Depuis l’opération de récupération des véhicules administratifs immatriculés en «100», des hauts fonctionnaires, et même des membres du Gouvernement actuel, ont planqué ces voitures pour ne pas se les faire reprendre. 

Nissan Patrol grand luxe. © youtube.com
Nissan Patrol grand luxe, modèle attribué aux ministres gabonais. © youtube.com

 

Dans le vocabulaire politico-administratif gabonais, il y avait déjà «roitelets», ces hauts fonctionnaires qui se déclarent être proches du chef de l’Etat et n’ont de ce fait pas de compte à rendre à leur hiérarchie, concernant leur action publique. Ce qui, selon eux, leur confère un statut particulier. En son temps, Omar Bongo les avait dénoncés et promis de mettre fin à leurs pratiques. Il faudrait dorénavant, dans ce vocabulaire, ajouter le mot «voyoucrate». A ce propos, l’encyclopédie participative en ligne Wikipédia renseigne que la voyoucratie est une «forme de gouvernement fondée sur des méthodes de voyous» et que, par extension, c’est le «type de pouvoir exercé par les voyous ; la suprématie des voyous».

Le ministre-voyou ou voyoucrate est un membre du gouvernement qui tient à tout prix à conserver, bien qu’il dispose bien souvent d’un parc automobile impressionnant, les véhicules que l’Etat a mis à sa disposition pour ses fonctions précédentes. Et particulièrement les véhicules immatriculés en «100» qui, au départ, ne devaient servir que pour les conférences internationales organisées dans le pays, mais dont les hauts fonctionnaires du ministère des Finances/Budget ont travesti l’idée initiale pour s’approprier éhontément ces moyens de locomotion. Depuis quelques années, les voitures portant l’immatriculation 100 sont signe de propriété personnelle de ceux à qui ils elles ont été affectées ! C’est la raison pour laquelle des ministres et hauts fonctionnaires ont décidé de planquer ces voitures. Certains en sont même venus à retirer ces plaques d’immatriculation, et roulent ainsi ces automobiles durant le week-end.

Une opération de récupération des véhicules immatriculés en 100 a démarré début-septembre dernier. Elle consiste à les retirer à ceux qui n’y ont plus droit, parce que n’exerçant plus au ministère du Budget ou de l’Economie. L’opération porte essentiellement sur les véhicules haut de gamme (Toyota VX, Nissan Patrol, Lexus) et de gamme moyenne (Mitsubishi Pajero, Suzuki Grand Vitara, etc.) Récupérer ces véhicules revenait donc à redonner au parc automobile de l’Etat des bolides devant servir à ce à quoi ils sont réellement destinés. Mais certains ministres s’y refusent, donnant ainsi le sentiment que le changement de paradigme tant exalté ne les concerne point.

Dans ce vilain jeu d’appropriation des biens collectifs, se trouve un ancien ministre délégué au Budget, mais aussi un ex-ministre de l’Economie et un ex-ministre des Transports. Les véhicules immatriculés en 100 de ces trois membres du gouvernement toujours en exercice ont été planqués à des endroits insoupçonnables. Pour le premier, chez le petit frère. Pour le second, à son domicile. Les chauffeurs sont instruits de ne plus les sortir des parkings. L’un de ces chauffeurs, plutôt agent de sécurité, raconte comment son «patron» lui a demandé de retirer les plaques 100 jusqu’à nouvel ordre… Mais cette pratique n’est pas observée que chez les ministres sus cités. D’autres ministres, actuels ou anciens, se sont également mis à cette pratique.

Cette boulimie, cette envie de tout avoir, de s’accaparer les biens collectifs, cette émergence d’excès en tous genres – en un mot, les pratiques de ces voyoucrates constituent un gros caillou sur le chemin de la moralisation prônée par le président de la République. Malgré les multiples rappels à l’ordre du chef de l’Etat, malgré cette sorte de pédagogie à la responsabilisation prônée par le n°1 gabonais, on en est encore à toujours vouloir voler à la collectivité, à prendre plus que ce à quoi on a droit.  Ali Bongo se doit de mettre fin à ce Gabon en faillite morale.

