Prix de la «Meilleure Start-up innovante en cosmétique» au Maroc, le fondateur de Safou Cosmétic, Thierry Malibala Mbakogo, retrace dans l’entretien ci-dessous le parcours inspirant d’un entrepreneur déterminé et prêt à conquérir de nouveaux horizons.

Thierry Malibala Mbakogo, le fondateur de Safou Cosmétic, récemment Prix de la «Meilleure
Start-up innovante en cosmétique» au Maroc, lors de son passage à Gabonreview. ©
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Gabonreview : Vous venez de remporter un prix dans le secteur du cosmétique au Maroc. De quoi s’agit-il ?

Thierry Malibala Mbakogo : Nous étions invités au Salon international des professionnels de la cosmétique et du bien-être, co-organisé par Cosmétista Expo et le Cluster Ménara. A l’issue de ce Salon, les industries de luxe, agroalimentaire et de cosmétique nous ont décerné le Prix de la meilleure startup innovante en cosmétique au Maroc. Il faut indiquer que nous avons notre siège à Marrakech, au Maroc. Ce prix est pour nous l’ouverture sur le monde, parce que être un membre du Cluster Ménara qui est l’organisateur du Prix, est une véritable fierté. Ce Cluster regroupe les industries de luxe, agroalimentaires et cosmétiques. Pour nous, c’est un enjeu très important.

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Quelle idée de fabriquer des produits à base d’huile de safou?

A l’âge de 10 ans, je voyais ma grand-mère qui, malgré son âge, avait une très belle peau. Elle avait juste de petites ridules. Elle n’avait pas de rides en tant que tel. Elle avait donc une très belle peau. Et un jour, je lui ai posé la question de savoir comment elle faisait pour avoir une telle peau. Elle m’a répondu qu’elle utilisait l’huile d’atanga, appelé génériquement safou.

J’étais toujours derrière elle pour savoir comment on extrait cette huile du fruit. Elle me répondait qu’étant un homme, il n’était pas nécessaire pour moi de savoir l’importance des huiles de beauté. Avec insistance et surtout à cause de ma curiosité, elle a compris que j’étais très intéressé. Un jour, elle m’a amené derrière sa maison et elle m’a montré les techniques d’extraction de l’huile d’atanga ou de safou qu’elle a acquises auprès de ses grands-parents.

C’était mémorable et j’ai nourri cette passion très longtemps, parce que dès que j’ai vu la première goutte d’huile tomber, je me suis toute de suite dit qu’il fallait, un jour, créer une marque de produits à base de cette huile. J’ai gardé ce rêve pendant plus de 40 ans dans ma tête et chaque fois que je voyageais dans un pays, je demandais toujours s’ils connaissaient cette huile. C’était difficile d’avoir une réponse positive. Par la suite, je suis entré dans les associations des universitaires d’Afrique centrale comme membre honoraire. J’étais dans l’une de ces associations présidées par le défunt Dr. Joseph Kengue, un grand chercheur que je suis allé moi-même rencontrer au Cameroun. C’est lui qui, pour moi, a révolutionné l’huile d’atanga et qui m’a donné beaucoup plus de punch et d’espoir et m’a permis de croire en la qualité de cette huile.

Comment est accueilli votre produit sur le marché par les consommateurs et dans les milieux des professionnels ?

En ce qui concerne les consommateurs, le produit est très bien accueilli puisque c’est un produit de qualité. La certification le prouve si bien. Nous venons d’avoir un prix. C’est un prix donné par les professionnels, c’est-à-dire les industries de luxe et du cosmétique au niveau du Maroc. En résumé, le produit est très bien accueilli dans les deux sens. Que ce soit du côté des consommateurs qui reviennent toujours dans la mesure où on a des abonnés. Pour nous c’est une véritable fierté.

Quelle garantie pour ces produits ?

La garantie en cosmétique c’est la certification. Ce sont les tests microbiologiques que nous avons pu faire au niveau du Maroc. Après le produit fini, nous avons accentué ces tests microbiologiques et toxicologiques dans les laboratoires de renom en France. Aujourd’hui, je peux vous garantir que ce sont les produits qui sont très bien élaborés. En plus, ce sont des produits qui vont sur tous types de peau.

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Quels sont les pays dans lesquels vos produits passent mieux ?

Dans certains pays, nos ventes sont timides. Mais dans d’autres les choses vont très vite. La clientèle est étonnée de savoir qu’il y a de tels produits à base d’huile de safou, plus connu comme un aliment dans la région. Mais, ceux qui l’utilisent reviennent parce qu’ils reconnaissent les bienfaits. Globalement, dans toutes nos représentations aux Maroc, en France, au Cameroun, au Gabon et en Côte d’ivoire, le produit est bien accueilli.

Au Gabon, avez-vous des contacts avec le gouvernement dans le cadre d’un quelconque appui aux startups ?

Pour le moment, non ! Nous n’avons que de simples contacts. On se débrouille. Je le dis parce qu’au-delà d’une startup, c’est une entreprise qui se déploie petit à petit dans les pays. On le fait vraiment seul. C’est l’occasion d’interpeller les pouvoirs publics. C’est la fierté du Gabon parce que nous utilisons le vert-jaune-bleu. Nous sommes quasiment la seule marque de cosmétique au monde qui utilise cette huile. C’est vraiment une fierté pour nous et pour le pays et pour la sous-région. Je demande donc aux pouvoirs publics d’avoir un œil, je ne dirais pas compatissant, mais de nous comprendre et de nous accompagner. On voit bien que la percée des grands pays comme la Chine ou l’Allemagne repose également sur l’accompagnement des startups qui est très puissant au niveau étatique. On voit bien aujourd’hui l’Ethiopie qui se développe, parce que ses entreprises sont soutenues par les pouvoirs publics. Sans accompagnement, vous avez l’impression de tourner en rond et je ne suis pas le seul dans le domaine de l’entrepreneuriat à le vivre. Il y a beaucoup d’entreprises, d’entrepreneurs gabonais qui veulent se déployer et qui souffrent de l’absence d’un accompagnement efficace et structurée.

Quelles perspectives pour Safou cosmétics ?

Nos perspectives sont de s’étendre sur le continent ; mais aussi en Europe et au Etats unies. C’est notre vœu le plus absolu. Lors de ce grand salon au Maroc, nous avons déjà beaucoup de commandes en ce qui concerne l’huile. Cela veut dire que sous peu, il y aura d’autres marques qui vont l’utiliser. Au Maroc, il y a une huile qu’on appelle l’huile d’argan. Elle est très appréciée. Toutes les marques au monde l’utilisent. Notre souhait c’est de voir aussi d’autres marques au monde utiliser l’huile d’atanga. A travers cette démarche, nous voulons donner du travail, créer des emplois, permettre aux petits planteurs d’avoir des revenus dans leur village, en vendant par exemple leur huile à d’autres marques.

 
GR
 

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