Dans le centre ville, dans les débits de boissons et les cafétérias ou dans les commerces, il n’est surprenant pour personne au Gabon d’avoir à déplorer l’absence de toilettes. Une situation qui oblige à faire appel à dame nature, qui, de bonne grâce, accueille qui bon lui semble pourvu qu’il ne soit pas taggué à hauteur d’yeux : «interdiction formelle d’uriner sous peine d’amende».

Faute de toilettes disponibles... - © D.R.

Le Gabon à l’instar des autres pays de la planète a célébré, le 19 novembre 2012, la journée mondiale des toilettes, ce qui peut paraître comme une idée curieuse ou prêter à sourire. Pourtant, elle participe à éduquer les populations sur une réalité inquiétante. Selon les chiffres de l’organisation mondiale de la santé, 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas accès à des toilettes et 2 millions d’enfants meurent chaque année de maladies hydriques comme la diarrhée, le choléra… dues en grande partie à un manque d’assainissement et d’hygiène.

Scène de la vie de tous les jours à Libreville - © D.R.C’est donc le moment de se poser la question sur la place et l’intérêt de ce sujet dans la politique de projets d’équipement de nos gouvernants. Car en ce qui concerne le Gabon, le droit à l’hygiène et à l’assainissement pour la population semble ne pas faire partir des priorités.

Le phénomène d’absence de toilettes dans certains lieux obligeant l’homme à déféquer ou se soulager dans les rues des villes, dans ce qu’il y reste de nature, près des cours d’eau transformés en égouts, se développe de manière inquiétante et se présente un facteur de risque sanitaire réel pour la population.

Aujourd’hui, les personnes qui estiment être capable d’entreprendre les réalisations des locaux à buts commerciaux ou même des logements bon marché, ne se soucient pas toujours d’offrir à leurs futurs visiteurs des lieux d’aisances. Il suffit pour certains de construire quatre grands murs, d’y installer une séparation, pour obtenir une chambre et un salon, soumettant les usagers à user de leur imagination pour s’offrir des toilettes soit privées, soit communes avec les voisins. Comment accepter, en 2012, que des populations soient obligées de déféquer dans des sacs en plastique, sacs qu’elles jettent ensuite devant leur maison, chez le voisin ou dans l’espace du bidonville dans lequel elles vivent ?

Dans nos villes les commerces, en particulier les bars et les restaurants poussent comme des champignons avec agréments et autorisations d’exercer. Ces différents commerces, qui font pourtant l’objet des visites inopinées des contrôleurs des services d’hygiène de la mairie, exercent librement leur activité sans remplir pour autant les conditions premières requises pour leur activité, à savoir disposer de toilettes pour la clientèle, privant leurs usagers de dignité, les exposant au danger à chaque fois qu’elles doivent faire leurs besoins. Il suffit de rappeler les nombreux faits divers, viols, accidents, agressions survenues au cours d’expéditions dans la nature pour uriner, pour se rendre compte de la multiplicité des enjeux liés à l’accès à l’assainissement.

La commune de Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, fait exception, qui s’est dotée de plusieurs toilettes publiques dans la municipalité pour éviter le phénomène de toilettes anarchiques ou en plein air. L’installation de ces édifices dans le reste du pays en sont encore au stade de projets.

Des toilettes à ciel ouvert dans le township de Makhaza - © Steve Kretzmann/WCNC’est à croire que permettre à sa population de satisfaire ses besoins de se soulager ou de déféquer lorsqu’elle en a envie semble plus coûteux que certains projets innovants que défendent nos ministres devant les parlementaires. En l’absence de toilettes, la manière «alternative» de se soulager (en pleine nature, dans des sacs plastiques, à proximité d’habitations ou de points d’eau) est un hérésie pour une population essentiellement urbaine.

Selon la spécialiste des Nations Unies pour le droit à l’eau et à l’assainissement, Catarina de Albuquerque, 1 milliard de personnes font, tous les jours, leurs besoins en plein air. «Essayez de vous imaginer sans toilettes, ni au travail, ni chez vous, imaginez que vous devez vous soulager dans les rues de votre ville, imaginez de devoir trouver chaque jour un endroit sûr, imaginez l’insécurité et l’indignité d’une telle situation, pire si vous êtes une femme», s’émeut-elle en guise d’interpellation.