 

 
GR
 

14 Commentaires

  1. massuku dit :

    Dans une maison lorsque le chef de famille n’est pas exemplaire (conduite, moralité, intégrité….), son attitude est reflet de toute la maison. Mais lorsque le chef est irréprochable, même sans ouvrir la bouche pour donner des orientations, la membres de la maison auront du mal a avoir des comportements déviant. Pour le cas de notre pays qui montre le cap à suivre et quel est son comportement?

  2. Republique de facade,Monarchie de fait. dit :

    Est-ce que Ali Bongo est lui meme de bonne moralite? pour pouvoir mettre fin a des actes immoraux, il faut avoir de la morale, un Homme qui va deguerpire manumilitari des enfants et des mamans a 2h du matin pour les jetter comme de la vulgaire marchandise a Malibe, sans tenir compte des risques de crimes rituels a quel moralite? Gabonreview, je vous comprend vous continuez a accorder le benefice du doute au « petit la »

  3. Observateur dit :

    Je pensais que les êtres humains étaient dotés du libre arbitre. Tout est question de patriotisme, d’amour que l’on porte ou pas à son pays et de l’héritage qu’on veut laisser à ses enfants. Le PR n’a pas vocation à refaire l’éducation ou la moralité des gens. On peut lui reprocher de pas assez utiliser le bâton. C’est pas parce que je vois un automobiliste jeter ses coques d’arachides vides sur la chaussée que je dois faire comme lui. Il faut choisir des modèles qui nous élèvent, pas ceux qui s’illustrent négativement. Tu arrives au boulot à 11h, c’est le PR, tu trompes ta femmes, c’est le PR, tu prends des bakchich, c’est le PR, mais finalement à quel moment est-on responsable de ses actes.

    • Koulou la tortue dit :

      En tant que chef de famille quand tu éduques tes enfants à la maison, l’éducation comprend plusieurs phases : les instrutions ou recommandations, la discipline puis la sanction lorsque les règles ne sont pas respectées. De même pour l’Etat : les autorités commencent par l’instruction civique pour amener les gens à l’éthique sociale, à respecter les loi et les règles de la société. Quand il y a l’incivisme et la violation des lois, il faut passer à la repression et la sanction. C’est ça le devoir de l’Etat. Nos autorités se limitent seulement à dénoncer les indélicats mais ne les sanctionnent pas. Que voulez-vous !
      Pour que les pays occidentaux soient arrivés au niveau de développement qu’ils ont aujourd’hui, il a fallu que les autorités usent d’organisation et de discipline. Elles continuent à veiller au maintien de l’ordre par la répression et les sanctions. C’est ce qui manque à l’Afrique et particulièrement au Gabon à cause du népotisme.

    • Béyoncé dit :

      Observateur, quand un agent arrive au boulot à 11H c’est le chef de service qui doit le sanctionner, pourquoi ne le fait-il pas ? Et le directeur de ce chef de service, pourquoi ne s’assure t-il pas que le chef lui fait le compte rendu de la présence au poste des agents ? Que font les inspecteurs de services nommés dans chaque administration ?
      Quand un automobiliste brûle le feu rouge ou roule à 100 à l’heure en agglomération, pourquoi n’est-il pas verbalisé comme ça se fait en Europe? Quand un usager jette les coques d’arachide ou un canette vide sur la chaussée, où sont les agents de maintien de l’ordre ? Le Gabon souffre du manque d’éducation civique, d’organisation et de discipline.

