Une vue du Parc National de Pongara

Après l’annonce de la signature par le gouvernement, l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et le groupe Singapourien AMAN RESORTS, d’une convention pour la construction de six hôtels dans les parcs nationaux au Gabon, les populations de Nyonié dénoncent «l’opacité qui entoure ce projet qui menace [leurs] villages».

Emmené par le Dr Norbert Ndong, ancien membre du gouvernement et haut dignitaire de cette localité, le collectif des populations des villages du département Komo-Océan déplore l’absence d’information et «le peu de considération des populations autochtones» dans le projet touristique d’Aman Resorts.

Un protocole d’accord a en effet été signé, le 11 janvier 2012, entre le Fonds gabonais d’investissements stratégiques et Aman Resorts, l’un des leaders mondiaux de l’hôtellerie de luxe basé à Singapour. La convention porte sur la construction d’un hôtel de luxe de 30 pavillons avec un superbe SPA s’ouvrant sur le parc de Pongara, dans le célèbre site du Phare de Ngombe. La construction d’un camp de tentes ultramodernes suivra au Sud du Gabon. Le projet s’étale sur 5 ans.

En réponse à ce qui est prévu sur leurs terres, les populations des villages du département Komo-Océan ont élaboré un mémorandum intitulé « Cahier des charges relatif au phénomène d’accaparement, à l’exploitation, à la sauvegarde et au développement des villages situés sur le littoral Atlantique du département du Komo-Océan ».

Le document présente «l’impact du phénomène d’accaparement ou d’expropriation des terres au détriment des ayant droits [puis] défini les conditions d’identification et d’exploitation des terres, l’incidence, les avantages, les inconvénients, les besoins de ces populations expropriées. Enfin, la proposition d’une zone d’occupation vierge, propice pour la réalisation du complexe touristique en gestation.» Il propose en contrepartie une série d’investissements d’intérêt public à réaliser dans la zone au bénéfice des populations autochtones.

Celles-ci assurent être favorables au développement, «mais dans le strict respect des principes de sauvegarde de leur patrimoine ancestral ainsi que la conservation non seulement de leur identité culturelle, mais surtout de celle de leurs générations futures.» Le collectif qui craint que les investisseurs «ne viennent avec l’idée d’empiéter ou de se substituer à [leur] existant», disent «NON» à la délocalisation des actuels et anciens villages, «OUI» à leur réhabilitation. Il propose donc aux opérateurs économiques de s’installer le long du littoral sur la côte Sud.

«Le droit à la terre est un droit qui se transmet depuis des générations. Pour les habitants du littoral, il aurait été judicieux de préalablement solliciter l’accord, la participation et l’adhésion de l’ensemble des villageois, en vue de susciter un engouement efficient de toute la contrée», note-t-on dans un autre document du collectif intitulé «À la conquête du « Far West » dans le département du Komo-Océan Estuaire».

Il a été enjoint aux opérateurs économiques de respecter les doléances du cahier des charges qui souligne : «la constatation du non-respect total ou partiel des obligations de l’opérateur économique résultant du présent cahier des charges pourrait lieu à une réévaluation à travers laquelle, les villageois pourront exiger une compensation en nature.»

Pas si corrosif qu’on pourrait le croire, long de sept pages et comportant 12 axes traitant autant d’aspects, ce cahier des charges est à la fois un document historique, anthropologique, écologique, social et économique qui devrait être examiné et pris en compte par les autorités gabonaises en charge du dossier AMAN RESORTS. L’ONG Brainforest, bien connue pour son implication dans la sauvegarde de l’environnement autour du projet d’exploitation du gisement de fer de Bélinga, a indiqué qu’elle «se constitue désormais aux cotés de ces populations pour exiger une transparence et une réelle implication des populations locales dans le processus de réalisation desdits projets.»

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Guy Massard dit :

    Il fallait s’y attendre. Dans le souci d’en metre plein la vue à Ali Bongo, les dirigeants de l’ANPN promtenneht tout et rien sansnrespect pour les règes en vigueur. Les investissements touristiques dans les parcs nationaux étant subordonnés à l’a validation d’un plan d’émanegement, de normes d’exploitation et de cahiers de charge on se demande bien si tout cela a été respecté.. Chaud devant…

  2. Xavier Hubert-Brierre dit :

    Dans les photos présentes dans votre rubrique « Le Gabon en images »,on peut admirer des antilopes présentées sous le nom bongo.
    Désolé, antilope s’écrit avec un seul « p » et de plus il ne s’agit de pas d’antilopes bongo mais d’impalas importées par avion d’Afrique du Sud. Il est possible de les voir dans le parc de la Lékédi et peut-être dans le parc de Léconi. L’antilope bongo (tragelphus euryceros) est très reconnaissable à son poil ras de couleur roux à marron ornée sur ses flancs d’une douzaine de bandes blanches verticales. Sur l’épine dorsale les poils sont plus longs. Elle a des taches blanches sur la tête, le cou et les membres. Ses cornes en forme de lyre , présentes chez les mâles et les femelles, sont plus massives et moins annelées que les cornes fines en forme de « S » de l’impala dont seul le mâle est pourvu. L’antilope bongo pèse trois à quatre fois plus que l’impala. Elle est donc beaucoup plus massive que la frêle impala (50/70 kg) taillée pour la course dans les grandes savanes sud-africaine
    Merci de vérifier auprès du photographe Benoit Demarquez dont vous montrez des photos d’assalas dans un baï : Elles semblent avoir été prises non pas au Gabon, mais à Dzanga-Sangha baï, réserve située dans la partie sud-est de la Centrafrique.
    Si vous souhaitez recevoir des photos d’animaux du Gabon et particulièrement d’assalas prises au bai de Langoué , à Nyonié ou Sette Cama, je peux vous en transmettre. Elles sont libres de droit et donc il conviendra uniquement de mentionner le ou les noms des auteurs.
    Cordialement.

    • Luc Lemaire dit :

      Merci pour ces précisions, et nous allons remettre de l’ordre dans le portfolio que nous mettons en place. D’autre part, votre proposition est très généreuse et ce sera avec plaisir que nous insérerons vos images. Il s’agit pour nous de proposer de belles images du Gabon (belles ou moins belles d’ailleurs) et malgré nos lacunes, nous ne sommes pas des spécialistes de la faune, nous pensons que c’est une bonne chose de présenter enfin à ceux qui ne sont jamais venu dans notre pays, voire même en Afrique, des images qui les rapprochent de la réalité vécue et non de fantasmes cinématographiques (par ailleurs très beaux pour certains !).

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