Malgré ses 236 millions d’affamés, selon le dernier rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le continent africain peut se nourrir et nourrir le monde à en croire le président du Fonds international de développement agricole (Fida), le Nigérian Kanayo F. Nwanze.

Le président de l'IFAD (Fida en français), le Dr. Kanayo F. Nwanze -  © Godwin Atser

Selon un rapport publié, ce 9 octobre 2012, par les Nations Unies, 868 millions de personnes ont souffert de sous-alimentation chronique pendant la période 2010-2012 dans le monde, soit autant que les trois années précédentes. «L’agriculture paysanne et familiale des pays du Sud peut et doit devenir rentable, afin de susciter des vocations et de contribuer à nourrir l’humanité», souhaite Kanayo F. Nwanze, et pour cela il est nécessaire de soutenir les petits agriculteurs comme le recommande le forum pour la révolution verte en Afrique.

Selon le président du Fida, institution financière dont la mission est de soutenir des programmes de lutte contre la pauvreté rurale dans les pays en développement, co-auteure du rapport publié sur le site lemonde.fr, «une croissance agricole fondée sur une productivité accrue des petits exploitants des pays du Sud comme outil dans la lutte contre la faim et la pauvreté passe par la capacité des populations à s’organiser et à se structurer pour être en mesure de mener des actions collectives. Également par l’utilisation d’engrais et de semences améliorées afin de renforcer les rendements».

«Il ne s’agit pas de reproduire les excès de la révolution verte ou du modèle occidental d’agriculture intensive. Le recours aux engrais chimiques doit rester modéré», prévient l’agronome et entomologiste de formation.

Le rôle de l’agriculture familiale et paysanne qui représente quelque 500 millions d’exploitations dans le monde n’est pas reconnu à sa juste valeur. Les petits producteurs sont assimilés à une population pauvre qui a besoin d’assistance. Il apparaît nécessaire de favoriser l’accès des producteurs au crédit, aux marchés et à un certain nombre de services et d’infrastructures, par exemple des installations de stockage fiables.

«Notre objectif, au Fida, est de montrer que le petit paysan est un businessman qui veut produire plus pour gagner de l’argent, envoyer ses enfants à l’école, avoir accès aux mêmes services que les citadins… Il faut convaincre les jeunes d’aujourd’hui, ceux à qui incombera la tâche de nourrir le monde d’ici à 2050, que l’agriculture est une activité économique qui peut être rentable», a déclaré Kanayo F. Nwanze tout en conseillant de «faire de la transformation de l’agriculture paysanne en agriculture commerciale un défi national. En Afrique, le Ghana, la Tanzanie, le Malawi, le Rwanda ou l’Éthiopie l’ont bien compris».

Selon le dernier rapport du FAO, l’Afrique est la seule région du monde où le nombre d’affamés a augmenté au cours de la période 2010-12, passant de 175 à 239 millions, dont près de 20 millions au cours des quatre dernières années. La prévalence de la faim, bien que réduite sur toute la période, a augmenté légèrement au cours des trois dernières années, passant de 22,6 à 22,9%, soit plus d’un Africain sur quatre souffrant de la faim.

Le Fida est une institution spécialisée du système des Nations unies. Il a été fondé en décembre 1977 dans le sillage de la Conférence mondiale de l’alimentation réunie à Rome en 1974.

 
GR
 

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