    • le Gabonais dit :

      ce que tu dis est vrai. la vérité est que nous gabonais de tout bord avons du mal à accepté nos tares et nos erreurs nous préférons toujours chercher un bouc émissaire et, ce n’est pas un changement de dirigeant qui changera ça mais plutôt une prise de conscience collective. il est a noté qu’a chaque foi que l’on a voulu punir un homme politique pour des actes répressible posés par ce dernier, des voix se sont levé pour crier à la chasse au sorcière et au machinations politique. il ne suffi pas de critiquer pour critiquer ils faut aussi que chacun de nous au quotidien face l’effort de donner l’exemple. que voulez vous qu’un ministre ou PR face lorsque votre voisin verse ses ordure devant votre clôture alors que le bac à ordures est à juste à 500m?

  4. La vérité n'a pas de tombe dit :

    D’où vient la faillite morale du Gabon ? de la tête ! Quand la tête est malade, tout le corps va mal. De la mère d’Ali à Ali lui-même, aucun d’eux n’a bonne moralité, c’est pourquoi il ne peut rien faire aux indélicats. Quand Michel Ognadaga son conseiller en communication a insulté et menacé d’exterminer les fang du woleu-ntem, il n’a rien dit.

  5. BABOKI dit :

    Merci Observateur, vous avez tout dit. Personne ne veut prendre ses responsabilités, et on veut donner des leçons parce qu’on a un clavier et une connexion internet. Tchiiiiiiiiiiiip!

    • massuku dit :

      BABOKI, personne ne fait de la morale à quelqu’un ici, le fait relatés sont basés sur l’expérience, si vous étiez chef de famille vous l’aurez certainement compris. Loin de la l’intention des intervenants a dédouaner les indélicats, mais l’expérience démontre chaque jour que le comportement du chef de famille influence le fonctionnement de toute la maison, il est difficile d’influencer positivement ses enfants lorsque vous êtes de moralité douteuse (voleur, menteur, sexualité débridée, ….) , je persiste le chef de l’état ne montre aucun n’exemple positif. Merci et bonne lecture.

  6. toulepiti dit :

    Avez vous recupéré celles planquées par l’ancien ministre Mouloungui jean felix?

  7. La bêtise commence au sommet (Ali et ses ouailles) et dégouline jusqu’en bas. Alors, à qui la faute? Ça c’est exactement comme cette affaire de fausse monnaie. Le 1er à posséder des planches à billets s’appelle Ali Bongo. Résultat, tout le monde veut fabriquer de la fausse monnaie..

  8. lalegende dit :

    D’après vous si tn pere est ivrogne, voleur ou irresponsable, tu te doit l’être! c’est pas ce que j’ai appris de l’hérédité. les gènes comportementals son différents de défaillance morale

    • le 9 dit :

      lalegende, l’environnement dans le quel nous évoluons impacte sur nos habitudes. et l’environnement c’est tout ce que font du père et voisin et même autres.

      • Béyoncé dit :

        Massuku et Le 9 vous avez raison. Exemple : un enfant qui grandirait dans un environnement d’homosexuels finirait par le devenir parce qu’il croit que c’est tout à fait naturel, il a vu tout le monde faire ça. Pourtant c’est une défaillance morale et non un comportement génétique, mais du fait qu’il a grandi dans cet environnement, il ne trouve plus que c’est mauvais.
        Pareil pour ceux qui se sont accaparés des véhicules de l’Etat, ils prétendent que puisque ceux qui sont à la tête volent des milliards eux aussi doivent manger leur part du gâteau appelé Gabon.
        On trouve ce phénomène aussi à la Fonction Publique. Comme certains ont acheté des faux diplômes et ont eu facilement des promotions, beaucoup le font maintenant pour passer au grade supérieur sans passer par voie de concours ou de stage professionnel. L’audit de la Fonction publique a révélé que près de 5000 fonctionnaires avaient de faux diplômes et des actes de naissance rectifiés, mais ils sont pourtant toujours en exercice.
        Il faut une véritable volonté politique, de la fermeté et l’amour de la qualité pour se débarrasser de la médiocrité et des vices qui causent des pesanteurs dans l’administration gabonaise.

Poster un commentaire