La journée mondiale des toilettes a été créée en 2001 par l’Organisation mondiale des toilettes (World Toilet Organization – WTO) qui est une ONG internationale ayant pour objectif de promouvoir les toilettes et améliorer la santé publique à travers le monde.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Petit-Connard Ogandaga dit :

    Allez donc dans le plus grand centre commercial du pays, le marché de Mont-Bouët. Les toillettes sont insuffisants et si infects que peu de gens osent y aller. Certaines commerçantes font dans des sachets qu’elles font jeter ensuite dans les bacs à ordures d’où les mouches ramènent un peu de ces ac-ac pour les disperser sur les denrées alimentaires. Le cauchemar. Ntoutoume Emane le 1000 diplômé voudrait rempiler à la mairie alors qu’il a échoué sur ces basiques, à Mont-Bouët comme ailleurs dans la ville qu’on lui a confiée où 1 bistrot sur 10 dispose de WC.
    Mais, faut-il toujours attendre les pouvoirs publics? Les entrepreneurs devraient trouver là un créneau. Il doit être moins cher d’investir dans des toillettes préfabriquées que dans l’acquisition d’un taxi. A 100F,100F le Biz doit être rentable. Avis aux courageux.

  2. moi makaya dit :

    permettez moi d’abord de rire un coup parce que c’est la première fois que je prend conscience de cette journée. heureusement que les journées célébrées ne sont pas synonymes de repos si non parsonne ne travaillerait au Gabon. en effet le problème se sanitaire se pose et tous les jours lors de nos déplacement en ville ou autres, celà est visible. qui n’a jamais « couché l’herbe » comme on dit? il est certainement arrivé un jour que nous nous soulagions quelque part, dans l’herbe en passant et ce, si on associe le même geste à tous ceux qui le font tous les jours, on constatera que la fréquence est élevée. mais est ce que nous devons revenir sur les différentes raisons qui peuvent ammener quelqu’un à « coucher l’herbe »? certains pour incivisme, d’autres pour besoins pressant et urgent, je sais de quoi je parle et vous aussi. inutile d’ouvrir un débat pour comprendre la nécessité qu’il y a d’assainir notre environnement et d’améliorer nos conditions de vie, surtout pour les plus pauvres car les bars et autres bistros sont fréquenté par ceux qui ont du temps à donner en longueur de journée ou en passant bref les préoccupations demeurent les mêmes. l’idée de toilette publique est bonne, encore que ce soit payant parce que le modèle de franceville ne me ressure guère. il faut toujours se méfier de tous ce qui est publique et susceptible d’être à la porté de tout le monde même si c’est le but du programme.
    l’éducation l’éducation et encore l’éducation. il est difficile de redresser un arbre adulte tordu hélas, mais c’est quand il est encore petit que la mission de sensibilisation s’impose. que font d’abord les parents? si les parents font les mêmes gestes, pour les enfants, c’est tout à fait naturelle!
    1- améliorer les conditions de vie
    2- logements décents = suppression des bidons ville
    3- construction d’HLM et expropriation, afin de déterminer comme en france quels sont les nouvelles conditions à remplir pour pouvoir être propiétaire. en Guinée équatoriale, ne construit que celui qui pourra terminer sa maison et une maison décente.
    4- répéter les gestes simples d’hygiène tout les jours en commençant par mêttre le plus petit des papiers dans la poubelle. parce qu’il est facile de se soulager à côté d’une poubelle bomdée et renversé qu’une poubelle propre de peur de se retrouver seul à salir.
    quoi qu’il en soit, les mesures ne manquent pas, tout dépend de la volonté de chacun et de l’éducation reçue.

  3. scha dit :

    ce n’est que maintenant que je prends connaissance de la célébration d’une telle journée!! A mon avis, elle a en effet tout son sens car l’article de gabonreview est très précis sur ce à quoi nous sommes confrontés au quotidien!!je connais de nombreuses familles à Libreville qui louent des maisos sans toilettes et sont obligés de faire leurs besoins dans des sachet ou des pots pour les reverser dans la rivière d’à coté ou dans les poubelles! mon Dieu, que c’est humiliant!! Derrièrement, j’étais sur le point de louer une nouvelle maison, mais les toilettes m’ont tellement dégouté que j’y ai renoncé!
    dans les places publique, c’est même pas la peine, c’est soit l’absence de toilettes ou la saleté des quelques rares qui en existent!!c’est vraiment à revoir cet aspect!!!aller aux toilettes est un besoin élémentaire pour tout être humain ! alors, on devrait faire en sorte de garder leur dignité en faisant leurs besoins dans des conditions convenables!! cela nous éviterait aussi de polluer la nature!!

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