Alors que le chef de l’État, Ali Bongo Ondimba, avait déjà souligné que l’indiscipline ne saurait être tolérée au sein des forces de l’ordre et que, le 7 juillet dernier, Jean François Ndongou, ministre de l’Intérieur, a enjoint les policiers à l’exemplarité, rien n’y fait. Les écarts de conduite et les soupçons de prévarication vont de plus belle.

Le chef d’état-major des polices d’intervention, le général Philippe Ngabou Tsimbou, a récemment été suspendu de ses fonctions pour avoir détourné la ristourne des services payés par le Trésor (6 millions de francs CFA/mois). Il devrait incessamment passer en conseil de discipline, indique une source fiable de la Police nationale. D’autre part, le patron de la Police judiciaire de l’Ogooué-Maritime, le capitaine Noé Ngoma, a été relevé de ses fonctions pour avoir usé de son arme de service et tiré deux coups de feu en l’air pour intimider un tenancier d’hôtel à qui il ne voulait pas payer une nuitée de 21 000 francs CFA.

Le général de brigade Léon Mistoul, nommé au commandement en chef de la police en janvier 2012, avait annoncé dès le début qu’il allait nettoyer la Police de tous ces ripoux. Si on peut penser qu’il pratique ce qu’il a prêché, on note cependant qu’il n’est pas, lui-même, exempt de critiques, de ragots ou d’accusations, à tort ou à raison. A titre d’exemple, des agents police racontent à qui veut les entendre que 32 millions de francs CFA ont été débloqués pour le paiement des primes aux agents affectés à la surveillance des examens de fin d’année scolaire. Ils ne comprennent cependant pas pourquoi ceux-ci n’ont reçu que 1 500 francs de prime journalière alors que par le passé cette prime était de 10 000 francs. Une coupe claire de 85 % aurait donc été effectuée par le commandant en chef de la Police, le général Léon Mistoul, maugréent les mécontents.

Le général de Police est également accusé d’avoir confisqué 450 millions de francs déboursés par le Trésor public pour la sécurisation de la dernière Coupe d’Afrique des nations de football. Il se murmure dans les couloirs de la Police qu’aucun policier retenu pour cette mission n’a reçu sa prime alors que les agents des autres corps ont été gratifiés. Les policiers mouchards soutiennent qu’il en a été de même pour les 80 millions de l’encadrement sécuritaire de la 9e Conférence islamique des ministres de l’Information de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) tenue à Libreville à la mi-avril dernier. Dire que le 30 juin dernier, le ministre de l’Intérieur, Jean François Ndongou, a littéralement blâmé les policiers subalternes pour leur goût du lucre. Il devrait certainement s’adresser également aux hiérarques pour leur inclination au péculat.

Le 7 juillet dernier à l’école de police d’Owendo où Jean François Ndongou supervisait la remise de galons aux agents de la promotion 2008, le général Léon Mistoul avait lui-même attiré l’attention des policiers qui s’illustreraient par des actes répréhensibles. Fort de ce que le président Ali Bongo avait donné des instructions «claires», le Comchef de la police avait mis en garde les agents alors promus : «en cas de faute avérée, vous serez seuls à répondre devant les instances disciplinaires internes, c’est-à-dire l’inspection générale, soit devant la justice.» Prêchait-il dans le désert ou prêchait-il ce qu’il ne saurait lui-même mettre en pratique ?

 
GR
 

7 Commentaires

  1. ni lire ni écrire dit :

    Ce pays manque-t-il cruellement de corps d’inspection? Investir c’est bien, mais savoir ce qui se passe dans son administration et éventuellement sanctionner, c’est un préalable indispensable, sinon tout l’argent part en fumée

  2. Djouori dit :

    Et quand est-il des policiers a l’aeroport et a LA DGDI ou encore au frontieres terrestres et navales avec les reseaux d’immigrants clandestins? Mais au lieu d’arreter ou de suspendre seulement quand quelqu’un est pris on devait aussi enqueter ou faire un veritable audit de la gendarmerie et de la police. Sont-ils les seuls, et les mairies? et les impots? Bref, les petits policiers ne fonts que ce qu’ils voient faires les grands policiers. Quand ils auront des modeles devant eux ils seront aussi moins corrompus.

  3. Petit-Connard Ogandaga dit :

    Au Gabon, on n’entre pas à la Police pour servir la justice. On y entre parce qu’on veut s’enrichir au détriment des pauvres citoyens qui sont arnaqués, rackettés, violentés sans possibilité pour eux de se plaindre, parce que le flic aura toujours raison devant un civil. Le Makaya de l’Union, hier, dénonçait un abus du genre commis sur un père de famille d’un certain âge au sujet duquel il y a eu altercation entre flics à la Préfecture de Police de Libreville. Et la semaine dernière, on a signalé la suspension de flics au CEDOC. Ils avaient institué et systèmatisé le graissage de la patte pour la livraison des cartes de séjour aux pauvres étrangers.

    Il faut dire que le Policier est mal payé et que la promotion 2008 a été très mal formée, dans l’urgence de la CAN 2012. Tout est à recommencer. Il faut former une Brigade des incorruptibles ou une Police des Polices chargée de traquer le mal au sein même de la Police, même auprès de ses généraux de pacotille.

    • ni lire ni écrire dit :

      Tout à fait d’accord, il faut un corps d’inspection, ici comme ailleurs. Rien n’est possible sans la culture du résultat, du controle et de la sanction. Le vrai probleme du Gabon, c’est pas ABO, c’est pas AMO, c’est le manque de civisme du haut en bas de l’échelle.

  4. scha dit :

    la police est un corps censé défendre et protéger les biens et personnes! mais c’est bien souvent le contraire que pratiquent ces gens d’armes qui usent de tous les subterfuges pour se faire un peu plus de blé!ils se servent de leur statut pour intimider et abusent de leurs pouvoirs en s’illustrant par des comportements blâmables: propos discourtois, humiliations(rasage de personnes,violence physique).
    le fait qu’ils se livrent à des pratiques visant à arrondir leurs fins du mois s’explique par leurs conditions de vie et de travail qui sont souvent pénibles, ajouté à cela que plusieurs d’entre eux ont choisi ce métier non par amour, mais dans le souci de se caser, juste pour éviter le chômage.dès lors, il n’ y a aucune conscience professionnelle, cette valeur qui vous pousse à faire votre job de façon honorable et digne, quelles que soient les conditions!!

  5. Nelson Mandji dit :

    Mon Dieu! Pour 21.000 francs un hiérarque de la PJ s’est mis en difficulté professionnelle. Cela confirme ce qui se dit à Libreville, que la PJ est le gang des gangs. Ses éléments braquent parfois les domiciles des citoyens  et quand ils ne sont pas de mèche avec les bandits, ils profitent de leur butin après les avoir abattu pour que les gangsters n’ébruitent pas le rapt. Des choses connues de tous et que la hiérarchie policière refuse de voir.

  6. le fils du pays dit :

    Faites ce que je vous dit de faire, mais ne faites pas ce que je fait!!! et que vive la république des voleurs, menteurs, casseurs, tricheurs et j’en passe.

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