Après trois ans passés à lutter contre les «fraters» qui demandaient sa destitution, François Stifani, jusque-là grand maître de Grande loge nationale française (GLNF), a passé le témoin et s’est vu suspendre de la franc-maçonnerie régulière française, début-décembre. Si certaines affaires franco-françaises pesaient sur lui, il lui était également reproché d’avoir cautionné des «mascarades» maçonniques en Afrique, notamment au Gabon.

François Stifani. © Lexpress/T. Dudoit

 

Après avoir été grand maître de la Grande loge nationale française (GLNF) durant cinq ans, François Stifani en a été littéralement banni, le 5 décembre dernier, par son successeur Jean-Pierre Servel. Dans l’ordonnance, publié par L’Express, qui suspend celui qui a résisté à sa destitution durant trois longues années, on peut lire : «pour comportements contraire à l’éthique maçonnique, violation des textes fondateurs, le tout portant gravement atteinte aux Principes Fondamentaux de l’Ordre et étant de nature à compromettre le fonctionnement harmonieux de l’association, ainsi qu’à nuire à son image. Interdisons à l’intéressé la fréquentation de toute loge, conseil ou assemblée dépendant de la GLNF ; Faisons défense à toute loge de le recevoir ; Disons enfin que le Grand Porte-Glaive, ainsi que les instances disciplinaires, seront saisis dans les délais et selon les dispositions statutaires en vigueur

Entre autres, il est reproché à François Stifani d’avoir écrit, le 19 janvier 2009, sous l’en-tête du grand maître de la GLNF, à Nicolas Sarkozy qui, le 5 février 2009, lui avait répondu, indiquant que «la confiance que vous me témoignez et le soutien résolu dont vous m’assurez me confortent dans ma ferme volonté de poursuivre le mouvement de réformes engagé». Stifani aura nié ce courrier et porté plainte pour faux et usage de faux. Mais, ses «frères» pensent que cette plainte ne visait qu’à distraire les «frères» anglais de la Grande Loge unie d’Angleterre, l’obédience qui accorde l’onction à la maçonnerie dite régulière. D’ailleurs, il n’hésitera pas, par la suite, à rompre les relations avec cette grande loge. Un acte qualifié d’«extravagant» par les spécialistes des relations maçonniques internationales.

Remontant à décembre 2009, la contestation à Stifani trouve donc son origine dans la perte, par la GLNF, de sa «régularité». De même les grandes loges régulières européennes lui reprochaient ses prises de positions en «totale opposition avec les principes fondateurs de la maçonnerie Française». François Stifani, lui, se contentait de la fidélité des grandes loges d’Afrique. En témoigne sa lettre aux frères de la GLNF, datée du 2 septembre 2011, dans laquelle il se réjouit du soutien des «Grandes Loges d’Afrique du Sud, du Gabon, de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Sénégal, du Bénin, de Madagascar, du Burkina Faso, du Maroc, du Congo, de Djibouti, du Cameroun, de Maurice et du Mozambique».

Depuis donc trois ans, François Stifani refusait de démissionner de son poste de grand maître, parce que, selon François Koch du blog franc et maçon de l’Express, il voulait «avant tout préserver ses relations avec des Grandes loges africaines, dont les plus hauts dignitaires sont souvent aussi des chefs d’État ou des ministres.» Ce sont ces relations qui lui ont, par exemple, permis d’être reçu plusieurs fois par Claude Guéant, alors secrétaire général de l’Élysée ou encore de se rendre aux USA en même temps qu’Ali Bongo pour que celui-ci transmette un message à Barak Obama. C’est d’ailleurs François Stifani qui a «installé» Ali Bongo, en octobre 2009, à la tête de la Grande loge du Gabon.

Ali Bongo a été consacré Grand Maitre de la Grande Loge du Gabon par François Stifani

Intitulé «Gabon, un pays bien Maçonné» une vidéo a circulé en novembre 2010 sur le Net qui montrait l’intronisation du président Ali Bongo Ondimba comme grand maître de la Grande loge du Gabon. Le document montre une assemblée maçonnique dans une salle. Ali Bongo Ondimba, qui porte le tablier blanc d’apprenti, jure : «Je ferais tout ce qui est de mon pouvoir pour servir les intérêts de la franc-maçonnerie régulière en général, et de cette grande loge en particulier.» On voit, entre autres, Jean-Charles Foellner, ancien grand maître de la Grande loge nationale française (GLNF) et François Stifani, alors grand maître du GNLF. Le texte d’intronisation est imposé par ce dernier jouant le rôle de grand architecte assis à la place symbolique de Salomon. Ce film retraçait la cérémonie qui avait eu lieu à Libreville le 31 octobre 2009, un peu avant qu’Ali Bongo n’ouvre, le 4 novembre de la même année, la conférence mondiale de la «Franc-maçonnerie régulière». Le tablier blanc porté le président gabonais prouve, selon les sources maçonniques, que bien qu’initié, celui-ci n’avait que le grade d’assistant grand maître. C’est-à-dire trois niveaux au moins en dessous du sommet de la hiérarchie, où il avait accédé à 53 ans. Autant de choses qu’on a reprochées à Stifani d’avoir approuvé.

 «Voyage en avion privé, le GM Stifani et ses amis sont reçus comme des Rois et mènent un train de vie de monarques. Nous sommes loin de la Maçonnerie de Tradition Initiatique. Mes FF, quel est notre point commun avec des dictateurs africains qui sont initiés et reçoivent le même jour leurs 33 degrés ? Rien ! Quel est notre rapport avec la politique, la puissance, le pouvoir et l’argent profanes ? Rien ! (…) Cessons toutes ces mascarades et compromissions, qui salissent notre image, notre quête et surtout notre Essence. Messieurs Foellner, Charbonniaud et Stifani, laissez-nous vivre en paix notre Maçonnerie de Tradition. Vous êtes attirés par le scintillement des médailles, par les honneurs, par le pouvoir de l’argent et des puissants de ce monde ? Vous confondez valeurs pécuniaires et valeurs maçonniques ? Mes FF, je vous propose de donner des indemnités de licenciement à François Cosimo, Jean-Charles et Claude (pas celui de FMR) et qu’ils nous quittent au plus vite !», lisait-on le 17 décembre 2010 sur le blog très maçonnique le-myosotis.de.septimanie.over-blog.com. Une litanie qui résume à suffisance ce que les «frères» reprochaient à François Stifani.

 
GR
 

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