La décision de Florentin Moussavou, soutenue par le conseil des ministres du 27 mars dernier, de limoger une vingtaine de chefs d’établissement, semble avoir du plomb dans l’aile : au deuxième jour de la contestation de cette décision au Lycée Paul Emane Eyéghé, les élèves ont mis le feu aujourd’hui sur l’artère principale de cet établissement. Il y a le feu…

Dans la rue, le 29 mars 2017, les élèves du Lycée Paul Emane Eyéghé. © Gabonreview/Capture d’écran vidéo amateur

 

Fridolin Mvé Messa, secrétaire général du Syndicat de l’Éducation nationale (Seena), avait prévenu : la décision du conseil des ministres de limoger des responsables de certains lycées et collèges est «un coup d’épée dans l’eau ; mieux, elle participera à l’intensification du front social». Il ne croyait donc pas si bien dire, mais là, le front social… c’est la colère des élèves. Ce mercredi 29 mars, deux jours après le conseil des ministres, les élèves du Lycée Paul Emane Eyéghé qui contestent la mise à l’écart de leur proviseur, Olivier Mondjo, refusent, pour la plupart d’entre eux, de reprendre les cours. Mieux, après avoir manifesté dans l’enceinte de leur établissement, ils en sont sortis. Et, pour bien montrer leur détermination, ils ont mis le feu dans la rue.

Manifestation des élèves dans l’enceinte de l’établissement. © Gabonreview/Capture d’écran vidéo amateur

 «Au feu ! Au feu !»

Aux alentours de 10 h 30, l’artère principale menant à cet établissement a donc subi les affres du feu, et de nombreux automobilistes ont dû rebrousser chemin pour en éviter les flammes et les jeunes émeutiers. Saisis par des riverains qui criaient «au feu», des policiers postés à quelques mètres de cet établissement sont venus remettre un peu d’ordre dans la zone, et ont demandé à des passants d’éteindre le feu.

Ce feu est-il le symbole de ce qu’est aujourd’hui l’Éducation nationale ? Une maison en flammes, une maison qui brûle ? Une maison marquée par une absence de dialogue entre le «maître des lieux» et ses partenaires. L’absence de dialogue a en effet plombé cette année scolaire qui sera tout au moins «grise», si elle n’est pas «blanche». Il n’y a donc pas eu cours ce mercredi 29 mars dans ce lycée ; que ce soit pour ceux qui y apprennent le matin que pour ceux qui apprennent l’après-midi. Des élèves d’autres établissements menacent de suivre, dans les tout prochains jours, la «voie prise par Paul Emane-Eyéghé».

Intransigeance, sanction, purge

Puisqu’il soutient son ministre de l’Éducation nationale envers et contre tout, le gouvernement aurait dû, lors du dernier conseil des ministres, désigner un médiateur pour parvenir à résoudre ce conflit qui dure depuis cinq mois. Car il faudra bien qu’il le résolve ! Mais comment le résoudre quand le ministre s’est disqualifié lui-même, préférant l’intransigeance, la sanction et la purge. Or, Florentin Moussavou, membre fondateur du Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec), le sait : dans un conflit social, la fermeté ne règle rien. Au contraire, elle exacerbe les tensions ! Conséquence : à la maison Éducation nationale brûle…

 

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Mboung dit :

    « On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où l’on va » Christophe Colomb

  2. TCJ dit :

    Il n’y a pas plus aveugle que celui qui refuse de voir.
    Les problèmes de l’Éducation Nationale sont multiples. Les plus importants actuellement sont:
    – les effectifs pléthoriques ne peuvent être endigués que par la construction suffisante des salles de classe;
    – le paiement des vacations et de la PIP;
    – la mise en formation continue des enseignants;
    – l’embauche de nouveaux enseignants en vue de renforcer l’équipe actuelle et juguler du même coup le chômage.

  3. Le citoyen dit :

    Ces enfants reviendront à la raison. Dans quel pays voit-on les élèves décider ou non du maintien de leur proviseur? Pauvre Gabon§ Et dire qu’il y a des commentaires qui ignorent cette règle très élémentaire. De toutes les façons il faut sanctionner sévèrement les meneurs et les exclure. Il faut mettre de l’ordre dans tout ce mélo mélo. Et quels sont les critères qui nomment les proviseurs si ce n’est à la discrétion de l’administration?

    • diogene dit :

      Il n’est pas juste de penser que les élèves veulent le maimtien de leur proviseur, mais plutôt qu’ils ressentent le malaise général, les frustrations des élections trucquées, des pertes d’emplois à répétition,le manque de structures scolaires dignes du 21ème siécle, la hausse perpétuelle des prix, l’arrogance d’un pouvoir vacillant…

  4. James Bond 007 dit :

    Proviseur limogé. Ok. Et après? Il a perdu son boulot? Les élèves décident-ils maintenant de qui doit être leur proviseur?
    Ces enfants sont juste utilisés car certains sont des ados et les ados, ç’a le sang chaud!!!

  5. MAMBAT'E ME DYBONG'OU. dit :

    Mr le Cytoyen si vs pensez que le ras le bol exprimé au quotidien par ces enfants, nos enfants n’est que celui de reclamer le maintien de leur proviseur, non vs n’avez pas tout compris. Nos enfants veulent des décision dignes de ce nom. Des décisions qui vont leur permettre de regagner les salles de classe. Ils veulent que face aux syndicats qui ne reclament que la bonne santé de l’école gabonaise, le Ministre doit s’asseoire face a face avec eux et dire: Vous et nous; cherchons ensmble les solutions de sortie de la la crise et non leur dire: Ou c’est vous, ou c’est moi!! s

  6. MAMBAT'E ME DYBONG'OU. dit :

    ON NE GUERIT PAS LA FIEVRE EN CASSANT LE THERMOMETRE.

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