L’état d’urgence vient d’être déclenché dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest qui enregistre, depuis quelques semaines, la plus inquiétante épidémie de choléra de son histoire. Des chiffres alarmants sont particulièrement notés en Sierra Leone, en Guinée, au Mali, et encore au Niger.

Gabonreview.com - Enfants puisant l'eau au Niger - © Gonzolo Höhr, ACF

Quatre pays de la sous-région Afrique de l’Ouest font actuellement les frais de la plus effrayante épidémie de choléra à laquelle cette partie du continent a été confrontée de toute son histoire. Malgré les efforts conjugués des organismes et des autorités, la maladie semble être en passe de causer une grave crise humanitaire dans la région.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) ont récemment mis en garde sur la plausible aggravation du choléra en Afrique de l’ouest où les pluies et les inondations créent les conditions favorables à une propagation accélérée de la maladie.

«Les gouvernements doivent accorder une plus grande priorité aux mesures de santé publique», a déclaré le directeur de l’Unicef par intérim pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, Manuel fontaine. «Nous voyons aujourd’hui des enfants et leurs familles exposés à une maladie qui peut être évitée. L’OMS, les gouvernements et les agences mettent en place une action d’urgence. Nous devons investir pour fournir de l’eau potable aux gens et en particulier aux mères et aux enfants», a-t-il poursuivi.

Des chiffres alarmants diffusés par l’ONG Action contre la faim (ACF)

L’épidémie de choléra, déclarée en février 2012 dans les districts de Port Loko et de Kambia, dans le nord de la Sierra Leone, est passée de 2 à 12 districts touchés sur les 13 que compte le pays. Au 1er septembre 2012, l’ACF a recensé 15 308 cas de contamination et 249 décès. Selon le président de la Sierra Leone, «l’épidémie a connu une véritable explosion au milieu de la saison des pluies, durant le mois d’aout : le nombre de morts a plus que doublé, avec au moins 249 décès au 27 août contre 115 au 1er août». «Des chiffres d’autant plus alarmants qu’on s’attend à voir l’épidémie durer au moins jusqu’à mi-novembre», souligne l’ONG.

Gabonreview.com - Action d'information et de de prévention d'ACF en Côte d'Ivoire - © ACF, Reza KarsaïEn ce qui concerne la Guinée voisine, un autre pays de la sous-région décimé par cette épidémie de toutes les inquiétudes, le ministère de la Santé a répertorié 3384 cas de choléra et 91 morts au 22 aout 2012, depuis le début de cette maladie en février 2012. Malgré une certaine accalmie, l’augmentation des cas persiste dans la capitale : jusqu’à 30 par jour ont été déclarés pendant la dernière semaine de juillet.

Les enquêtes réalisées par ACF rapportent que la majorité de ces patients se souviennent d’avoir consommé des aliments dans des restaurants au bord des routes. En plus de l’insalubrité dans les milieux publics, la persistance des comportements à risque chez les restaurateurs (restaurations ambulantes, restaurants de fortune) a été mentionné et de même que chez les vendeurs d’«aliments» crus qui ne prennent pas souvent des précautions nécessaires dans le cadre de l’hygiène.

Au Niger, le choléra s’ajoute à la crise alimentaire qui affecte la région du Sahel depuis le début du printemps. 485 000 personnes sont aujourd’hui affectées par les graves inondations de ces dernières semaines. Au début de l’été, le choléra s’était propagé le long du fleuve Niger, mais on recense maintenant un nouveau foyer de choléra bien plus à l’Est dans la région de Tahoua. Alors qu’au 22 août déjà 3 530 cas et 75 décès étaient recensés. Avec la crise politique malienne, le Niger accueille plus de 54 500 des 268 755 Maliens réfugiés selon le HCR, un véritable facteur aggravant pour la situation sanitaire. Onze cas de choléra ont été reportés dans le camp de réfugiés de Mangaizé près de la frontière Malienne. Or, dans la région de Tillabéri, qui est la plus touchée par l’épidémie (3 671 cas cumulés/80 décès au 1er sept) : une situation à hauts risques.

Depuis 6 ans déjà, l’Afrique de l’Ouest et du Centre sont en sursis permanent : les épidémies de choléra se multiplient sur le continent, entrainant avec elles leurs millions de morts chaque année. Dès le début de l’année, 55 289 cas de choléra ont été enregistrés dans 15 pays et près de 1 110 personnes sont décédées.

Le choléra est une maladie diarrhéique fortement infectieuse et très contagieuse à déclaration obligatoire. L’agent pathogène, la bactérie Vibrio cholerae atteint les eaux usées par les excréments humains, puis l’eau potable ou certains aliments (légumes, poissons, fruits de mer). Une personne porteuse de la bactérie ne tombera pas nécessairement malade mais pourra tout de même transmettre la maladie. Aujourd’hui, le traitement contre le choléra et les solutions de préventions sont connus. Pourtant, ce fléau reste un véritable problème de santé publique et tue 320 personnes chaque jour.

 
GR
 

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