Le Gabon dispose d’un nouveau Plan national de mise en œuvre (PNM) de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (Pop). Validé le 19 avril à l’issue d’un atelier de deux jours, il sera opérationnel après son approbation par le Conseil des ministres. Dans cette interview accordée à Gabonreview, le Coordonnateur national du PNM, Docteur Hubert Binga, revient sur les enjeux de cet outil stratégique pour la préservation de l’environnement.

Dr Hubert Binga. © Gabonreview

 

Gabonreview : Vous venez de valide le nouveau Plan national de mise en œuvre de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (Pop). Que faut-il entendre par Pop ?

Hubert Binga : Le Gabon vient d’actualiser un document indispensable à la gestion des produits chimiques jugés très dangereux et pour lesquels nous n’avons pas toutes les capacités pour pouvoir les gérer de manière efficiente. Les polluants organiques persistants (Pop) sont des produits très dangereux, une fois entrés dans votre organisme, ils ne ressortent plus jamais sinon rarement.

À quand la mise en application de ce nouveau plan ?

La première étape a été d’avoir un document de planification. Maintenant, une série d’activités suivra. Elle consiste à la sensibilisation des masses pour faire comprendre aux populations qu’il y a un certain nombre de produits à ne pas laisser à la portée des enfants, à ne pas amener chez soi. Il va aussi s’agir de prendre un certain nombre de mesures concernant les textes réglementaires, car nous n’en avons pas suffisamment pour pouvoir régir ces produits. Il s’agira également de voir si nous pouvons aménager des sites d’entreposage afin de trouver des voies pour traiter ces produits de façon rationnelle.

Qu’est-ce qui explique la faiblesse de la réglementation ?

La préoccupation en matière de gestion des Pop est récente. C’est maintenant que nous avons conscience que certains produits sont dangereux. Avant, nous ne le savions pas. La première chose que le gouvernement a eu à faire, c’est d’abord être État-partie à la Convention de Stockholm. Le chef de l’État avait signé cette convention, le Parlement l’a ratifié. Ça devient une disposition nationale même si c’est une loi supranationale. Donc les dispositions de cet instrument juridiquement contraignant s’appliquent à nous. En réalité, il n’y a pas de vide juridique parce que ces dispositions s’appliquent à nous.

Par rapport aux usages industriels, en quoi ce nouveau PNM peut-il sauver des vies ?

Simplement en amenant les industriels à choisir de meilleurs produits. Par exemple, la fin d’année arrive et les parents offriront des jouets à leurs enfants. Il s’agira de regarder si ces jouets venus de l’étranger n’ont pas de produits chimiques dangereux. S’ils ont des produits chimiques dangereux, alors nous ne les importons pas. À ce moment nous protégeons la vie des populations et celles de nos enfants parce que nos enfants sont en contact avec ces produits-là. Mais il y a également d’autres produits comme les mosquitos, etc. L’idée c’est de prévenir les douaniers, afin qu’ils ne laissent pas entrer les produits jugés dangereux.

Le nouveau PNM a inventorié des sites contaminés. Combien sont-ils et quel est le degré de contamination ?

Dans le document que nous avons élaboré, nous avons listé, peut-être pas de manière exhaustive, mais nous avons inventorié suffisamment des sites industriels et des bassins de travail où ces produits sont utilisés. Ce qu’on peut dire aux opérateurs qui ont ces sites-là, c’est de les réhabiliter, même s’ils n’utilisent plus les produits incriminés puisqu’ils les ont utilisés bien avant. On leur donne la méthode pour que ces sites soient réhabilités et protégés.

Le principe de pollueur/payeur est-il appliqué sur ces sites ?

Il y a plusieurs façons de faire appliquer ce principe. Le premier moyen, c’est de dire au pollueur de payer : on le verbalise. La seconde chose, c’est de lui demander de nettoyer le site protégé et donc de le réhabiliter. Avec le principe de pollueur/payeur, il ne s’agit pas seulement de donner la sanction. Par exemple, on peut lui dire, vous avez des déchets qui sont réputés ayant des Pop et il faut les envoyer à l’étranger. Cet argent qu’il met pour le transfert et le traitement des déchets à l’étranger, participe du principe de pollueur/payeur.

Avez-vous les moyens pour la prise en charge de la gestion optimale de ces Pop ? Notamment sur le plan financier.

Si nous n’avons pas assez de moyens, la communauté internationale peut nous aider. Le Fonds mondial pour l’environnement (Fem) peut nous aider à mettre en place un certain nombre de projets. Et le gouvernement aussi, selon ses dispositions financières, peut apporter des solutions financières pour acter notre travail afin que les Pop soient gérer de manière efficiente et efficace.

 
GR
 

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