Alors que les yeux du monde entier sont tournés vers la forêt amazonienne, de gigantesques feux dévorent au même moment la végétation de l’Afrique subsaharienne. Cependant, la nature et les causes de ces feux en Afrique diffèrent des incendies que connaît actuellement le Brésil. De même que sur le continent, elle ne toucherait pas le Bassin du Congo.

De gigantesques feux dévorent les forêts de l’Afrique subsaharienne comme le montre cette carte. © Capture d’écran Nasa

 

Selon des images satellitaires de l’Agence spatiale américaine (Nasa), les forêts du continent africain sont depuis quelques jours en proie à de gigantesques incendies, similaires aux feux de l’Amazonie, mais de nature différente. Présentée comme le deuxième poumon vert de la planète, la forêt du Bassin du Congo, capturée par le satellite de la Nasa, le 27 août 2019, ne correspond pas à ces indications.

Selon Guillaume Lescuyer, spécialiste de l’Afrique centrale au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), il est important d’observer la prudence dans les déclarations autour de cette problématique et de s’assurer de la sincérité des affirmations faites. «Prudence ! Les feux observés en Afrique sur les cartes de la Nasa ne sont pas dans cette zone (de forêt), mais plutôt en Angola, en Zambie, etc.», a-t-il relèvé.

En effet, une carte satellitaire de la Nasa montre en rouge incandescent la zone des départs de feu qui prennent le cœur du continent en écharpe, de l’Angola au Mozambique, en passant par la Zambie, la République du Congo, la Tanzanie, pour chuter à l’Océan indien, à Madagascar. Ces incendies africains représenteraient 25 % à 35 % des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, selon une note de l’Agence spatiale européenne (ESA).

Cette situation, suscitant l’émoi de la communauté internationale et faisant écho aux incendies de la forêt amazonienne n’a pas manqué d’agacer le ministre angolais de l’Environnement, Paula Cristina Francisco Coelho. Cette dernière invite les esprits «surchauffés» à s’affranchir des comparaisons hâtives avec le Brésil pouvant conduire à une dramatisation de la situation, et une désinformation des esprits les plus imprudents.

«Ces feux sont ordinaires en cette fin de saison sèche. Il se trouve qu’à cette époque de l’année, dans plusieurs régions de notre pays, il y a des incendies provoqués par les agriculteurs en phase de préparation des terres, en raison de la proximité de la saison des pluies», a indiqué le ministère angolais. Mêmes explications pour l’ambassadeur et négociateur climat pour la RDC aux Nations unies. Selon Tosi Mpanu Mpanu, «la forêt brûle en Afrique, mais pas pour les mêmes causes. En Amazonie, la forêt brûle essentiellement à cause de la sécheresse et du changement climatique. Mais en Afrique centrale, c’est essentiellement dû aux techniques agricoles».

Une technique qui ne coûte rien aux agriculteurs et qui est nommée « slash and burn », ou agriculture sur brûlis. Quand elle est mal maîtrisée, cette pratique peu facilement provoquer des incendies de très grande ampleur. Selon la dernière note de la Nasa, l’Afrique subsaharienne «représente environ 70 % de la superficie brûlée dans le monde».

 
GR
 

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