Âgé d’une trentaine d’années, un homme est placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville où il attend le procès qui fixera son sort. Il est accusé d’avoir outragé le drapeau gabonais à Cocobeach.

Pour avoir outragé le drapeau gabonais, un jeune homme risque des années de prison (illustration). © D.R.

 

Pierre Endamane Mba est poursuivi pour avoir outragé le drapeau gabonais. Le 16 août, vers 7 heures à Cocobeach, il «l’a arraché de sa corde avant de le déchirer et d’uriner dessus». Sortant d’une soirée de mariage à laquelle il n’était pas convié, il a, selon le quotidien L’Union, «fait irruption dans la cour de la brigade de gendarmerie située à proximité de la salle polyvalente de la mairie de Cocobeach» où il a commis cet acte délictuel.

Ahuri par le spectacle, un gendarme a tenté de ramener Pierre Endamane Mba à la raison, mais a reçu en retour «des coups de poing». Offensé, le gendarme a riposté et réussi, avec l’aide de ses collègues, à le maîtriser. Placé en garde à vue à la brigade de gendarmerie de Cocobeach, il a ensuite été présenté devant le procureur de Libreville avant d’être placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville. Il y attend le procès qui permettra de statuer sur son cas. Au-delà des coups portés aux hommes en tenue, Pierre Endamane Mba devrait être jugé pour outrage au drapeau.

Prescrit par le Code pénal gabonais, ce délit est rangé au titre des atteintes à l’ordre et à la sécurité publique, à l’autorité de l’État et au crédit de la Nation. L’article 86 prévoit «un emprisonnement d’un mois à un an et une amende de 24.000 à 240.000 francs, ou de l’une de ces deux peines seulement [pour] quiconque aura, par paroles, écrits, gestes ou de quelque autre manière, outragé le drapeau de la République gabonaise».

Le drapeau est considéré comme le premier symbole de la République gabonaise. S’il fait depuis 2009 l’objet d’une célébration nationale, il est reconnu par la Constitution qui oblige le président de la République à lever sa main droite devant le drapeau lors de sa prestation de serment.

Cependant, si le cas Pierre Endamane Mba pourrait faire école, il reste que le drapeau gabonais est souvent malmené, même au sein de certaines administrations et lieux publics où il est suspendu en piteux état, sans que les autorités ne s’en inquiètent. Mieux, les symboles de République sont, pour une raison ou pour une autre, souvent mortifiés sans que la loi soit appliquée à l’encontre des indélicats. Il n’est d’ailleurs pas rare d’entendre certains siffler la Concorde. Comme quoi, le Gabon a un rapport complexe et ambigu avec ses symboles nationaux. Peut-être que ceux qui pensent que «toutes nos valeurs ont foutu le camp» n’ont pas totalement tort.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Isidore dit :

    Oui, c’est mérité comme punition, je crois. Il aurait plutôt du le faire avec le drapeau du PDG ou de l’AJEV.

  2. diogene dit :

    Tricher aux élections en toute sobriété n’est il pas un outrage ?

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