En dépit de la contestation d’une partie des actionnaires, dont le ministre Franck Nguéma, le conseil d’administration de la télévision privée promue par le défunt André Mba Obame a eu lieu vendredi, avec la nomination de nouveaux patrons. Les deux parties devraient régler leur différend devant la justice.

Les avocats des deux nouveaux patrons de TV+ et leurs clients au termes du conseil d’administration, le 30 août 2019. © Facebook/GPB

 

L’on s’achemine inévitablement vers un bras de fer judiciaire entre les différents actionnaires de TV+ Gabon S.A. C’est, en tout cas, ce qui ressort à la suite du conseil d’administration tenu, vendredi 30 août, à Libreville. Selon l’avocat de Franck Nguéma, actuel ministre de la Culture et ancien PDG de la société médiatique, cette réunion n’avait pas lieu d’être. D’autant plus que Jean Mathieu Obiang Ndong, mandataire de feue Suzanne Angue Obame, qui détient 80% des actions de la boîte, a formellement été récusé par cinq actionnaires sur huit. La notification de cette révocation lui a d’ailleurs été faite trois jours plus tôt. Comme lui, le statut d’administrateur de TV+ est également contesté à Joseph Ondong Atome.

Seulement, Anges Kevin Nzigou, l’avocat du mandataire contesté, assure que «cette révocation publiée dans la presse ne tient pas lieu d’acte d’opposition» comme cela aurait dû être fait par la partie adverse, conformément à la loi. Conséquence : le conseil d’administration du vendredi s’est achevé sur la nomination des deux personnes contestées à la tête de l’entreprise : le premier comme président du conseil d’administration et le second comme administrateur. Franck Nguéma, l’ancien PDG qui assure avoir quitté ses fonctions dès son entrée au gouvernement, a quant à lui été nommé administrateur en second.

Opposition et procédure légale

Si des documents attestent que les deux nouveaux patrons de TV+ ont bel et bien été notifiés du caractère illégal de leur convocation du conseil d’administration, leurs avocats soutiennent que cette notification par voie d’huissier ne les contraignait pas à annuler la réunion prévue et officiellement annoncée depuis le 12 août. La partie accusatrice aurait dû suivre la procédure légale en termes d’opposition à une décision, y compris celle issue d’une réunion de famille.

«Nous avons eu, il y a quelque temps, une audience au cours de laquelle M. Franck Nguéma avait contesté le fait de n’avoir pas été celui qui avait convoqué le conseil successoral au terme duquel mon client avait été désigné mandataire de feue Angue Obame. Mais il ne l’a pas fait dans les règles de l’art. Il n’a pas fait officiellement opposition à cette décision. Il s’est contenté de le dire verbalement. Et plus d’un mois après cette audience, soit le 7 août, nous nous sommes rendus au greffe en matière de succession pour constater que M. Nguéma n’avait toujours pas officiellement fait opposition au conseil successoral. D’où la convocation du mandataire désigné d’un conseil d’administration, dont les conclusions seront portées à la connaissance de l’ancien PDG de TV+», explique Anges Kevin Nzigou, qui nie par ailleurs avoir présidé ce conseil. «J’ai simplement été choisi comme secrétaire», assure-t-il.

La justice tranchera

Bien que n’étant plus officiellement à la tête ni du conseil d’administration ni de la direction générale de TV+ depuis janvier 2019, Franck Nguéma devrait attaquer en justice les décisions du conseil d’administration de vendredi.

Quelques heures avant la tenue dudit conseil, l’ex-PDG a d’ailleurs fait parvenir par voie d’huissier à Jean Mathieu Obiang Ndong et à Joseph Ondong Atome une sommation aux fins de cessation de trouble. Les deux intéressés n’y ont pas tenu compte. Pour l’heure, la majorité des membres de la famille d’André Mba Obame semble soutenir la position de Franck Nguéma. La justice tranchera sans nul doute dans quelques semaines, voire quelques mois.

 
GR
 

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