnable devant la demande gigantesque de notre terroir et l’incertitude du lendemain.

  2. Paul Bismuth dit :

    Si la décentralisation s’effectue de façon lente c’est uniquement à cause du manque de volonté politique. Et le pouvoir ne peut exciper du risque de corruption, car celle-ci obère déjà les finances publiques sans qu’aucun effort ne soit vraiment déployé pour la combattre.
    Je pense que la décentralisation est nécessaire pour le pays. C’est un outil d’optimisation de la dépense publique, en plus de concourir à l’éducation politique des populations, comme le suggérait de Tocqueville. La présidente du sénat à raison quand elle dit que la décentralisation ne se fait pas sans contrôle et qu’il ne faut donc pas que le Gouvernement ait peur. Voyez un peu ce qu’il passe en France : les préfets, en vertu de la constitution et du code général des collectivités territoriales, exercent un contrôle de PURE LÉGALITÉ les actes des collectivités territoriales. On pourrait faire de la France notre muse en la matière. Et si on craint que nos collectivités territoriales se lancent dans n’importe quel projet en vertu de je ne sais quel intérêt local sorti de leur chapeau, eh bien on ajoutera aux premieres heures un contrôle d’opportunité des actes (en sachant quand même qu’il faudra avec le temps se limiter à un contrôle de pure légalité, vu que le but est de la decentralisation est de donner de la liberté aux collectivités locales).
    Mais il y a à côté de cela quelques entreprises à réaliser pour être vraiment efficace: on a besoin de rationaliser notre carte des collectivités locales. En effet nous en avons trop par rapport à la taille de notre population et celle du territoire. Plus de 30 départements (et au moins le même nombre concernant les communes) et qui sont faiblement peuplés. Il faut donc en supprimer et fusionner , afin d’obtenir des territoires pertinents d’un point de vue démographique et économique. On pourrait même réfléchir aussi sur la nécessité d’avoir deux échelons de collectivités locales. Ce qui reviendrait ainsi à cogiter donc sur le maintien du département, mais pas de la commune qui, elle, à son utilité partout. Mais ce que j’expose ici recquiert tant d’efforts intellectuels et patriotiques qui demandent à leur tour de se départir de la logique clientéliste si chère à nos élites politiques. Ce qu’elles ne semblent pas prêtes à faire. Voilà ce qui semble la vraie raison à tout ce pietinement.

  3. diogene dit :

    La décentralisation n’est même pas un sujet. Les deux tiers de la population vivent comme vous à LVB ou ses excroissances : Owendo et Akanda.
    De plus, comme vous feignez de l’ignorer, les baronnets du régime règnent en maître dans les provinces et plus particulièrement dans les zones à peine urbanisées.
    Je me souviens d’une personne qui ,à Fougamou pour être précis, se plaignait du fait que pour obtenir une place au marché, on lui demandait d’adhérer au parti des dégénérés grotesques. Elle ne le fit pas et ne put accéder au marché. Voilà l développement que vous nous offrez , NON merci!

    Passons aux détournements de fonds dans nos chères provinces désertes, les fêtes tournantes ne vous ont pas édifier ? Il est vrai que personne des gouvernances locales, n’a jamais été vraiment inquiété par la justice.
    Impunité et corruption sont les deux piliers du fascisme bongolandais.

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