Comme annoncé, le gouvernement a procédé à la libération, le 13 août, de 153 prisonniers détenus de façon arbitraire à la prison centrale de Libreville. S’il approuve cette initiative, Georges Mpaga appelle cependant le gouvernement à revoir sa copie en matière de politique carcérale. Pour l’acteur de la société civile, «la prison de Libreville et l’ensemble du système carcéral gabonais ne répondent pas aux normes et standards internationaux».

Vue de la prison centrale de Libreville, dont Georges Mpaga les conditions de détention. © D.R.

 

Gabonreview : Quel est votre regard sur la libération des personnes détenues arbitrairement à la prison de Libreville ?

Georges Mpaga : Libérer les prisonniers détenus de façon arbitraire c’est bien, mais nous réclamons la construction de nouvelles prisons. Car, la prison de Libreville et l’ensemble du système carcéral gabonais ne répondent pas aux normes et standards internationaux. Il faut construire une nouvelle prison, car celle de Libreville détient 4000 prisonniers pour une capacité réelle de 250 détenus. C’est une prison mortifère, un camp de concentration qu’il faut fermer tout de suite.

Que fait la société civile pour contraindre l’Etat à construire de nouvelles prisons ?

Il y a cinq ans, nous avons proposé au gouvernement un programme d’humanisation de la condition carcérale. Car nous estimons que les personnes en détention doivent aussi vivre dans des conditions acceptables. Et cela doit obéir à certains standards internationaux. Or, nos prisons sont dans un état de délabrement avancé, auquel s’ajoute la réalité de la surpopulation. De l’argent a été détourné pour la construction d’une prison au niveau de Ntoum. Ces fonds ont été décaissés il y a une dizaine d’années, mais la prison n’est jamais sortie de terre. En tant qu’acteurs de la société civile, nous sommes des lanceurs d’alerte sur la surpopulation et la violation des droits de l’Homme en milieu carcéral. Il faut que ça s’arrête et c’est un de nos combats : la mise en œuvre d’un programme de construction ou réhabilitation des prisons dans le pays.

Georges Mpaga. © facebook.com/georges.mpaga/

Que pensez-vous des «prisonniers politiques» qui eux, sont toujours en détention ?

Depuis plusieurs années, nous insistons sur la violation des droits humains au Gabon. Il y a une dizaine de prisonniers politiques au Gabon. Plus précisément, il s’agit de prisonniers d’opinion, à l’instar de Landry Washington, Bertrand Zibi, Pascal Oyougou, etc. Certains sont détenus depuis 2015 pour avoir dénoncé certaines dérives du pouvoir. Si en France ou aux Etats-Unis, par exemple, un activiste critique publiquement le président de la République, il n’ira jamais en prison. Bertrand Zibi l’a fait en démissionnant publiquement devant Ali Bongo, Landry Washington a critiqué durement la famille Bongo…ils ont tous deux été arrêtés et incarcérés.

Ils ne méritent pas d’être enfermés depuis aussi longtemps pour leurs actes. Il s’agit de détentions arbitraires à caractère politique… Nous exigeons leur libération, car nous sommes face à une situation grave de violation des droits de l’Homme. D’autant que cette situation pourrait s’empirer, sachant que Bertrand Zibi et Landry Washington, pour ne citer qu’eux, ont une double nationalité. L’affaire pourrait prendre une autre tournure avec l’implication de la justice américaine dans les prochains moins.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Ulys dit :

    Un état qui ne sait même pas qu’il peut se faire des sous avec les prisonniers. Il suffit de donner du travail aux prisonniers et avoir ainsi une main d’œuvre gratuite. Pitié ! Pauvre Gabon !

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